Benoît XVI va nous surprendre

A la veille de la visite de Benoît XVI, c'est ce que dit Mgr Perrier, l'évêque de Lourdes (22 août 2008)


Décidément, tout le monde veut que Benoît XVI nous surprenne. Certains vont même jusqu'à prédire qu'il va nous stupéfier (voir plus bas).
C'est un thème récurrent, depuis le début de son pontificat.
A ce moment-là, on évoquait avec insistance Jean XXIII, le Pape qui avait "révolutionné" l'Eglise, en convoquant Vatican II.
Façon de suggèrer avec force au nouveau Pape qu'on attendait de lui qu'à son tour il bouleverse l'institution en profondeur, en autorisant par exemple le mariage des prêtres, ou en ouvrant des portes vers l'avortement, ou l'euthanasie...
Rien n'est évidemment plus éloigné de sa personnalité - et de la haute idée qu'il se fait de sa mission.
Benoît XVI ne peut surprendre que ceux qui ne le connaissent pas, ou qui ne veulent pas le connaître.
En réalité, il n'a jamais cessé d'être complètement lui-même.

Par contre, que la surprise vienne simplement de la découverte, ceci n'est pas douteux. Je ne cesse de le répéter ici.
Enjambant les préjugés journalistiques, les français vont découvrir une personnalité. C'est là qu'ils seront surpris.
Et c'est ce que dit Mgr Perrier, l'évêque de Lourdes, dans ce beau texte paru dans l'édition française de l'Osservatore Romano de la semaine dernière: Attendons-nous à être surpris.
Cette surprise-là sera très éloignée de celle que fait semblant d'attendre l'homme du Monde, qui dans un article du 2 juillet dernier intitulé "Benoît XVI et ses intégristes", osait écrire "La France risque d'être stupéfaite lors de la visite de Benoît XVI en septembre." au motif qu'il allait distribuer la communion à genoux et sur la langue!

Enfin, je suis touchée que Mgr Perrier ait associé à Benoît XVI la béatitude "Bienheureux les doux".
Dans le premier site que je lui avais consacré (http://beatriceweb.eu), en 2006, je l'avais appelé "Le Pape doux". Depuis, je me suis rendue compte que c'était très insuffisant, et aujourd'hui, je ne le qualifierais plus ainsi.
Mais la douceur demeure quand même une composante majeure de sa personnalité, une personnalité si riche qu'il est vain de vouloir la décrire en un mot!

Le texte en entier est ici: http://www.zenit.org/article-18598?l=french




« Benoît, celui qui vient au nom du Seigneur »

Jacques Perrier
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L'élection du cardinal Ratzinger avait été diversement accueillie. L'opinion commune, complaisamment véhiculée, voyait en lui un homme rigide, un théoricien inflexible, étranger aux affaires de ce monde, perdu dans ses principes. Ceux qui l'avaient côtoyé essayaient de faire entendre un écho différent: le cardinal était un homme simple, aisément accessible, aimant écouter, clair dans ses réponses, reconnaissant que, parfois, il n'y avait pas de réponse, respecté en dehors des cercles catholiques. Mais leur voix peinait à se frayer un passage sur les ondes.
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Le monde est anxieux de son avenir. Nos sociétés sont incertaines de leur solidité. Notre culture du divertissement cache mal un déficit de sens qui peut coexister avec un certain bonheur. A ce monde, il est important que quelqu'un dise qu'il n'est ni maudit ni oublié mais, au contraire, que Dieu l'aime et le bénit, malgré ses blessures. La bénédiction originelle de la Genèse n'est pas retirée à l'homme.
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II fallait une grande foi et beaucoup d'humilité pour accepter de pareils défis. Dans le Chemin de Croix qu'il avait prêché le Vendredi Saint 2005, quelques jours avant la mort du Pape, et dans les discours tenus avant l'ouverture du conclave, le cardinal Ratzinger n'avait pas enjolivé la situation spirituelle de l'Eglise, surtout en Occident. C'est donc en connaissance de cause qu'il accepta la charge, alors qu'il espérait pouvoir retourner à ses chères études.

Deux béatitudes s'appliqueraient particulièrement au Pape Benoît XVI.
"Bienheureux les doux": la douceur est peut-être dans son caractère mais ce qui est un don naturel peut aussi devenir un charisme au service du Royaume. Dans ce monde de violence, non seulement terroriste, mais aussi économique, voire culturelle, la douceur à la manière du Christ n'est-elle pas une manière de faire signe ?
L'autre béatitude serait celle des artisans de paix. Benoît XVI cherche l'unité. Il sait que l'unité est indissociable de la vérité. C'est pourquoi il se montre exigeant dans le dialogue, qu'il soit oecuménique ou interreligieux: c'est une façon d'honorer ses interlocuteurs.

Peut-être grâce à sa douceur, il dégage les voies du dialogue avec l'orthodoxie. En Chine, il tâche de réconcilier. Dans la décision de célébrer une "Année saint Paul" après avoir tenu un synode sur la Parole de Dieu, il est raisonnable de voir une intention oecuménique en direction des Réformés.

Dans l'Eglise catholique, il ne voudrait pas que des fidèles vivent séparés, au prétexte d'une manière ancienne de célébrer. Mais là encore la vérité ne doit pas être sacrifiée à une unité qui ne serait que de surface: le Concile Vatican Il doit être correctement interprété, mais ne peut être annulé.

Les Français et d'autres aussi ont, sans doute, découvert un peu mieux le Pape Benoît XVI à la faveur de son voyage aux Etats-Unis. Nous avons pu voir avec quel courage il affrontait les scandales, avec quelle délicatesse il écoutait les victimes, avec quelle aisance il se mouvait dans cette société si éloignée de sa propre culture, avec quelle autorité amicale il encourageait ses frères évêques, avec quelle sobriété liturgique il célébrait dans les stades, avec quelle hauteur de vues il s'adressait aux délégués des Nations unies, avec quelle émotion il communiait à la douleur, encore vive, de la ville de New York frappée par les attentats du 11 septembre.

Au long des jours de son voyage, nous avons constaté un changement de ton dans les commentaires des médias. Il les a surpris. Attendons-nous à être surpris. Nous pourrions, nous aussi, le surprendre en venant très nombreux pour lui montrer que nous l'aimons et que nous faisons corps avec lui, en Eglise.


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