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LE BLOG DE RAFAELLA
 

[..] aujourd'hui nous avons été témoins d'un évènement très important pour l'histoire de l'Église Catholique : la publication du motu proprio "Summorum Pontificum" du Pape Benoît XVI et la lettre par laquelle le Saint-Père présente aux Évêques (et, par conséquent, à nous tous) les raisons pour lesquelles il a décidé de promulguer une mesure aussi importante, vainquant pour cela beaucoup de résistance tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'Église.

...
[..] Le motu proprio , tout en étant un acte juridique, ne nécessite pas beaucoup de commentaires. Contentons-nous d'énumérer quelques nouveautés. Avant tout il n'est pas prévu un nombre minimal de requérants pour obtenir la célébration de la Messe tridentine (dans le passé il en fallait au moins trente), mais il est question de "groupe stable" de fidèles.
En outre je voudrais vous faire remarquer l'expression employée dans l'art. 5 § 1 du motu proprio : "Dans les paroisses où il existe un groupe stable de fidèles attachés à la tradition liturgique antérieure, le curé accueillera volontiers leur demande de célébrer la Messe selon le rite du Missel romain édité en 1962. Il appréciera lui-même ce qui convient pour le bien de ces fidèles en harmonie avec la sollicitude pastorale de la paroisse, sous le gouvernement de l’Evêque selon les normes du canon 392, en évitant la discorde et en favorisant l’unité de toute l’Eglise.".
C'est un langage inhabituel pour un document juridique. Ici le Pape est davantage "pasteur" que "juriste". La formulation pouvait être beaucoup plus impérieuse, du type: "Dans les paroisses où il existe un groupe stable de fidèles attachés à la tradition liturgique antérieure, le curé est obligé de célébrer la Messe tridentine". Cette expression "accueillera volontiers" me plaît beaucoup, parce qu'il présuppose une écoute de la part du curé mais même, et surtout, de la "gentillesse" des fidèles dans la formulation de la demande. C'est-à-dire qu'il présuppose un rapport d'estime et d'affection entre le prêtre et les paroissiens. La célébration peut ne pas être entièrement en latin puisque les Lectures peuvent aussi être proclamées dans la langue nationale. Même ceci est une nouveauté parce que cela facilite la compréhension pour ceux qui ne sont pas familiers du latin ou n'ont pas la possibilité de suivre la traduction sur le Missel (celui des fidèles devrait s'appeler "messalino"... expression surréelle...)
A l'art 7, pour les Évêques, on retrouve la ligne déjà citée: "Si un groupe de fidèles laïques parmi ceux cités à l'art. 5 § 1 n'ont pas obtenu satisfaction à leurs demandes de la part du curé, l'Évêque diocésain sear informé. L'Évêque est vivement prié d'accéder à leur désir ". Une fois de plus, on n'emploie pas le verbe obliger mais prier.
Excellente, la possibilité d'ériger des paroisses personnelles qui célèbrent la Messe selon l'ancien rite. Je crois que les Évêques devraient prévoir par avance ette possibilité afin d'éviter les conflits et que tout se déroule dans une absolue serenité.

Le "point fort", toutefois, reste la lettre de présentation du Saint-Père. ...
La lettre du Pape se signale par son humilité, sa capacité de dialogue, de conciliation, de délicatesse et de clairvoyance.
La lettre commence par une grande expression d'espoir et de confiance vis-à-vis des Évêques : le Pape met entre "leurs mains" le motu prorio par lequel il libéralise la Messe tridentine. Encore une fois les mots du Pape se traduisent en images, parce que nous "imaginons" le geste de Benoît qui délivre le document aux Évêques. Tout de suite après vient le reproche attendu (dans le style du théologien Ratzinger) envers ceux qui ont jugé (en bien ou en mal) la décision, avant même de la connaître.
Puis, le Pape affronte directement le problème, sans détour et sans périphrases, selon son habitude: il affirme clairement que les craintes de retour au passé, de reniement du Concile, sont infondées. Telle est donc la solution qui permet la "cohabitation" des deux formes de l'unique rite. Le Pape affirme, en effet, qu'il n'existe pas deux rites mais deux formes du même rite et que la Messe conciliaire (ou de Paul VI) doit être considérée comme la forme ordinaire de la Liturgie Euhcaristique. La Messe tridentine (selon le "Missel" de Jean XXIII) est une forme extraordinaire (la lettre emploie l'adjectif "extraordinaire").
Benoît XVI se livre ensuite à l'analyse des raisons pour lesquelles il a décidé de libéraliser la Messe tridentine. Il affirme que beaucoup de fidèles sont restés liés à l'ancien Rite romain et qu'il ne s'agit pas, donc, d'un petit nombre de nostalgiques. Plus loin, dans la lettre, le Pontife dira même que beaucoup de jeunes sont fascinés par l'ancien rite.
Vient ensuite un des points centraux de la lettre : le problème du schisme de Mgr Lefebvre. ...le Pape introduit, à propos de ce schisme, une réflexion très importante: "Nous savons tous qu’au sein du mouvement conduit par Mgr.Lefebvre, la fidélité au Missel ancien est devenue un signe distinctif extérieur ; mais les raisons de la fracture qui naissait sur ce point étaient à rechercher plus en profondeur. Beaucoup de personnes qui acceptaient clairement le caractère contraignant du Concile Vatican II, et qui étaient fidèles au Pape et aux Evêques, désiraient cependant retrouver également la forme de la sainte liturgie qui leur était chère ; cela s’est produit avant tout parce qu’en de nombreux endroits on ne célébrait pas fidèlement selon les prescriptions du nouveau Missel ; au contraire, celui-ci finissait par être interprété comme une autorisation, voire même une obligation de créativité ; cette créativité a souvent porté à des déformations de la liturgie à la limite du supportable."

Il me semble que ce passage est fondamental pour comprendre la raison du motu proprio : la majorité des fidèles catholiques qui pourront bénéficier du motu proprio accepte le Concile Vatican II, mais "aimerait" participer à des Messes célébrées selon le rite tridentin. Ces fidèles, dès le 14 settembre, ne devront pas être plus être regardés avec suspiction, ils auront une dignité égale aux autres. De cette manière, ils auront moins la tentation d'abandonner la pleine communion avec le Pape pour la seule raison qu'ils n'ont pas la possibilité de participer à la Messe tridentine.
Ceci est le point fort du motu proprio et j'éprouve une grande reconnaissance envers Benoît XVI pour avoir eu le "courage" de prendre une décision aussi importante.
J'ai été très touchée par l'allusion autobiographique du Pape: : "Je parle d’expérience, parce que j’ai vécu moi aussi cette période, avec toutes ses attentes et ses confusions. Et j’ai constaté combien les déformations arbitraires de la liturgie ont profondément blessé des personnes qui étaient totalement enracinées dans la foi de l’Eglise".
Nous retrouvons là les pensées que le SaintPère a exprimées dans son autobiographie et dans le livre-interview "Le sel de la terre".
La seconde crainte relative à la libéralisation de la Messe tridentine consiste nel fait que certains pensent qu'elle pourrait créer des scissions dans les paroisses. Cette crainte, pour le Pape, est infondée parce que la célébration ordinaire sera toujours celle du rite de 1970.
Il n'a certes pas manqué d'exagérations, tant de la part des traditionalistes que de la part des "modernistes". Et voilà la partie la plus marquante de la lettre, à mon avis:
"D’ailleurs, les deux formes d’usage du Rite romain peuvent s’enrichir réciproquement : dans l’ancien Missel pourront être et devront être insérés les nouveaux saints, et quelques-unes des nouvelles préfaces. La Commission Ecclesia Dei, en lien avec les diverses entités dédiées à l’Usus Antiquior, étudiera quelles sont les possibilités pratiques. Dans la célébration de la Messe selon le Missel de Paul VI, pourra être manifestée de façon plus forte que cela ne l’a été souvent fait jusqu’à présent, cette sacralité qui attire de nombreuses personnes vers le rite ancien. La meilleure garantie pour que le Missel de Paul VI puisse unir les communautés paroissiales et être aimé de leur part est de célébrer avec beaucoup de révérence et en conformité avec les prescriptions ; c’est ce qui rend visible la richesse spirituelle et la profondeur théologique de ce Missel."

Ce serait vraiment très beau si les deux Missels pouvaient s'enrichir réciproquement sur la base de cette compétition vertueuse qui ne peut faire faire que le plus grand bien à l'Église.
La raison pour laquelle le Pape libéralise le Missel ancien est donc uniquement positive, elle vise à "atteindre une réconciliation interne dans le sein de l'Église".
Le Pape fait même une sorte de "mea culpa" pour les omissions du passé: "En regardant le passé, les divisions qui ont lacéré le corps du Christ au cours des siècles, on a continuellement l’impression qu’aux moments critiques où la division commençait à naître, les responsables de l’Eglise n’ont pas fait suffisamment pour conserver ou conquérir la réconciliation et l’unité ; on a l’impression que les omissions dans l’Eglise ont eu leur part de culpabilité dans le fait que ces divisions aient réussi à se consolider. Ce regard vers le passé nous impose aujourd’hui une obligation : faire tous les efforts afin que tous ceux qui désirent réellement l’unité aient la possibilité de rester dans cette unité ou de la retrouver à nouveau.".

Il n’y a aucune contradiction entre l’une et l’autre édition du Missale Romanum. L’histoire de la liturgie est faite de croissance et de progrès, jamais de rupture. Ce qui était sacré pour les générations précédentes reste grand et sacré pour nous, et ne peut à l’improviste se retrouver totalement interdit, voire considéré comme néfaste. Il est bon pour nous tous, de conserver les richesses qui ont grandi dans la foi et dans la prière de l’Eglise, et de leur donner leur juste place.
Evidemment, pour vivre la pleine communion, les prêtres des communautés qui adhèrent à l’usage ancien ne peuvent pas non plus, par principe, exclure la célébration selon les nouveaux livres. L’exclusion totale du nouveau rite ne serait pas cohérente avec la reconnaissance de sa valeur et de sa sainteté.
".

L'Évêque ne perd en aucune façon son autorité, au contraire, il sera appelé "à rester vigilant afin que tout se déroule dans la paix et la sérénité".
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Chers amis, cette lettre de la Papa m'a profondement frappée.

Santita', à multos annos.
Raffaella