Le point central de la théologie de Ratzinger sur l'Eglise elle-même est la deuxième influence d'Augustin sur lui. "La maison et le peuple de Dieu selon Augustin" est le titre de sa thèse. Le troisième point est la dualité platonicienne de la pensée, chère à Augustin.
Comme je l'ai dit plus tôt, nous pouvons penser que la révolution étudiante de 1968 nous a amené Ratzinger à Pentling. A ce moment, c'était comme si l'univers d'ordre, de lois, d'équilibre, s'était brisé. Au jeune professeur qui avait été formé à la pensée de Saint-Augustin (qui a aussi joué un rôle dans la vie de Saint-Bonaventure, le sujet de la thèse d'habilitation de Ratzinger), il semblait qu'il n'y eût pas de place pour lui dans un tel chaos, et,grâce à Dieu, il saisit l'opportunité de venir à Regensburg et de rejoindre notre communauté
Augustin acheva son meilleur livre alors que le monde ancien s'écroulait. Le titre en était "De civitate Dei" (le peuple de Dieu), dans lequel il voyait le monde comme une gigantesque champ de bataille entre Dieu et Satan, où chaque homme doit choisir son camp. Ratzinger l'a fait -et ce n'est pas la peine de demander quel camp il a choisi. De cette décision vient un certain pessimisme, et la rigueur quelque peu inflexible qui l'ont fait critiquer comme gardien de la foi. A chaque fois qu'il voyait la doctrine centrale de l'Eglise menacée, dans l'Eglise elle-même comme dans la Société, cet homme, par ailleurs amical et bienveillant, pouvait devenir dur. Il considérait cela comme son devoir, son obligation, dans la fonction qui lui avait été confiée par le pape...
|