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LE BLOC-NOTES D'YVAN RIOUFOL

Le bloc-notes d'Yvan Rioufol dans le Figaro

Les caniches des intégristes
Actualisé le 22 septembre 2006 : 08h19

La faute : reculer devant les intimidations islamistes. Pour n’avoir pas su, en février, défendre les caricaturistes de Mahomet, les élites françaises avaient apporté de contestables limites à l’esprit critique. En prenant leur distance avec les propos de Benoît XVI, elles ont dévoilé leur peur. Nos intrépides se seront certes bousculés, cette semaine, pour s’indigner de Nicolas Sarkozy, « caniche du président des États-Unis » (Laurent Fabius). Mais qui dénoncera les caniches des intégristes ?

La France n’a pas osé suivre la chancelière allemande, Angela Merkel : « Celui qui critique le Pape méconnaît l’intention de son discours qui était d’inviter au dialogue entre les religions. » Jacques Chirac, lundi, a préféré dire qu’il fallait « éviter tout ce qui anime les tensions entre les peuples ou les religions ». Deviendrait-il périlleux de penser librement ?

Jamais, dans sa conférence, Benoît XVI n’a critiqué l’islam. Il n’a cité comme sourate que celle qui loue la liberté de conscience : « Pas de contrainte en matière de foi. » En revanche, le Pape n’a pas épargné l’Occident matérialiste, sourd au divin. Il a invité au dialogue des cultures, en l’ouvrant sur la foi et la raison : un terrain où la violence du djihad (mais le christianisme y a succombé jadis) apparaît dans son absurdité.

Cet exposé théologique, subtil et élitiste, n’est pas le brûlot d’un boutefeu, comme l’ont soutenu ceux qui voulaient y déceler une pensée manichéenne et guerrière.
Il est d’ailleurs permis de s’interroger sur l’instrumentalisation de ce discours par certains médias, prêts à justifier la haine antioccidentale. « Ces propos entrent dans le cadre de la mobilisation pour la croisade annoncée par Bush », a commenté al-Qaida. De belles âmes, dans un consternant mimétisme, n’ont pas dit autre chose.

Cette soumission devant le fanatisme et l’inculture est affligeante. Observer, au pays des Lumières, tant de renoncements à résister au nouveau délit de blasphème, ne peut que dérouter des citoyens attachés à la liberté d’expression. Certes, soixante-cinq députés UMP se mobilisent, ces jours-ci, contre « le délit d’opinion inacceptable ».Mais ils défendent Béatrice Schoenberg, épouse du ministre Borloo, qui devra quitter la présentation du Journal de France 2, le temps de la campagne électorale...

Pape incorrect

Inutile d’insister sur les réfutations de l’islamisme perméable à la violence : en assassinant soeur Leonella à Mogadiscio, en s’en prenant à des églises à Gaza, en Cisjordanie, en Irak, en menaçant de conquérir Rome et de soumettre l’Europe par le sabre, les fondamentalistes ont démontré l’urgence de la réflexion sur la raison proposée par le Pape. Et, une fois encore, les représentants des musulmans français ont laissé passer l’occasion de réclamer clairement un aggiornamento dans l’interprétation du Coran.

Certes, le dialogue « franc et sincère » du Saint-Père est peu diplomatique. Jusqu’alors, l’Église préférait les postures consensuelles, conduisant à taire l’exode des Chrétiens des pays arabo-musulmans. En insistant, récemment, sur « l’importance de la réciprocité », le Saint-Père a brisé le tabou de l’islam intouchable, exigeant par exemple des mosquées partout en Europe, mais n’autorisant aucune chapelle en Arabie. Fallait-il continuer à tendre l’autre joue ?

Mais c’est bien davantage aux Européens que le Pape fait la leçon, en leur reprochant d’avoir perdu l’esprit chrétien qui a bâti leur civilisation, héritière de Jérusalem, d’Athènes et de Rome. Et c’est cette volonté de faire renaître une culture dans ses différences, au nom de l’histoire et des filiations, qui affole les docteurs Folamour et leurs laborantins : leur créature, l’homme déraciné et amnésique, est dans le collimateur de la Reconquista du Vatican.

En cela, le Pape répond au double souci des gens, de dire les choses et de préserver l’identité occidentale. Son discours s’oppose à ceux qui assurent : « Les racines de l’Europe sont autant musulmanes que chrétiennes » (Jacques Chirac) ; « La dimension islamique fait partie intégrante de l’Europe » (Dominique de Villepin) ou qui invitent à « revisiter l’histoire ensemble » (rapport de la Commission européenne). C’est parce qu’il est politiquement incorrect que Benoît XVI, qui dit non à la Turquie en Europe, est lâché par les puissants. Il pourrait bien être plébiscité par le peuple.

...


 

C'est bien, ce qu'il dit. La seule chose qui me gêne -mais alors là, vraiment beaucoup!!- c'est que ceux qui paient Yvan Rioufol, par le biais du journal dans lequel il écrit, sont loin de partager son point de vue. Sous la plume d'Hervé Yannou, Le Figaro ne se prive pas de critiquer régulièrement le Pape, en des termes que Libération aurait à peine de quoi désavouer.
Qu'on ne me dise pas que c'est au nom du pluralisme de la pensée, il est clair que c'est au contraire au nom du conformisme le plus moutonnier, et de la lâcheté la plus pitoyable.
Alors, quand Yvan Rioufol, écrit "Il est d’ailleurs permis de s’interroger sur l’instrumentalisation de ce discours par certains médias, prêts à justifier la haine antioccidentale....De belles âmes, dans un consternant mimétisme, n’ont pas dit autre chose", de qui parle-t'il?


 

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