C'est par l'encyclique "Deus caritas est", signée le 25 décembre 2005 et qui a connu un vrai succès, que Benoît XVI a ouvert l'année 2006. Véritable livre de marche, on en retrouve les jalons tout au long de l'année du Souverain Pontife.

En effet, le Pape n'oeuvre pas pour lui, mais au nom de l'amour de Dieu. Son humilité est de servir Dieu : "C’est moi, mais ce n’est plus moi : si nous vivons de cette manière, nous transformons le monde" (Samedi saint) et son espérance n'est pas terrestre : "La foi nous garantit que le dernier mot revient à Dieu: uniquement à Dieu!" (Vendredi saint).

Le Vicaire du Christ dira de l’Église de Dieu que "l'Église de l'amour est aussi l'Église de la vérité" (5 avril). La Vérité pour notre temps, Benoît XVI l'a inlassablement répétée cette année avec les vertus qui siéent à tout catholique : "notre identité demande la force, la clarté et le courage face aux contradictions du monde dans lequel nous vivons" (11 octobre). Notre identité, nous a enseigné le Pape, se forge dans notre Foi fondée sur la Résurrection, nourrie de prière, de proximité de Dieu, de silence, d’écoute et de formation.

Les yeux ainsi fixés sur Dieu, Benoît XVI possède un regard vrai qui lui donne une vision claire de l'enseignement à dispenser, de la situation de l'Église et du besoin des hommes et de faire entendre un discours aussi opportun que courageux et compréhensible.

1. La clarté de la doctrine du Pasteur de l'Église

"L’annonce et le témoignage de l’Evangile sont le premier service que les chrétiens peuvent rendre à toute personne" (11 mars)

Les points non négociables
Voyant la dérive de la société moderne, le Saint Père a développé cette année les trois points les plus menacés actuellement et qu’il a qualifiés de "non négociables" : la protection de la vie, la défense de la famille et le droit des parents à éduquer les enfants.
Il s'est agi pour Benoît XVI de rappeler à Valence par exemple, l’importance et la Vérité sur la Famille fondée sur le mariage, union d'un homme et d'une femme. Remerciant les mères de famille qui avaient eu le courage de transmettre la vie, il a plusieurs fois insisté sur le respect de la vie de la conception à la mort naturelle, que ce soit auprès de hommes politiques (ici et ici) qu’au sein de l'Église (ici et ici). De Valence, il a même lancé un appel aux responsables politiques afin qu’ils agissent par la loi en faveur de la famille.
Enfin, le Pape a confirmé lui-même les positions de l'Église sur les maladies infectieuses ou encore les cellules souches.

La lumière de l'Église
Benoît XVI a apporté l’éclairage de l'Église sur les préoccupations nouvelles de la société occidentale ou du monde : l'environnement, les énergies nouvelles, etc. Par ailleurs, il a répondu, quand l’occasion se présentait, aux erreurs d’interprétation sur les actes de l'Église, que ce soit par exemple sur les "repentances" ou l’esprit d’Assise (ici, ici, ici et là).

Foi et raison
Chacun a en mémoire la conférence (site du Vatican) de Ratisbonne, dont l'incompréhension nécessita dans un premier temps l’intervention du cardinal Bertone, puis celle des Nonces apostoliques et enfin celle du Pape lui-même devant les ambassadeurs des pays arabes, avant la parution d’une version annotée. On se souvient à la fois de la fermeté à maintenir ce qui fut dit et de la souffrance éprouvée par le Saint Père d’avoir été mal compris alors qu’il voulait simplement "expliquer que ce ne sont pas la religion et la violence qui vont ensemble, mais la religion et la raison" (20 septembre).

2 La lucidité sur l'Église

"La première urgence dans nos sociétés est de redonner la foi aux adultes" (2 juillet)

Vers la nécessaire unité autour du Christ
Malgré les persécutions passées et présentes et les difficultés internes qu’il connait après 25 années passées à la Curie, - "[s]ans arrêt la petite barque de l'Église est violemment secouée par le vent des idéologies" (29 juin) -, le Saint Père n’a de cesse de vouloir poursuivre l’unité des catholiques et des chrétiens, réalisable seulement dans la charité.
Reprécisant le sens du mot "tradition" et consacrant ses audiences générales à l'Église, il a cherché tant à maintenir les communautés nouvelles sur la route droite qu’à résoudre la question de la Fraternité saint Pie X. La libéralisation de l'ordo de saint Pie V, dont on entend dire depuis avril qu'elle pourrait faire l'objet d'un prochain motu proprio, irait dans ce sens.
Vis-à-vis des chrétiens séparés, ce sont deux actes majeurs qui auront marqué cette année 2006 : la Déclaration commune avec l'Église anglicane sur le respect de la Vie et la Déclaration commune avec Bartholomaïos 1er, patriarche œcuménique, sur les droits inaliénables de la personne en Europe.

Rappeler à chacun ses devoirs
N’ignorant rien des problèmes des vocations sacerdotales, Benoît XVI n’a cependant pas hésité à recentrer les prêtres sur leur mission, loin de tout activisme et parallèlement à rappeler aux laïcs leurs devoirs en les encourageant par exemple fortement à entrer dans le débat public, dans l’esprit de la deuxième partie de "Deus caritas Est". "Tout fidèle laïc doit vivre personnellement la mission directe consistant à agir pour un ordre social juste" (19 mai).

3. La clairvoyance sur le monde

"Parler en obéissant à la dictature des opinions communes est considéré comme une sorte de prostitution de la parole et de l'âme" (6 octobre)

La place de l'Église dans le monde
Rappelant la distinction entre l'Église et le politique dans un contexte de mondialisation, Benoît XVI a reprécisé quelle était la vraie place de l'Église dans la société et insisté à plusieurs reprises, sur la ferme volonté de l'Église de faire entendre sa voix pour le respect de la personne et la dignité fondamentale de l’homme car "l'homme intéresse l'Église. Elle a le devoir de défendre l'homme, la créature dont l'union corps et âme est image de Dieu" (22 décembre).

Les erreurs modernes
Devenu prêtre face au nazisme et après l’avoir subi, Benoît XVI a discerné et dénoncé avec force les erreurs de notre temps : l’athéisme moderne, le laïcisme, la sécularisation, le relativisme, l’antimoralité et a su montrer à Auschwitz,que les forces obscures qui prévalurent au totalitarisme national-socialiste sont à l’oeuvre dans notre monde d’aujourd’hui. Il avait déjà dit qu'"une démocratie sans valeur devient vite un totalitarisme déclaré ou rampant, comme l'histoire l'a démontré" (27 janvier).

Face à l’actualité
Le Pape garde un oeil sur le monde et a montré une très grande réactivité face aux évènements parfois dramatiques (exemple du métro de Valence). Il suit également l’actualité avec intérêt (Liban, mort de Gemayel) et ses interventions ne se sont pas fait attendre (exemple de l’Italie).
Certes, Benoît XVI tranche avec le langage convenu occidental quand, par exemple, il profite de la Saint Benoît pour rappeler une fois encore les racines chrétiennes de l’Europe.
Enfin, il a également innové en répondant par exemple à des questions de fond de journalistes sur un plateau de télévision.

Les relations avec les autres religions
Un signe important dans les décisions de Benoît XVI est d’avoir voulu placer le dialogue interreligieux sous la coupe du Conseil pontifical pour la culture, mettant en évidence les liens étroits entre religion et culture. Les actes interreligieux de l'Église auront été marqués en cette année 2006 par la définition en Turquie du dialogue entre chrétiens et musulmans et l’insistance sur la nécessaire liberté religieuse et la réciprocité.



Pour conclure, comme ne pas évoquer la simplicité si touchante que nous montre Benoît XVI si proche de son frère Georg, rappelant parfois les petites (mais si fortes) habitudes de la vie quotidienne (bénédicité), entamant des visites inattendues (Suisse, Nemi) parce que personnelles. Cette même simplicité s'applique dans les choses de ce monde et voit le Pape réclamer ses droits d'auteur et faire connaitre les dons qu’il fait.

L'année 2007 commencera avec un livre du Pape sur Jésus-Christ. Benoît XVI fétera cette année ses 80 ans. La tâche est ardue et les loups à l'affut. La Terre Sainte, le Brésil en mai et Moscou sont les destinations possibles de notre Pape. A nous de continuer à suivre son enseignement et de répondre fidèlement à sa demande :

"A chacun d'entre vous, je demande de continuer à me soutenir en priant Dieu de me laisser être le pasteur ferme et généreux de son Eglise" (19 avril)

Lahire
--------------------------
L'article contient des liens vers de nombreuses pages, que je n'ai pas reproduit ici.
Lire l'article en entier