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INTERVIEW DE G. GANSWEIN À RADIO VATICAN

Vie aux côtés du pape et souvenirs

Le secrétaire de Benoît XVI se confie pour la première fois dans une interview
Source: Eucharistie sacrement de la miséricorde - 08.08.2006

A l'occasion de ses cinquante ans, Mgr Gänswein s'est ainsi confié dans une interview accordée au programme allemand de Radio Vatican et largement reprise le 8 août par la presse italienne.


L'interview, en allemand, publié entre autres sur le site de Radio Vatican a été traduite en anglais par Teresa sur le Papa Ratzinger Forum.
Et voici ma traduction en français.
On peut y découvrir une personnalité réellement attachante, aussi beau, lui aussi dehors que dedans, et dont on comprend que le Saint-Père l'ait choisi comme collaborateur préféré.



Celui qui se tient aux côtés du pape

Mgr Gaenswein, vous vivez et travaillez aux côtés du Pape. Que pouvez vous nous dire de votre routine quotidienne? Quelles sont les décisions qu'il vous abandonne, et quelles sont celles qui nécessitent d'être approfondies?
La routine quotidienne du Pape est connue, en général, mais certains éléments ne sont pas rendus publics.
Pour résumer: la messe ensemble, à 7h; le bréviaire; méditation; une pause devant le Seigneur. Nous prenons le petit-déjeuner ensemble. Puis ma journée de travail commence, avec la préparation de la correspondance, la consultation du courrier officiel, qui est chaque jour très volumineux. Puis je discute de certaines choses avec le Saint-Père, après quoi, je l'accompagne vers midi aux audiences privées, qui se déroulent au second étage du palais apostolique.
Ensuite, nous déjeunons ensemble, faisons une courte promenade, puis nous faisons une sieste. Seconde partie de la journée: je consulte le courrier nouvellement arrivé, de manière à apporter les choses les plus importantes au Saint-Père - pour qu'il signe, étudie, ou approuve.
Evidemment, une grande partie de ce qui arrive au saint-Père ne pourra pas nécessairement être vu par lui. Il y a des choses qui sont de seconde, troisième ou quatrième importance. On ne peut pas l'innonder d'une masse monstrueuse de lettres, documents, etc., afin qu'il puisse accomplir ce qui doit réellement être fait avec le calme nécessaire.

En tant que secrétaire privé du Pape, vous occupez le poste le plus cofidentiel de l'Eglise catholique. Que représente pour vous cette situation-clé?
Avant tout, bien sûr, c'est pour moi le signe que le Saint-Père me fait confiance, et donc, je m'efforce, dans tout ce que je fais, dis ou ne dis pas, d'être digne de cette confiance. Et j'essaie de faire ce que j'ai à faire de telle sorte que ma conscience reste claire. Après un an et trois mois, notre intimité (capacité à travailler ensemble) a grandi.

Quelle influence l'éducation donnée par vos parents a-t'elle eu sur votre carrière?

Mes racines sont avec mes parents, et dès ma plus tendre enfance, dès mes premières expériences de la foi, l'exemple quotidien -pas tellement avec les mots, mais le simple exemple de tous les jours de ce qu'ils représentaient, fut pour moi une aide puissante, que j'ai toujours devant les yeux aujourd'hui, et dont je suis très reconnaissant.

Quels souvenirs de votre jeunesse sont devenus particulièrement importants, plus tard, pour vous, et peuvent vous avoir façonné?
J'ai grandi dans un petit village du sud de la Forêt Noire -qui ressemble à n'importe quel petit village. Nous étions une famille pleine d'entrain. J'avais beaucoup de camarades, d'amis. Bien sûr, nous pratiquions le sport -le football était ce que je préférais. Je faisais aussi partie d'une chorale, et je jouais de la clarinette. Nous avons fait plein de choses, ensemble. J'ai donc beaucoup de souvenirs d'une enfance parfois "polissonne", qui m'a toujours apporté beaucoup de joies.

Quels sont les traits de caractère qui se sont révélés décisifs pour votre carrière?

Je vais commencer par les points négatifs. Je suis quelqu'un qui, malheureusement, n'a pas beaucoup de patience, je dois faire un effort pour être patient, je prends sur moi. Mais ce que je considère comme positif, c'est ma détermination (ténacité), on peut compter sur moi, je suis sincère, direct. Ce sont ces traits qui ont imprimé à ma vie ses lignes directrices.

Vous avez travaillé avec l'un des plus grands théologiens au monde, et vous le connaissez depuis onze ans. Quelle différence y-a-t'il entre le Préfet pour la Doctrine de la Foi, et le Pape?
Même avec du recul, je ne vois pas de différence entre la personnalité du Cardinal Préfet, et Benoît XVI. Evidemment, la position peut changer une personne de différentes façons, mais sa personnalité, sa gentillesse, son rayonnement (aura) sont exactement comme avant.

Vous arrive-t'il d'éprouvez quelqe chose comme du trac, lorsque vous vous tenez aux côtés du Saint-Père?
Evidemment, cela m'arrive. Mais il est également vrai que notre proximité quotidienne, notre travail quotidien ensemble, rendent possibles une certaine familiarité. Mais il y a toujours des situations où je sens mon coeur battre plus vite!

Quand vous regardez derrière vous après un an du pontificat de Benoît XVI, qu'est-ce qui resort?
Certainement le fait que le Saint-Père, dans ses paroles et dans ses actes, dans tout son comportement, s'efforce de démontrer que la foi apporte la joie de vivre, et que, pour la vie, cette joie est son signe le plus important, et donc, ceci court comme un fil conducteur dans tout ce qu'il dit et fait, dans tout ce qu'on perçoit de lui, que l'on tire de lui.; et il veut que cette joie dans la foi soit contagieuse!

Avez-vous été surpris par le thème de l'amour, qu'il a choisi pour sa première encyclique?
Pas particulièrement. Cette première encyclique a rencontré un très très grand écho partout. Je pense que quiconque connaît le Pape Benoît en tant que théologien n'a pas pu être surpris qu'il ait choisi ce thème, et qu'il l'ait exprimé et traité de cette façon dans son encyclique.

Mgr Gaenswein, Je suis sûr que vous êtes au courant que, aux yeux du public, vous êtes le "beau Georg". Comment réagissez-vous à cela?
La presse italienne a commencé à écrire à mon sujet de cette façon flatteuse. Au début, j'étais surpris, et même un peu irrité. Je n'arrivais pas à me décider - Dois-je me contenter de l'ignorer? Dois-je en prendre note? Dois-je réagir? J'ai donc décidé de l'ignorer, et, avec le temps, je m'y suis habitué. En même temps, je pense qu'il se sont intéressés pas uniquement à la coquille, mais aussi un petit peu à ce qu'il y avait dedans.

Ils disent que, lorsque vous étiez étudiant, toutes les filles vous tournaient autour. La réciproque était-elle vraie?
Oh oui, mais sens sont sains, et si vos sens sont sains, vous vous en servez. Je n'ai jamais eu de probblème avec le sexe dit "faible", et j'ai toujours eu avec les femmes, encore aujourd'hui, un rapport très serein et très naturel. Bien sûr, lorsque j'étais jeune, il y avait des filles que je préférais voir.

Aussi pieux qu'il est instruit - c'est l'une des choses que l'on a dit de vous. Est-ce pour cela que le Pape vous a choisi pour travailler avec lui?
Piété et éducation, piété et théologie -ces choses vont ensemble, ceci est un fait consacré par la tradition. Je suis heureux que l'on me considère comme pieux et instruit. J'espère que la piété et l'éducation resteront, dureront, et qu'elles seront bien nourries.

Equité, intelligence, courage, modération -laquelle de ces vertus-cardinales décrit le mieux votre personnalité, selon vous?
Il est toujours difficile de faire un choix parmi les quatre vertus que vous venez de citer, mais si vous voulez que je le fasse maintenant, je choisirai la modération.

Avec votre liberté qui se trouve en ce moment étroitement limitée, à quoi ne voulez-vous pas renoncer?
Ce qui me manquait depuis plus d'un an, c'était de ne pas pouvoir m'entraîner, faire du sport, mais à présent, je m'y suis remis. Même si c'est à un degré moindre qu'avant. Que je voudrais maintenir ainsi. De temps en temps, je vais à la montagne. Voilà ce à quoi je n'aimerais pas renoncer.

Plus proche collaborateur du Pape; l'homme qui l'accompagne à chaque heure, chaque jour, dans chaque sortie. Mais aussi, et ce n'est pas le moindre, un prêtre. Selon vous, quel est le premier devoir d'un prêtre aujourd'hui?
Aujourd'hui, hier, demain -la chose la plus importante qu'il fait est ce qui lui est imposé par son ordination. Etre un prêtre, cela signifie célébrer l'Eucharistie, administrer les Sacrements, et vivre comme un prêtre doit le faire. Avec le recul, il y a beaucoup de chemins pour réaliser sa vocation de prêtre, et l'un d'eux est celui que j'emprunte, ce que j'essaie de faire de tout mon coeur et de toutes mes forces.

Vous vivez au coeur de l'Eglise catholique. Combien de fois vous demandez-vous "Que dirait Jésus?"
Dans mon examen de conscience quotidien, le soir, j'essaie d'approfondir les choses que j'ai rencontrées dans la journée. Quelquefois, même pour les décisions les plus simples, je m'interroge: Ai-je raison? Est-ce cela ce qui est juste aux yeux du Seigneur? Ou bien dois-je me corriger? Bien sûr, tout cela est remis en ordre lors de mes confessions régulières.


 

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