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INTERVIEW (2)

L'Occident et Dieu

Question : En tant que Pape, vous êtes responsable de l’Eglise dans le monde entier. Mais naturellement votre visite focalise l’attention sur la situation des catholiques en Allemagne. Or, tous les observateurs sont d’accord pour dire que le climat est bon, grâce aussi à votre élection. Bien entendu, les vieux problèmes demeurent, pour ne citer que quelques exemples: il y a toujours moins de pratiquants, moins de baptêmes, et surtout moins d’influence sur la société. Comment voyez-vous la situation actuelle de l’Eglise catholique en Allemagne?

Benoît XVI : Je dirais avant tout que l’Allemagne appartient à l’Occident, même s’il y a des nuances qui lui sont propres, et dans le monde occidental aujourd’hui nous connaissons une nouvelle vague d’illuminisme drastique ou de laïcité, si vous préférez. Il est devenu plus difficile de croire, puisque le monde où nous nous trouvons, nous le faisons par nous-mêmes, et Dieu, pour ainsi dire, n’y comparaît plus directement. On ne boit plus directement à la source, mais dans le récipient qu’on nous présente déjà plein et ainsi de suite. Les hommes ont reconstruit leur propre monde par eux-mêmes, et il est devenu plus difficile de retrouver Dieu dans ce monde. Cela n’est pas une spécificité de l’Allemagne, c’est quelque chose qui se produit dans le monde entier, en particulier en Occident.
D’un autre côté, l’Occident est aujourd’hui fortement touché par d’autres cultures, où l’élément religieux d’origine est très marqué, et qui sont horrifiées par la froideur qu’elles constatent en Occident à l’égard de Dieu. Et cette présence du sacré dans d’autres cultures, même si elle est voilée de diverses façons, touche à nouveau le monde occidental, elle nous touche nous qui nous trouvons au carrefour de tant de cultures. Et d’autre part le besoin de quelque chose « de plus grand » est entrain de poindre du plus profond de l’homme occidental et en Allemagne aussi. Nous voyons que les jeunes cherchent un « supplément », nous voyons que d’une certaine manière le phénomène religieux – comme on dit – revient, même si cette recherche est souvent plutôt floue. Mais avec tout cela l’Eglise est à nouveau présente, la foi s’offre comme réponse. Et je pense que cette visite justement, comme celle de Cologne déjà, est une opportunité afin que l’on puisse voir qu’il est beau de croire, que la joie d’une grande communauté universelle possède une force entraînante, que derrière elle, il y a quelque chose d’important et que par conséquent avec ces nouveaux mouvements de recherche, il y a aussi de nouveaux débouchés pour la foi, qui nous conduisent les uns vers les autres et qui sont également positifs pour la société dans son ensemble.



 

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