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AUDIENCE DU 23 MAI, SUR LE VOYAGE AU BRÉSIL
 

"Le souvenir d'un passé glorieux ne peut faire oublier les aspects sombres de l'évangélisation de ce continent..., les souffrances et les injustices infligées aux indigènes par les colonisateurs jusqu'à la négation de leurs droits fondamentaux. Le devoir de rappeler ces crimes sans nom dénoncés par des missionnaires comme Bartolomé de la Casas ou des théologiens comme Francisco de Vitoria...ne saurait effacer l'œuvre magnifique accomplie à l'époque par la grâce divine parmi ces peuples".
En Amérique latine, a ajouté le Saint-Père, "l'Evangile est devenu un élément clef et un ferment de synthèse fonctionnelle entre les différents cultures, une matrice dans laquelle s'expriment les diverses identités des peuples latino-américains".
(Vatican Info Service)


 
 



 

Comme il le fait désormais après chaque voyage apostolique, le Saint-Père a fait lors de sa première cathéchèse après son retour à Rome,le compte-rendu de son périple brésilien
Bien entendu, après que certains d'entre eux aient été jusqu'à titrer Le Pape confirme les bienfaits de la colonisation (ici), les media n'auront retenu que la "reconnaissance" des "ombres" de la colonisation.
Ayant choisi Hugo Chavez comme témoin de moralité, de nombreux sites titrent sur le mea culpa discret du Saint-Père, déplorant quand même qu'"il ne se soit pas excusé de ses propos"!!
Exemple, cette dépêche de Reuters publiée sur le site du Nouvel Observateur, (il y pratiquement le même texte sur le site du Monde, reproduisant une dépêche de l'AFP):



 

Benoît XVI reconnaît les "injustices" de l'évangélisation en Amérique
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Le pape Benoît XVI a reconnu, à l'occasion de son audience hebdomadaire mercredi 23 mai, la part de "souffrances" et "d'injustices" provoquées par la colonisation et l'évangélisation de l'Amérique.
"On ne peut ignorer les ombres" ni "oublier les souffrances et les injustices infligées par le colonisateur aux peuples indigènes, dont les droits humains fondamentaux ont été piétinés", a déclaré le pape, évoquant son récent voyage au Brésil.

Contradiction
Pourtant, le 13 mai, Benoît XVI avait déclaré devant les évêques d'Amérique latine réunis à Aparecida, au Brésil, que l'évangélisation des Indiens d'Amérique "n'a comporté à aucun moment une aliénation des cultures précolombiennes et n'a pas imposé une culture étrangère".
Le "Christ était le sauveur que les indigènes désiraient silencieusement", avait-il ajouté.
Son prédécesseur Jean Paul II avait, en 1992 à Saint-Domingue, demandé pardon auprès des populations indigènes pour les violences commises par les chrétiens dans la conquête de l'Amérique.

Vague de protestation
Les déclarations de Benoît XVI ont provoqué une vague de protestation en Amérique. Le président du Venezuela, Hugo Chavez, lui a demandé de présenter ses excuses.
Le pape a également déclaré mercredi que les "crimes injustifiables" de la colonisation avaient été condamnés en leur temps par des missionnaires, comme Bartolomée de las Casas. Dans le même temps, il a souligné "l'oeuvre merveilleuse" accomplie "avec la grâce de Dieu" par les évangélisateurs en Amérique latine ainsi que l'intégration "des riches traditions précolombiennes" dans la religion chrétienne.
Reuters, 23 mai


 

Il m'a paru opportun de me remettre en mémoire ce que le Cardinal Ratzinger avait dit en 1997 à Peter Seewald dans le livre d'entretiens "Le sel de la terre".
Il me semble que sa position n'a pas varié d'un iota. Qu'on en juge:


 

"Le sel de la terre", pages 216-217

Question de Peter Seewald: Le fardeau de l'Histoire qui pèse sur l'Eglise semble pourtant considérable. A l'occasion du 500e anniversaire de la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb, il y a eu de si fortes réactions émotionnelles - contre le travail de la mission chrétienne - que l'on aurait pu croire que ces choses s'étaient passées hier.

Cardinal Ratzinger: Il y a eu aussi réellement des jugements sommaires, qui ne se fondent pas sur la vérité de l'Histoire, mais sur les émotions de l'instant. Je ne veux pas contester la faute, et même la grande faute, qui fut commise là.
Mais sur ce point précisément, on a fait de nouveaux et intensifs travaux historiques, qui attestent aussi que la foi chrétienne et l'Église ont joué le rôle de puissances protectrices contre le brutal piétinement des cultures et des hommes par les découvreurs avides de richesses. Paul III et les papes suivants ont défendu avec insistance les droits des indigènes et ont pris des mesures juridiques en ce sens. La couronne d'Espagne elle aussi et surtout Charles Quint ont promulgué des lois qui n'étaient pas applicables pour une grande part, mais qui font honneur à la couronne espagnole, car elles mettaient en évidence les droits des indigènes, expressément reconnus comme sujets des droits de l'homme. Dans ce siècle d'or de l'Espagne, l'idée des droits de l'homme est née chez des théologiens et canonistes espagnols. Elle fut plus tard attaquée par d'autres, mais elle fut tout d'abord élaborée dans l'entourage de Victoria en Espagne.
Les grands mouvements missionnaires, les Franciscains, les Dominicains, se sont vraiment montrés les avocats des droits de l'homme. Il ne s'agit pas seulement de Bartholomé de Las Casas, mais de bien d'autres anonymes. Les premiers franciscains qui sont allés évangéliser le Mexique, encore inspirés par la théologie spirituelle du XIIIe siècle, ont proclamé un christianisme très simple, pauvre en institutions et très direct.
Cela n'aurait malgré tout pas suffi à provoquer une aussi grande adhésion au christianisme - comme on le voit précisément au Mexique - si les hommes n'avaient pas ressenti cette foi comme une force libératrice. Libératrice aussi envers les cultes qui précédaient. Le Mexique ne peut être conquis que parce que les peuples opprimés se sont alliés aux Espagnols pour être libérés de cette domination. Le tableau d'ensemble est donc très différencié, même si cela n'efface pas les fautes. S'il n'y avait pas eu là une force capable de protéger et de sauver, grâce à laquelle aujourd'hui encore, en Amérique centrale et du Sud, il reste de grandes parties des populations indiennes, tout se serait déroulé bien autrement.


Mai 2007