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INTERVIEW (6)

Oecuménisme

Question : L’Allemagne en tant que terre de la réforme est naturellement marquée d’une manière particulière par les rapports entre les diverses confessions. Les rapports œcuméniques sont une réalité sensible qui se heurte toujours à de nouvelles difficultés. Quelles possibilités voyez-vous d’améliorer les rapports avec l’Eglise évangélique ou quelles difficultés voyez-vous sur ce chemin?

Benoît XVI : Il est peut-être important de dire avant tout que l’Eglise évangélique présente une remarquable diversité. En Allemagne nous avons, si je ne m’abuse, trois communautés principales: les Luthériens, les Réformés et l’Union Prussienne. En outre de nombreuses Eglises libres (Freikirchen) se forment aujourd’hui et, au sein même des Eglises classiques, des mouvements, comme « l’Eglise qui confesse » et ainsi de suite. Il s’agit donc d’un ensemble à plusieurs voix avec lequel nous devons entrer en dialogue dans la recherche de l’unité, en respectant la multiplicité des voix et avec lequel nous voulons collaborer. Je crois que la première chose à faire dans la société actuelle c’est de nous engager tous ensemble à clarifier, trouver et mettre en pratique les grandes lignes directrices éthiques afin de garantir la consistance éthique de la société, sans laquelle cette société ne pourra pas réaliser l’objectif ultime de la politique, qui est justice pour tous, paix et convivialité. Dans ce domaine, je crois que l’on fait déjà beaucoup, que nous nous retrouvons déjà réellement ensemble sur un fondement chrétien commun face aux grands défis moraux. Naturellement il faut ensuite témoigner Dieu dans un monde qui a du mal à le trouver, comme on l’a déjà dit, et rendre visible Dieu dans le visage humain de Jésus Christ, et offrir aux hommes l’accès à ces sources sans lesquelles la morale devient stérile, perd ses repères, et aussi apporter la joie pour que nous ne soyons pas isolés en ce monde. Ce n’est qu’ainsi que peut naître la joie devant la grandeur de l’homme qui n’est pas un produit raté de l’évolution, mais l’image de Dieu. Nous devons agir sur ces deux plans – pour ainsi dire – celui des grands repères éthiques et celui qui prouve – de l’intérieur et en s’orientant vers eux – la présence de Dieu, d’un Dieu concret. Si nous le faisons, et surtout si dans chacun de nos regroupements nous essayons de ne pas vivre la foi d’une manière particulariste, mais toujours à partir de ses fondements les plus profonds, nous n’arriverons peut-être pas très vite à des manifestations extérieures d’unité, mais nous pourrons mûrir vers une unité intérieure qui, si Dieu le veut, portera un jour aussi à des formes extérieures d’unité.



 

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