Vous vous trouvez ici: Documents  

L'EGLISE DE DEMAIN
 

A propos des nouvelles "communautés: extrait du livre d'entretiens avec Peter Seewald "Le Sel de la Terre", pages 255-256


 

[..]
...un chrétien ne peut jamais être seul, être chrétien signifie être en chemin avec les autres. Même un ermite appartient à une communauté en chemin, qui le porte avec elle. Le souci de l'Église doit être de créer ces communautés. La culture sociale de l'Europe et de l'Amérique n'en offre plus. Cela nous ramène aux questions précédentes : comment l'Église vivra-t-elle dans cette société de plus en plus déchristianisée ? Elle devra précisément former de nouvelles sortes de communauté, les compagnons de route devront se grouper en se portant plus fortement les uns les autres, et en vivant dans la foi.
Le simple environnement de la société ne suffit plus aujourd'hui, il n'y a plus d'atmosphère chrétienne générale. Les chrétiens doivent donc se soutenir réellement entre eux. Et il existe déjà d'autres formes, des « mouvements » de différentes sortes, où se sont regroupés des compagnons de route. Une rénovation du catéchuménat, qui permet un exercice, une étude du christianisme, est indispensable. Pour faire l'expérience du christianisme, on pourra par exemple se rattacher à des communautés monacales. En d'autres mots, si la société dans sa totalité n'offre plus d'environnement chrétien - elle n'en a pas offert non plus durant les quatre ou cinq premiers siècles -, l'Église doit elle-même former des cellules où l'on pourra expérimenter et pratiquer en petit le grand espace de vie de l'Église, en se soutenant, se portant mutuellement, en marchant ensemble.
[..]
Il serait faux, voire présomptueux, de projeter aujourd'hui un modèle plus ou moins achevé de l'Église de demain, qui sera plus clairement qu'aujourd'hui l'Église d'une minorité. Mais je pense que bien des gens qui vivent avec elle de l'extérieur, et aussi intérieurement à leur manière, s'appuieront plus ou moins sur elle. Malgré tous les changements auxquels on peut s'attendre, la paroisse restera, selon ma conviction, la cellule essentielle de la vie commune. Mais on ne pourra guère maintenir tout le système paroissial actuel, qui d'ailleurs est en partie assez récent. On devra apprendre à aller les uns vers les autres et ce sera un enrichissement. Comme cela se produit presque toujours dans l'Histoire, il y aura à côté de la paroisse des groupements qui, par un charisme particulier, par la personnalité d'un fondateur, maintiendront un chemin spécifiquement spirituel. Entre la paroisse et le « mouvement » un échange plus fructueux est nécessaire : le mouvement a besoin d'un lien avec la paroisse pour ne pas devenir sectaire, la paroisse a besoin des « mouvements » pour ne pas se pétrifier. De nouvelles formes de vie monacale se sont déjà formées au milieu du monde. Si l'on veut bien regarder, on peut trouver aujourd'hui une étonnante multiplicité de formes de vie chrétiennes, grâce auxquelles l'Église de demain est déjà très nettement au milieu de nous.


Le pape pianiste | Documents