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REGAIN D'INTÉRÊT POUR LE CATHOLICISME
 

La visite de Benoît XVI pourrait renforcer le regain d'intérêt des Allemands pour l'Eglise catholique
LE MONDE | 08.09.06 |

La désignation d'un pape allemand a suscité dans le pays un regain d'intérêt pour l'Eglise catholique que la visite de Benoît XVI pourrait renforcer. Le pape commence, samedi 9 septembre, un voyage de retour dans son pays natal, la Bavière. Jusqu'au jeudi 14, il se rendra à Munich, au sanctuaire marial d'Altötting, dans le village de Marktl-am-Inn (frontière autrichienne) où il est né le 16 avril 1927, puis à Ratisbonne et à Freising. C'est sa deuxième visite en Allemagne depuis son élection le 19 avril 2005.

Les catholiques, mais aussi les protestants, se montrent plutôt surpris par le style de leur compatriote qui a su dissiper une partie des réserves qu'il avait soulevées, depuis le Vatican, par le passé.

On entend dire ici et là que l'affluence des jours de messe est plus forte qu'avant. "Mais il faudra attendre un peu pour voir si cela se confirme dans les statistiques", observe Theodor Bolzenius, porte-parole du Comité central des catholiques (ZDK). Mais les réserves d'autrefois à l'encontre du cardinal Ratzinger, préfet de la congrégation romaine pour la doctrine de la foi, ont diminué.

"QUESTIONS ESSENTIELLES"

"Nous sommes satisfaits de sa façon de travailler. Il n'a pas commis de grosses erreurs", constate M. Brackmann. Sa rencontre, en septembre 2005, avec le théologien suisse Hans Küng, référence intellectuelle des milieux progressistes de l'Eglise, a fait bonne impression. "Benoît XVI a su atténuer les tensions existantes au sein de l'Eglise allemande, se félicite Ulrich Ruh, directeur de la revue catholique indépendante Herder Korrespondenz. Dans le même temps, il a surpris par son style, en disant les choses positivement, de manière attirante, renonçant au martèlement des interdits".

Les Journées mondiales de la jeunesse de Cologne que Benoît XVI avait présidé en août 2005, puis la diffusion, le 13 août, d'un entretien en direct à trois chaînes de télévision allemandes - événement rare au Vatican - ont contribué à mieux le faire connaître de ses compatriotes. "Ils en sont fiers, comme de leur équipe de football", souligne M. Brackmann.

Toutefois, le manque de prêtres reste flagrant. Dans le centre de Bonn, par exemple, cinq paroisses se partagent un seul prêtre. On ferme des églises, non seulement dans l'Est du pays, touché par la sécularisation de l'époque communiste, mais aussi dans l'Ouest. La population qui les fréquente vieillit.

Chaque année, quelque 100 000 personnes quittent l'Eglise catholique, par désintérêt ou pour ne plus avoir à payer l'impôt d'Eglise (Kirchensteuer). Ce mouvement de "sorties" est encore plus fort chez les protestants. Environ un tiers de la population allemande est catholique, un tiers protestante et un tiers agnostique.

"On observe une légère tendance au retour dans l'Eglise catholique de personnes qui en étaient sorties : quelque 10 000 cas par an", tempère M. Bolzenius. Pour Heinzgerd Brackmann, théologien, "il n'y aura pas de miracle. Le christianisme va devenir minoritaire dans le pays".

Selon lui, Benoît XVI ne donne pas de réponses aux "questions essentielles" qui permettraient d'enrayer la désaffection des églises et de relancer les vocations. Il n'a assoupli en rien les positions de l'Eglise sur la contraception ou l'avortement, l'accès au sacerdoce d'hommes mariés, les divorcés-remariés.

Dans les milieux catholiques, on attend de voir quelles personnalités Benoît XVI nommera pour remplacer des évêques sur le départ, notamment le cardinal Friedrich Wetter qui a dépassé de trois ans l'âge de la retraite. Il avait succédé en 1982 au cardinal Ratzinger sur le siège de Munich. On est également curieux de voir s'il évoluera sur le dialogue avec les protestants.

Antoine Jacob




 

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