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LA CROIX DU 4 JANVIER

L'article de LA CROIX (4 janvier)

Le Saint-Siège appuie l'entrée de la Turquie en Europe

Dans une interview exclusive accordée à "La Documentation catholique", le cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d'État de Benoît XVI, considère que l'Europe ferait une erreur en se fermant à la Turquie, même si ce pays pourrait appartenir à un deuxième cercle.
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Oui à la Turquie en Europe, même si elle pourrait n’appartenir qu’à un « second cercle ».
La position du Saint-Siège est cette fois claire, sans ambiguïté, comme elle n’avait jamais encore été exprimée si nettement à ce niveau. Ce n’est pas Benoît XVI qui parle, mais son bras droit, le cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d’État.

Pour sa première interview en français depuis sa nomination à ce poste le 15 septembre, il a choisi La Documentation catholique, bimensuel édité par Bayard , dont le numéro du 7 janvier 2007 inaugure une nouvelle formule.

Certes, explique ce salésien devenu homme clé du Vatican, l’Église catholique n’a pas de « pouvoir particulier pour favoriser l’entrée de la Turquie en Europe ou y opposer un veto ». Mais, ajoute-t-il, « il semble bien que l’Europe sans la Turquie ne bénéficierait plus de ce pont entre l’Orient et l’Occident que la Turquie a toujours été au cours de l’Histoire ».

L’ancien archevêque de Gênes sait de quoi il parle : « La Turquie est depuis longtemps un partenaire de l’Europe. Ainsi, la République de Gênes entretenait de bonnes relations avec les Turcs, et c’est pour pouvoir commercer avec eux que l’Angleterre a acquis la bannière de saint Georges des mains des Génois afin d’entrer dans les ports ottomans. »

Une intégration "par cercles concentriques"

Autres arguments, plus actuels, avancés par l’homme d’Église : « Aujourd’hui, la Turquie connaît un système de laïcité particulier et un régime qui tend vers plus de démocratie. Il est de l’intérêt de l’Europe de l’aider à être une véritable démocratie pour consolider toujours plus un système de valeurs. Laisser la Turquie hors de l’Europe risque en outre de favoriser le fondamentalisme islamiste à l’intérieur du pays. »

Sur un plan très concret, le cardinal Bertone estime que « l’intégration à l’Europe peut se réaliser par cercles concentriques, avec un premier cercle des pays historiquement européens, actuellement réunis dans la zone euro, et un deuxième niveau pour ceux qui en sont plus éloignés ».

Cette interview, recueillie après le voyage de Benoît XVI en Turquie (28 novembre-1er décembre 2006), a l’avantage de clore un débat quant à la position précise de l’Église catholique sur ce dossier épineux. (ndr: ah bon????)
Il avait été rouvert par l’élection du cardinal Ratzinger au siège pontifical, car, en tant que préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, le futur pape s’était publiquement opposé à l’entrée de la Turquie en Europe. Et, plus récemment, lors de ce voyage, avec les déclarations du premier ministre turc Erdogan.
À peine sorti d’un entretien en tête à tête avec le pape à l’aéroport d’Ankara, l’homme politique avait affirmé en effet devant les caméras que Benoît XVI était d’accord pour l’entrée de la Turquie en Europe. Cela avait laissé sceptiques plus d’un observateur, vu les intérêts du gouvernement turc dans cette affaire.

Un aspect que n’élude pas le cardinal Bertone dans cette interview : « La rencontre avec M. Recep Tayyip Erdogan n’était pas prévue mais attendue. D’un point de vue de politique intérieure, il était à l’évidence de l’intérêt du premier ministre turc de rencontrer le pape. En cela il a fait preuve d’une grande sagesse politique. Ce contact a été très positif et procure aux Turcs une bonne carte de visite pour l’entrée de la Turquie en Europe. »