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LA GLOIRE DE DIEU AUJOURD'HUI

La gloire de Dieu

Nouveauté en librairie: "La gloire de Dieu aujourd'hui"

Je viens de trouver dans ce qu'il est convenu d'appeler une "grande librairie" un petit livre tout juste sorti des presses de l'imprimerie, dont la signature porte simplement le nom de "Joseph Ratzinger". (titre allemand: "Gottes Glanz in unserer Zeit, Meditationem zum Kirchenjahr")
L'auteur lui-même (c'est-à-dire notre Saint-Père) le présente, beaucoup mieux que je ne pourrais le faire, avec la simplicité et l'extrême modestie que nous lui connaissons:


 
 

Avant-propos de l'auteur

Rechercher les choses d'En Haut
Après y avoir été invité amicalement par l'éditeur, je présente dans
ce petit ouvrage certains passages liés à mon activité de prédicateur à Munich. Ces textes correspondent essentiellement à des sermons et méditations sur le jour de Pâques, auxquels j'ai ajouté quelques brèves interventions radiophoniques diffusées tout au cours de l'année. Certaines redites tiennent aux conditions d'élaboration de ces textes. Elles permettent néanmoins d'approfondir la signification d'une même idée en lui apportant différents éclairages et de nouvelles corrélations. Tout ce qui est dit ici ne fait qu'effleurer les grands sujets abordés. J'espère vivement que l'aspect inachevé ou embryonnaire de ces petits textes permettra à chacun de continuer par lui-même le chemin en pensée et en action.
15 août 1984

Au cours de mes années romaines, j'ai toujours été invité par la Bayerische Rundfunk, à chaque temps fort de l'année liturgique, à des méditations. C'est alors qu'on m'a suggéré de commenter quelques grands tableaux, présents en si grand nombre dans les églises romaines. A l'approche de mon 70e anniversaire, mon frère me proposa de réunir ces textes. Les émissions radiophoniques et télévisuelles étant par nature éphémères, un ouvrage permettrait de pérenniser les commentaires de ces tableaux et d'offrir ainsi un instrument de compréhension intérieure des fêtes chrétiennes. Telle est l'histoire de ce petit livre. Il n'est certes pas exempt de contingences mais il est susceptible de rendre plus perceptible ce message d'espérance et de réapprendre ce regard intérieur qui nous fait si cruellement défaut dans le flot d'images et de sollicitations qui nous submergent.
Rome 1996

Il me semble que le titre aurait pu en être, comme il le dit lui-même, "Rechercher les choses d'En Haut"
Car à côté de méditations religieuses sur les grandes fêtes de la liturgie catholique (Noël, Pâques, la Pentecôte, l'Ascension, la Toussaint) , on trouve des réflexions très accessibles (ce sont sans doute les transcriptions des chroniques données à la Bayerische Rundfunk) sur notre vie quotidienne, agréablement écrites d'une plume alerte et sans ostentation qui est caractéristique de son style, et que l'on retrouve dans ses discours "a braccio".
Car le Cardinal Ratzinger ne parle pas pour ne rien dire, il n'a pas besoin d'user de vocabulaire abscons pour dire ce qu'il veut exprimer, ses propos sont denses, et visent toujours à enrichir nos esprit, en élevant nos pensées.

Il parle de tout, du Carnaval, de la coupe du Monde de football, de la mort, des vacances, des églises que l'on trouve désormais fermées, dans nos pays - et il voit dans cette fermeture un signal d'alarme "avant la chute de la civilisation dans la barbarie", et un constat de la capitulation de l'Eglise "face à la loi de notre époque [..] où tout n'est plus que marchandise, nous y compris".

Voici un échantillon, si je puis dire, une brève réflexion sur le culte des "vacances" dans nos sociétés post-modernes. Je la lis, et je suis impressionnée par l'incroyable capacité de l'auteur à "communiquer", par le talent du grand théogien érudit pour se mettre à la portée de tous:


 

LES VACANCES

Se mettre en quête

L' un des phénomènes les plus curieux de notre civilisation moderne est la réapparition d'une dimension nomade dans la société.
Chaque week-end d'immenses colonnes de voitures se pressent hors des villes avant de revenir à leur point de départ en s'entassant sur des routes désespérément engorgées le dimanche soir. Lorsque les vacances commencent, c'est tout un peuple qui semble partir en voyage. La route est devenue l'un des lieux les plus fréquentés par les hommes dans ce qu'il est convenu d'appeler les pays hautement développés et les investissements consentis dans ce sens sont l'expression d'une disposition psychologique qui fait des hommes d'infatigables voyageurs. On ne peut s'empêcher de se demander " Quelle est la raison d'un pareil comportement? "
Manifestement, les gens ne se sentent pas complètement chez eux dans leurs appartements. Beaucoup quittent leur domicile aussi souvent que possible. Ce dernier semble davantage l'expression de l'emprisonnement du quotidien qu'un abri où il fait bon demeurer. On pourrait être tenté de dire que cette fuite sur les routes s'apparente à une révolte contre les contraintes du monde du travail et un besoin pressant de liberté, de lointain, d'un lieu vraiment autre où il devient possible de se découvrir soi-même dans la créativité et la liberté. Dès lors, c'est quelque chose de tout à fait profond touchant à l'homme et à sa nature qui s'exprime dans ces migrations humaines régulières des sociétés industrielles. L'homme ne parvient plus à se sentir chez lui, il est traversé d'une inquiétude qui exprime l'attente de quelque chose de plus grand. Il cherche une liberté qui aille au-delà des libertés publiques et de ce qui permet de les satisfaire.
Ne retrouvons-nous pas ici cette part de vérité des paroles bibliques décrivant l'homme comme un pèlerin dans le monde qui ne saurait constituer sa seule et unique demeure? Ne décelons-nous pas ici cette inquiétude du coeur dont par Saint Augustin qui avait perçu en lui cette quête inquiète, ce quelque chose qui le remuait en permanence, jusqu'à ce qu'il prenne finalement conscience de la raison pour laquelle rien ne parvenait jamais à le satisfaire complètement? L'automobile peut tout à fait apparaître au nomade contemporain comme une expression de sa liberté et de sa propre disponibilité que souligne la racine grecque du mot. C'est pourquoi elle peut lui sembler si irremplaçable au-delà de sa pure fonctionnalité. Mais lui donne-t-elle son moi et sa liberté ou l'emprisonne-t-elle dans l'embouteillage où se retrouvent tous ceux qui tournent en rond dans le vide?
Les comportements liés aux vacances peuvent donc tout à fait être l'occasion de réfléchir sur nous-mêmes et nous mettre en quête de quelque chose de plus grand que ce que nous osons chercher habituellement. S'extraire d'un quotidien étriqué pour effectuer un voyage qui soit enfin vraiment à la mesure de l'homme : se mettre en route pour chercher l'éternel, la face de Dieu et franchir ainsi toutes les frontières terrestres? Pourquoi ne pas imaginer que ce soit précisément de là-bas qu'il nous soit donné accès à notre liberté et à notre véritable domicile?



 

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