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LA FABLE...
 

La fable selon laquelle Joseph Ratzinger aurait été un homme froid et sec, et que le pape Benoît XVI lui emboîte le pas, n'en finit pas de couvrir les pages des magazines, et d'emplir les chroniques.
Des gens qui l'ont peut-être lu, mais n'ont jamais pris la peine de l'écouter, encore moins de le regarder, ce qui serait pourtant si simple, glosent sans fin sur son prétendu manque de charisme, qu'ils opposent à la personnalité exubérante de Jean-Paul II, supposée l'écraser.
Pour donner un exemple, lors d'un débat diffusé le 20 mai sur France 2 ayant pour cadre l'émission Le Jour du Seigneur, et pour thème "Benoît XVI, un style qui plait ?", à propos du voyage au Brésil, j'ai entendu à peu près ceci, dans le désordre, et sans chercher à savoir qui a dit quoi.
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- Il a été très austère, un peu trop. Il aurait pu faire un effort pour sortir de sa réserve bavaroise.
- On cherche encore à trouver un signe de chaleur de Benoît XVI
- Si on le cherche, on va finir par être déçu, car il ne viendra pas...
- Il a 82 ans (sic!)
- Au Brésil, on l'attendait sur le terrain social, environemental... Il n'a pas eu une parole pour les habitants... Il a déroulé ses thèmes habituels... Il était hors-sujet...
- Il faut une certaine forme pour faire passer un message ... (ndr: on sous-entend que cette forme est ici absente)
- Q: Est-ce qu'on ne fait pas une erreur en comparant Benoît XVI et Jean-Paul II? R: C'est une comparaison écrasante...
- Benoît XVI est trop loin de la réalité...
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Soit, au mieux, une cascade d'approximations, énoncées par des gens qui manifestement, n'étaient pas sur place, et n'avaient suivi aucun 'direct' (pour être juste, l'un des intervenants a défendu le Saint-Père avec honnêteté, à défaut de passion). Soulignons quand même que l'émission portait a priori sur le style, et non sur le fond.
L'impression globale que pourrait avoir un téléspectateur ne connaissant pas bien le Pape est au final franchement négative.

La fable, pourtant démentie par toutes les images, tous les directs de la télévision, reprend donc avec une vigueur accrue après le voyage au Brésil. Comme si on voulait le priver du moindre succès personnel.
Il n'y a pas forcément d'intention commune, dans cette démarche. Simplement, à force de recopier ce que l'on voit partout, on finit par y croire. C'est le principe des caisses de résonnance, qui est à la base de la désinformation (Vladimir Volkoff).

La présence physique du successeur de Pierre, la chaleur qu'il dégage, est pourtant quelque chose d'absolument primordial --car sinon, quelle signification pourrait revêtir à ses yeux un voyage épuisant comme celui qu'il vient de faire en 5 jours à l'autre bout du monde, avec plusieurs heures de décalage horaire et la participation à de nombreuses manifestations?
S'il lui suffisait de prononcer un discours, il pourrait le faire à Rome, voire le laisser imprimer dans l'Osservatore Romano. Il y a donc de manière évidente beaucoup plus que cela, et ceux qui cherchent à tout prix à minimiser son succès et l'enthousiasme qu'il suscite ne peuvent pas l'ignorer.

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