Benoît XVI et l'épiscopat français

Ce n'est peut-être pas vraiment une polémique... mais on peut être perplexe (17/9/2008)


Le site allemand Kathnet (http://www.kath.net/ ), cité par Pro Liturgia fait une analyse très sévère de l'attitude de l'épiscopat français en général, et du cardinal Vingt-Trois en particulier envers le pape.


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"Si le pape avait été un chef d'entreprise, il aurait limogé sans tambour ni trompette son homme de confiance pour la France. Mais comme le Successeur de Pierre n'est pas un chef d'entreprise, qu'il est plutôt un pasteur compatissant qui part à la recherche de chacune de ses brebis, le Cardinal André Vingt-Trois restera certainement archevêque de Paris.
Il n'en est pas moins vrai que son intervention, minimisant la portée de l'événement aussitôt après la rencontre de Benoît XVI avec les évêques de France à Lourdes, aura jeté une ombre sur la visite du Pape en France, alors même que dans les médias Benoît XVI avait incontestablement marqué des points.
Le Pape s'était exprimé très clairement devant les évêques. D'une part à propos de la libéralisation de l' "ancienne messe", et des relations avec les traditionalistes, désirant qu'aucun ne devait avoir le sentiment d'être mis à l'écart par l'Eglise. D'autre part, en confirmant la sacralité des liens du mariage et en s'exprimant clairement contre la bénédiction d'unions illégitimes.
Comment ne pas s'étonner que suite à de telles paroles, le Cardinal Vingt-Trois, Président de la Conférence épiscopale de France, ait déclaré aux médias que la relation entre le Pape et les évêques ne relève pas d'une "soumission servile", que cela n'a rien à voir avec un chef d'entreprise et ses subordonnés? ....
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Sur ce thème, Joël Prieur dans Minute de cette semaine, tire des conclusions semblables. mais lui ne se contente pas d'analyser la réception du discours de Lourdes.
Il revient sur les "aimables" paroles de bienvenue prononcées par le cardinal français en introduction de la messe des Invalides.
Elles m'avaient moi-même, sur le moment beaucoup étonnée - pour ne pas dire plus - puis, emportée dans un tourbillon d'images et d'émotions extraordinaires... j'avoue que je les avais oubliées. Ce n'était pas le plus important, et l'heure n'était pas à la polémique!
Même si, à la réflexion, j'aurais préféré des paroles plus chaleureuses, et une communion plus évidente, de la part de l'archevêque de Paris, dont l'attitude revendiquée renvoie évidemment à ces "catholiques adultes", qui m'inspirent, je l'avoue, une sympathie modérée.




Mgr Vingt-Trois contre Benoît XVI
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(Joël Prieur, Minute du 17/9)

Le saviez-vous ? Le pape Benoît XVI a profité de son voyage pour donner aux évêques français une petite leçon de politique. Voici donc le voyage du pape en France comme vous ne l'avez pas encore lu. Et tel qu'il a irrité Mgr Vingt-Trois.
Le pape Benoît XVI est arrivé à Paris vendredi après-midi. II s'est envolé pour Lourdes samedi après-midi pour célébrer le 150-ème anniversaire des apparitions de la Vierge Marie à une petite bergère inculte nommée Bernadette. Au programme avant tout recueillement, prière et doctrine chrétienne.
Tous ceux qui ont participé d'une manière ou d'une autre à ces journées... soulignent que les cérémonies (même à 260 000 personnes comme la messe des Invalides) étaient marquées par une intériorité que l'on ne trouvait pas aussi clairement du temps du prédécesseur, Jean Paul II. Bref le pape allemand a réussi son examen de passage médiatique. Son « image » a été parfaitement reçue par les Français. On a beaucoup dit que ce « pape conservateur » allait susciter des réactions de rejet, que ce pape trop vieux allait provoquer une vaste désaffection du public. Ce qui frappe, c'est la fierté des Français qui se redécouvrent catholiques...
L'effet « cathopride » est indéniable.

La nation, un chemin vers Dieu
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Mais ce serait mal connaître Benoît XVI que de limiter son impact à la récitation, même inspirée, de quelques patenôtres. Sa visite a aussi comporté une dimension politique,dont personne n'ose se faire l'écho.
Dimanche après-midi, à Lourdes, alors que le pape avait entrepris, devant tous les évêques français réunis, un bilan aux allures de véritable mise au point, il a abordé un point crucial pour l'avenir, celui de la nation. Personne ne l'y obligeait. Rien ne l'y contraignait. Il a tenu à rappeler, reprenant d'ailleurs une formule de son prédécesseur, que la nation « est la grande éducatrice des hommes ». Il indiquait clairement que, de par « les racines chrétiennes de la France », notre identité nationale, respectée, honorée, pouvait être un chemin vers Dieu.
Voilà qui apparaissait en totale opposition avec le mot d'accueil du cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, sur l'esplanade des Invalides, pas plus tard que la veille au matin. Le patron de l'Eglise parisienne fut avare de ses paroles, mais il insista sur le fait que, « la France et particulièrement Paris et sa région est un véritable carrefour de peuples et de nationalités ».
Aucun politique, à ma connaissance, n'a encore osé définir la France comme « un carrefour de nationalités ».
(..) Mgr Vingt-Trois, lui, tient tant à cette idée qu'il l'a lancée, bizarrement, au moment le plus intense de la visite papale et devant la foule lorsqu'elle a été la plus dense.
On est obligé de constater que le discours du pape sur la nation et le discours du cardinal sur les nationalités qui composent la France sont en totale opposition... Jusqu'où ira le désaccord ?

Le cardinal Vingt-Trois ne semble pas prêt à adopter une attitude d'obéissance face au pape, traditionnel chef de l'Eglise catholique. Dans un « point presse » cité par l'AFP, juste après la mise au point pontificale du samedi après-midi, celui qui est aussi en ce moment le président de la Conférence des évêques de France, a expliqué avec le plus grand calme
« Les rapports du pape avec les évêques ne sont pas des rapports de subordination serviles, pas des rapports de patron à employés. Le pape n'est pas un pdg de multinationale qui vient visiter une succursale. Nous l'avons accueilli et écouté comme un frère qui vient conforter la foi de ceux avec qui il travaille et avec qui il est en communion. Nous sommes dans un rapport de collaboration et quand nous avons quelque chose à lui dire, nous le lui disons. »
Autrement dit, dans la perspective de l'archevêque de Paris, le pape et les évêques sont à égalité. Bazar en perspective!
(..)
Etonnez-vous, après cela, que, toujours selon l'AFP, le pape ait été « assez tièdement applaudi » dimanche, par les évêques réunis. ?


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