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LA PLACE DES FEMMES DANS L'EGLISE
 

« Dans le catholicisme du XXIème siècle, il n’y aura pas d’avancées en direction de l’ordination des femmes, mais il y aura un continuel mouvement en faveur de leur prise de responsabilité.
Ce n’est pas une idée originale : en mars 2006, Benoit XVI lui-même l’a dit : Il est opportun de se demander s’il est possible d’offrir plus d’espace, plus de positions de responsabilité aux femmes ».

Plutôt que de traduire les commentaires de J. Allen, je traduire l’intervention du pape qu’il avait rapporté dans sa chronique du 6 mars 2006. Le 2 mars 2006, Benoit XVI avait rencontré un groupe du clergé de Rome, et répondu de façon impromptue à quinze de leurs questions. Un jeune prêtre avait demandé pourquoi l’Eglise ne reconnaissait pas que la perspicacité et l’expérience des femmes pouvait équilibrer celles des hommes dans l’Eglise pour la prise de décisions. Voici la réponse du pape, traduite par J. Allen :

«
Je vais répondre au prêtre auxiliaire de Saint Jérôme – je vois qu’il est aussi très jeune-, qui nous a dit combien les femmes sont importantes dans l’Eglise, et aussi au nom des prêtres.
Je peux seulement souligner que la prière spéciale pour les prêtres dans le premier Canon, le Canon Romain, me fait toujours une grande impression. Nobis quoque peccatoribus.
Dans cette humilité réaliste, nous, prêtres, précisément comme des pécheurs, nous prions pour que le seigneur nous aide à être ses serviteurs. Dans cette prière pour les prêtres, et seulement là, apparaissent huit femmes qui entourent le prêtre. Elles montrent combien les femmes croyantes nous aident dans notre chemin. Tout le monde a certainement fait cette expérience. Dans ce sens, l’Eglise a une énorme dette de gratitude envers les femmes.
Vous avez justement souligné cela, au niveau du charisme, les femmes ont une grande action, et je dirais aussi, une grande action dans la gouvernance de l’Eglise, à commencer par les sœurs des grands pères de l’Eglise, comme Saint Ambroise, en passant par les grandes figures de femmes du moyen-âge comme Sainte Hildegarde, Sainte Catherine de Sienne, Sainte Thérèse d’Avila, jusqu’à Mère Térésa. Je dirais que ce secteur charismatique est distinct du secteur ministériel dans le sens strict du terme, mais que c’est une vraie et profonde participation à la gouvernance de l’Eglise. Comment pourrions-nous imaginer la gouvernance de l’Eglise sans cette contribution, qui parfois devient très visible, comme quand Ste Hildegarde a critiqué les évêques, où quand Ste Brigitte et Ste Catherine ont fait des reproches aux papes et obtenu leur retour à Rome. C’est certainement un facteur déterminant, et l’Eglise ne peut pas vivre sans cela.
Vous avez dit à juste raison : Nous voudrions voir les femmes de façon plus visible, dans le ministère et la gouvernance de l’Eglise. Je répondrais que c’est bien la question. Le ministère de la prêtrise est comme vous le savez, réservé aux hommes. Le ministère du prêtre est gouvernance dans le sens profond que, définitivement, c’est le sacrement qui gouverne l’Eglise. C’est le point décisif. Ce n’est pas l’homme individuel qui fait quelque chose, c’est à travers le sacrement, le Christ lui-même qui gouverne. A travers à la fois l’eucharistie et les autres sacrements, c’est toujours le Christ qui préside. Cependant, il est opportun de se demander si dans le service ministériel, il n’est pas possible d’offrir plus de place, plus de positions de responsabilité aux femmes ».

J. Allen dit ensuite, que le moteur dans les pays du nord pour la revendication de la place de femmes, vient du mouvement en faveur de l’égalité des sexes.

Il signale quand même que 26% des plus hauts postes de responsabilité dans les diocèses sont tenus pas des femmes, que la conférence épiscopale américaine a choisi une femme comme porte-parole, qu’au Vatican, les femmes dirigent une académie pontificale, font partie de la commission théologique internationale, et servent à une place de premier rang dans une des toutes puissances congrégations de la curie.

Et il ajoute que les réactions qui lui reviennent des paroisses sont tout autres. Les fidèles engagés entendent bien ces discussions de salon sur la place des femmes mais ceux qui ont les mains dans le moteur pour faire tourner la machine disent tous la même chose :
« Sur le front pastoral, beaucoup voient le problème à l’envers : A la base, tellement de postes sont déjà tenus par des femmes, que le vrai problème est : comme mobiliser nos hommes ? […]
« Ce dont nous avons besoin, est de trouver un juste milieu ».
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Cet article vient juste au retour du voyage en Amérique du sud où il a évoqué la belle figure de sœur Maria Rosa Leggol.
Je ne peux pas m’empêcher de voir dans cet enchainement un sourire de J. Allen, qui est bien dans sa façon élégante de faire. Il a l’air d’envoyer un message subliminal aux féministes du « gender » qui militent pour l’ordination des femmes. Quelque chose comme:
Si vous voulez prendre du pouvoir dans l’Eglise, pourquoi vouloir commencer à l’échelon le plus bas, dans un métier où les perspectives de promotion interne sont médiocres. Visez plus haut, suivez mon regard. Essayez la sainteté !

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