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 DE BAVIÈRE
Georg Ratzinger
Anecdotes

L'AFFECTION DE GEORG (II)

Interview de Georg Ratzinger

Il s'agit d'une interview accordée par Mgr Georg au 'Süddeutsche Zeitung'
Très intéressant, et on y apprend pas mal de choses. Mais on peut faire un parallèle avec l'interview à peu près simultanée, paru dans l'Avvenire, le quotidien de la Conférence des évêques Italiens. J'ignore la couleur politique de ce journal allemand (probablement le tout-venant politiquement correct), mais je ressens la malveillance subreptice de l'interviewer, par une indiscrétion à la limite de l'insolence. Georg Ratzinger se serait-il fait piéger??? Et a-t'il pu contrôler ses propos? En tous cas, ses "confidences" ne portent pas l'empreinte de la chaleur bienveillante perceptible dans le quotidien catholique italien.


 

"Il mène une vie relativement réglée"

Mon frère le Pape

Georg Ratzinger sur Benoît XVI, le Vatican, et les prières sur le "vélo d'appartement"

SZ: Mr Ratzinger, pouvez-vous nous révéler l'objet de vos prières?

GR: J'aurais aimé ne pas être interrogé personnellement à ce sujet. D'abord, chacun prie pour ce qui le concerne, pour la santé, les relations, son frère, mais aussi pour des questions plus générales, concernant l'Eglise, l'Etat. Chaque chose qui nous concerne, voilà ce pour quoi nous prions. Prier ne consiste pas seulement à implorer, mais aussi à penser.

SZ: Qu'est-ce qui a changé, cette année, depuis que votre frère est devenu Pape?

GR: Premièrement, qu'il ne vienne plus me rendre visite. Auparavant, il avait l'habitude de venir quatre fois par an. Un prêtre ou un évêque n'est pas tout à fait un simple particulier, étant donné son rang, et son prestige, il est toujours en service. Mais une fois la routine assurée, la vie privée reprenait son droit. Il n'en sera certainement plus ainsi.

SZ: Récemment, vous avez été hospitalisé, la nouvelle en a été communiquée à toute la presse.

GR: Les gens, à l'hôpital pensaient que, pour faire taire la rumeur, il serait préférable de rendre la nouvelle publique. Aussi, cela fut relaté jusque dans les plus petits journaux. Cette fois-ci, je fus admis pour quatre jours, car j'avais de l'eau entre les poumons et la plèvre, et aussi dans les jambes, on me l'a bien enlevée. Depuis cela, je vais bien.

SZ: Ainsi, à part les problèmes de vue, il n'y a pas d'autres problèmes concernant votre santé?

GR: Je dois faire attention avec mon coeur. J'ai un pacemaker. Mais tout cela n'est pas si grave. Je m'entraîne régulièrement sur mon vélo d'appartement. La plupart du temps, je le fais pour le temps d'un court psaume. En fait, je tiens rarement plus longtemps que la récitation d'un chapelet, et je fais cela après le repas.

SZ: En Avril dernier, vous vous inquiétiez pour la santé de votre frère.

GR: Oui, mais il me fait bonne impression. Autrefois, c'était moi celui des deux qui était en meilleure santé. Il est raisonnable, il veille à garder de l'exercice. Avec ses secrétaires, il fait une promenade, tout en récitant le chapelet. Et le soir, il finit son travail relativement tôt. A 7 heures, les audiences sont finies, il lit son bréviaire, puis ils mangent à 7h30, à 8 heures, il regarde le journal à la télévision italienne, puis ils sortent pour une autre promenade. Ensuite, il reprend son bréviaire, et va se coucher. Le soir, il ne continue pas à travailler. Jusqu'à présent, il mène une vie relativement ordonnée, et ménage ses forces.

SZ: Est-ce que cela vous ennuie qu'on soit tout le temps en train de vous parler de votre frère?

GR: Eh bien, personnellement, ça ne me fait rien. Ce qui m'intéresse, c'est mon frère. Cela ne m'ennuie pas. C'est juste quand les gens viennent me demander des choses pour mon frère, ou bien pour que j'arrange quelque chose avec mon frère, alors là, ça m'ennuie. Cela arrive très souvent.

SZ: Que veulent ces gens?

GR: Généralement, que je transmette des lettres, ou que j'obtienne une audience privée. Par expérience, je ne donne pas suite.

SZ: Vous sentez-vous aliéné (? NDT) par votre frère, depuis qu'il est pape?

GR: Non. Nous nous parlons au téléphone chaque semaine. En général, c'est lui qui m'appelle, parce que c'est moi qu'il est plus facile de joindre. Grâce à un ami, j'ai un téléphone spécial. Quand il sonne, je sais que mon frère est en ligne.

SZ: Lorsque ce téléphone sonne, y-a-t'il un échange théologique?

GR: Nos conversations ne durent pas longtemps. Nous parlons plutôt de nos affaires privées -ce que nous avons fait, comment nous allons, quel temps il fait. Ce sont plus des faits de la vie quotidienne.

SZ: Parlez-vous de ses vêtements, les chaussures rouges, le Camauro?

GR: Je lui ai posé la question, à propos du camauro. Il m'a dit: "mais, je l'ai mis à cause du froid". Ou bien, des gens ont remarqué qu'il portait des nouvelles lunettes, et je lui en ai parlé. Lui-même ne dit rien tant qu'on n'en parle pas. En ce qui concerne les apparences, mon frère n'en parle pas (?? NDT)

SZ: Pouvez-vous nous dire comment cela se passe quand vous lui rendez visite à Rome?

GR: La "famille du Pape" consiste, outre le Pape, en ses deus secrétaires, et les quatre soeurs. C'est avec eux que je prenais mes repas. Ma chambre et au 5ème étage. Les appartements du Pape sont au 4ème. A cause de mes problémes de vue, je ne peux pas lire seul, il y a quelqu'un qui lit pour moi le matin et l'après-midi.

SZ: Que vous lit-on?

GR: Ce que je choisis. Le dernier livre était une "Histoire du XIXème siècle, par Golo Mann. Ce livre, nous l'avions déjà commencé quand mon frère venait me rendre visite à Ratisbonne. C'est un livre assez épais, très intéressant. Ou bien, on m'a lu un livre d'un théologien évangélique concernant l'Ancien Testament.
Pendant ce même temps, si personne ne vient me faire la lecture, j'écoute des CD's. A la maison, j'ai des moyens de lecture (??). A Rome, je n'en ai pas, c'est pourquoi je compte sur le gens pour me faire la lecture, ou j'écoute des cd's. Sinon, d'un point de vue intellectuel, je me sentirais vide.

SZ: Célébrez-vous la messe?

GR: Dans la Chapelle privée. Mon frère est le célébrant principal, et les deux secrétaires et moi, nous concélébrons. C'est très agréable.

SZ: Envisagez-vous de vous installer à Rome?

GR: Non. C'est une chose qu'à mon âge, je ne ferai pas. Ici, j'ai ma belle maison, je suis connu des gens. Et le temps que je passe avec mon mon frère au vatican n'est pas si long (??). Si j'étais là-bas pour toujours, je me sentirais un fardeau.

SZ: Quand Joseph Ratzinger a-t'il cessé d'être votre "petit" frère?

GR: C'était bien avant la guère, durant notre adolescence. Je n'ai jamais voulu avoir le dessus. Je n'avais aucune vanité de ce type, et mon frère non plus. Enfants, nous étions déjà ainsi. Chacun de nous avait ses propres affaires, et était traité de la même façon par nos parents. Nous n'avons jamais rien eu l'un contre l'autre.

SZ: Deviendriez-vous prêtre encore aujourd'hui, si vous aviez 20 ou 25 ans?

GR: Sans aucun doute. J'ai dit "oui" à ma décision d'être prêtre sans hésitation. A part cela, Dieu n'aurait rien pu me donner de meilleur que la musique sacrée au Dôme de Ratisbonne, avec les 'Regensburger Domspatzen'. Mais j'aurais été prêt à remplir ma charge dans d'autres domaines, en étant le pasteur d'une paroisse, ou prêtre dans une prison, ou aumonier militaire. Mais le Bon Dieu a bien fait les choses.

SZ: Vous êtes-vous parfois senti seul?

GR: Au début de ma période comme Maître de Choeur à Ratisbonne, j'étais heureux d'avoir mes frère et soeur auprès de moi. Ce n'était pas facile, d'occuper ce poste, comme jeune musicien, et d'être accepté par la vieille garde. Mais à part cela, je n'ai eu de moment pénible dans ma vie. Quand vous êtes entourés de jeunes toute la journée, il arrive que vous soyiez heureux de vous retrouver seul le soir.

SZ: Jamais de crise "du milieu de vie"?

GR: Non. Je pense que pour cela, nous étions bien trop sérieux. Je vais vous dire ce qui, pour quelqu'un comme moi, posait un problème: à une époque, un prêtre en retraite occupait l'appartement en-dessous du mien, et je n'avais le droit de jouer du piano que jusqu'à 10h. Lorsque je jouais encore à 10h5, sa cuisinière tapait au plafond avec le manche à balai. Voilà quels étaient nos problèmes. Mais je suis heureux de chaque jour que j'ai passé. Je ne voudrais pas être jeune aujourd'hui.

SZ: Bière du Pape, ours en peluche du Pape, chanson sur le Pape, ne trouvez-vous pas que cela rappelle le culte de la personne d'autrefois?

GR: Cela ressemble à un culte entourant une personne, et jusqu'à un certain point, c'est probablement le cas. Mais aussi, les gens ont besoin d'une "marque déposée" qui ait un impact. C'est du commerce. Quand des pauvres gens font un peu d'argent avec cela, c'est la volonté de Dieu. Je n'en veux à personne. Mais si c'est ceux qui n'en ont pas vraiment besoin, c'est plus gênant.

SZ: Vous ne dites pas que vous n'êtes pas un conservateur. (NDT: curieuse formulation... est-ce si inavouable d'être un conservateur???) Et vous avez aussi de la sympathie pour le CSU d'Edmund Stoyber?

GR: Oui. Mais j'ai aussi des réserves concernant le CSU.
Donum Vitae, par exemple est subventionné, tandis que Caritas ne l'est pas. Ils font comme si Donum Vitae était un forum consultatif de l'Eglise, ce qui n'est pas le cas. C'est par le biais de Donum Vitae qu'est rendu possible quelque chose que l'Eglise voudrait éviter -l'avortement légal- parce qu'ils délivrent des certificats qui permettent d'accéder à l'avortement légal. (?????)


SZ: Quoiqu'il en soit, vos sympathies vont au CSU

GR: Oui. Mais il y a quelques bons sociaux-démocrates, mais avec le SPD, vous apercevez encore les "coquilles d'oeufs" de Marx;

SZ: Quel est le Pape que vous admirez le plus?

GR: Léon le Grand, ses textes sont la marque d'une grande profondeur théologique. Léon vint au-devant d'Attila, le Roi des Huns. Et il le força à s'en aller.


 

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