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LE VOYAGE EN BAVIÈRE VU PAR "LE MONDE"

Marktl et les "marchands du Temple"

"Le pape chez les marchands du temple de son village natal bavarois
LE MONDE | 12.09.06
En Bavière, Benoît XVI ne s'est livré à aucune confidence personnelle sur les lieux de son enfance qui, lundi 11 septembre, ont jalonné son parcours. Mais son émotion est à son comble à Marktl-am-Inn (frontière autrichienne), où il est né le 16 avril 1927. Depuis l'élection de Joseph Ratzinger, cette petite ville de 2 800 habitants est devenue un lieu de pèlerinage : 100 000 fidèles sont passés par là, des Polonais - Marktl est jumelée avec Wadowice, la ville natale de Jean Paul II - jusqu'à des Sud-Coréens.

Dans les boulangeries, on s'arrache les Vaticanbrot (le pain du Vatican), les Ratzingerschnitten, gâteaux en forme de croix ou de mitre d'évêque. Dans les cafés, on boit de la Papstbier. Des magasins croulent sous les bondieuseries avec l'effigie de l'enfant du pays. Au musée, on se bouscule pour lire l'état-civil et le certificat de baptême de Ratzinger auquel une main a rajouté la mention : "19 avril 2005, pape".

Le pape n'aime pas ces marchands du temple et le fait savoir. Le mot Vermachtung (faire des affaires) est devenu dans la presse Vermarktlung, ce qui blesse les citoyens de Marktl.
..."
Henri Tincq
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Un retour dans sa ville natale (AFP)
Après deux journées à Munich, le pape Benoît XVI s'est rendu, lundi 11 septembre, dans la ville de pèlerinage marial d'Altijttin, dans le sud de la Bavière, où il a célébré une messe. De là, il devait se rendre brièvement dans sa ville natale, Marktl-am-Inn. Né le 16 avril 1927 dans ce gros bourg qui compte aujourd'hui 2 700 habitants, il n'y a vécu que deux années.

Mais il y fait déjà l'objet d'une véritable dévotion, qui n'est apparemment pas du goût de tout le monde.
Deux pots de peinture bleue ont été lancés contre la façade de la maison natale du pape, située sur la place principale de la petite ville, a annoncé la police. Selon les premiers éléments de l'enquête, l'incident s'est produit dans la nuit précédant l'arrivée du pape.

On ne saurait lire en si peu de lignes pareille accumulation d'exagérations malveillantes. Ceci est un témoignage visuel, de quelqu'un qui s'est déjà rendu deux fois dans ce petite village, où les très modestes boutiques ne font rien d'autre que manifester la fierté et l'admiration que leur inspire leur illustre concitoyen (voir aussi ici ).
Quant au "musée", minuscule, il convient de savoir que la plupart des villes allemandes, même les plus petites, ont un musée consacré à l'histoire locale, Marktl n'échappe pas à cette règle, et il me paraît bien naturel que celui-là consacre quelque espace à l'enfant du pays qui est devenu Pape.
Por ce qui est de la dépêche de l'agence AFP, reproduite ici, rien n'autorise à justifier un acte de vandalisme par une dévotion mal placée "qui ne serait pas du goût de tout le monde"!!



Analyse de l'homélie de Munich

Benoît XVI critique une Eglise européenne plus attentive au social qu'à Dieu
LE MONDE | 11.09.06 |

Ceux qui avaient imaginé le retour du pape dans sa Bavière natale comme une charmante partie de campagne en seront pour leurs frais.

Certes, on ne l'avait jamais vu aussi détendu : après son arrivée samedi 9 septembre à Munich, il s'est attardé sur la place centrale, la Marianplatz, avec de vieilles connaissances. Il a pris des bains de foule dans cette ville dont il fut l'archevêque contesté entre 1977 et 1982. Et le gotha politique - le président fédéral Horst Köhler, la chancelière Angela Merkel ou le ministre-président de Bavière Edmund Stoiber - s'est pressé pour lui serrer la main.

Mais dimanche matin 10 septembre, devant 250 000 fidèles réunis pour la messe dans la nouvelle foire sans âme de Munich, son homélie était loin d'être provinciale et souriante. Ce n'est pas l'enfant du pays, mais le pape, chargé de l'universel, qui prononce une homélie musclée, destinée à une Eglise allemande qu'il considère trop préoccupée de questions sociales et pas assez de sa mission religieuse, à un pays - et à travers lui, à l'Europe - frappé par une crise profonde de la foi.
...
L'humanitaire plutôt que l'Evangile : le pape a dénoncé une forme de "surdité" de l'homme moderne par rapport à Dieu. Ses mots sont durs : "mépris", "insulte au sacré élevée au rang d'un droit et d'une liberté". Un "cynisme", a-t-il ajouté, qui n'a rien à voir avec la "tolérance" revendiquée partout et pour tous. Si le christianisme s'interdit tout prosélytisme, la tolérance ne peut, selon Benoît XVI, exclure "la crainte de Dieu et le respect du sacré".
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S'appuyant à nouveau sur ce qui lui est rapporté des pays pauvres, Benoît XVI a fait observer que si les populations d'Afrique et d'Asie admirent "nos prestations techniques et notre science", elles s'inquiètent des progrès d'une raison indifférente à la religion. "Les mécanismes de la violence et de la destruction" sont attribués au rejet de Dieu et à la suprématie de la technique.

Le seul exemple qu'il a donné est celui du sida, prenant le risque de relancer la polémique sur le rôle de l'Eglise. Le pape n'a pas évoqué, comme le faisait son prédécesseur, l'abstinence et la chasteté comme moyens privilégiés de lutter contre la maladie, mais met en cause l'impuissance des "instruments techniques" (le préservatif ?). "Le sida peut être combattu en affrontant vraiment ses causes profondes et en soignant les malades avec amour et attention."
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Henri Tincq
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L'article donne l'impression que Benoît XVI a définitivement "cassé" son image de Pape de transition. Ses cryto-ennemis (comme Tincq) commencent même à se méfier. C'est plutôt bon signe, et ce n'est pas si mal vu, de la part du "grand quotidien du soir"...



Et la conférence "polémique" de Ratisbonne

Le pape condamne la "guerre sainte" islamique
LE MONDE | 13.09.06 |

Jamais un pape de l'époque moderne n'avait cité autant de sourates du Coran et parlé de "djihad".

A l'université de Ratisbonne, en Bavière orientale - où il a enseigné de 1969 à 1977 -, Benoît XVI a traité, mardi 12 septembre, devant un amphithéâtre comble de professeurs et de savants, des "maladies mortelles" de la religion et dénoncé la "guerre sainte", contraire à la lettre du Coran ("Il n'est nulle contrainte en religion"), et à la "nature même de Dieu".

Un Jean Paul II recherchait le "dialogue" avec l'islam. Benoît XVI, lui, préfère la confrontation intellectuelle. Avec un brin de provocation : il a rappelé un épisode ayant opposé, au XIVe siècle, les empereurs chrétiens de Constantinople aux juristes musulmans. "Montrez-moi ce que Mahomet a apporté de nouveau. Vous ne trouverez que des choses mauvaises et inhumaines, comme le droit de défendre par l'épée la foi qu'il prêchait" : c'est une citation de l'empereur Manuel II Paléologue en 1391) mais, reprise par le pape, elle fait choc.

Un peu plus tôt, dans une homélie, il avait déjà mis en accusation l'intégrisme, cette "pathologie" de la religion, et "les destructions de l'image de Dieu provoquées par la haine et le fanatisme". Et souligné : "Il est important aujourd'hui de dire, avec clarté, en quel Dieu nous croyons et de professer, avec conviction, le visage humain de la religion."

Mais pour Benoît XVI, les maladies de la "raison" ne sont pas moins grandes et nourrissent même celles de la religion.

Il s'en prend à l'héritage des Lumières, qui conduit la science à rechercher "une explication du monde dans laquelle Dieu devient superflu". Mais, s'exclame-t-il, "les comptes n'y sont pas" !

Le rationalisme, le positivisme, la science ne répondent pas aux questions de l'homme sur son origine, sur le sens de sa vie et de sa mort. L'homme ne peut pas se résoudre à n'être qu'"un résultat accidentel de l'évolution".

L'islamisme, le darwinisme, voilà les ennemis. Avec l'"athéisme moderne", que le pape met sur le compte d'une "peur de Dieu". Il renverse l'argument : "C'est Dieu qui nous sauve de la peur du monde et de l'angoisse de l'homme devant le vide de sa propre existence."

Le pape se fait l'avocat d'un christianisme qui, héritier à la fois de la loi juive et de la pensée grecque, retiendrait le meilleur de la religion - sa capacité à aimer - et le meilleur de la raison.

Pour lui, la foi est d'abord un appel à la responsabilité face au chaos du monde : "Tant de fragments de l'Histoire semblent privés de sens. Nous voulons qu'un jour soit rendu justice à tous ceux qui ont été condamnés injustement, à tous ceux qui ont souffert leur vie durant, et que décroisse l'excès d'injustices et de souffrances."

Etonnant retournement de la part d'un pape qui défend avec ardeur la "raison" pour lutter contre les "maladies" de la religion.

Et il lance un ultime avertissement à l'Occident handicapé, selon lui, dans l'actuelle confrontation entre les cultures : "Dans le monde occidental, l'opinion domine que seule la religion positiviste est universelle. Or, dans les cultures profondément religieuses d'aujourd'hui, l'exclusion de Dieu constitue une attaque de leurs plus intimes convictions."

Cette longue "leçon" à l'université de Ratisbonne a été reçue par des applaudissements nourris. Les témoins avaient retrouvé la passion du professeur Ratzinger pour débattre et convaincre.

Henri Tincq
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Les passages soulignés (par moi) dénotent une tentative de semer la zizanie, en déformant les propos du Saint-Père (très complexes, il faut l'admettre, ce qui explique que la plupart des gens n'y aient rien compris, et ce n'est pas en détachant une phrase par ci par là qu'on va saisir l'idée directrice), et en l'opposant, une fois de plus, à Jean-Paul II.
Il faut déjà admettre, pour répondre à la première réflexion, que "jamais un pape de l'époque moderne" (qui?? il y en a peu) n'a été confronté de façon aussi dramatique au terrorisme islamique!!!
Le Pape n'a pas d'
ennemis, quoiqu'en pense l'auteur de l'article. Il n'a nullement présenté comme tels l'islamisme et le darwinisme. Et on se doute bien que, quand Henri Tincq l'accuse de s'en prendre à l'héritage des lumières, ce n'est pas pour lui faire un compliment!
Quant à l'accusation de "retournement", donc de contradiction, elle est absurde, la constance doctrinale du Saint-Père saute aux yeux pour peu qu'on ait un peu lu simplement ses livres destinés au grand public! Lui-même a déjà dit qu'il a pu évoluer, mais sur les grandes lignes, il n'a pas changé.



 

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