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LE REMPLAÇANT DE NAVARRO VALS

Quelle vision Benoît XVI a-t-il des médias ?

Rome le 18.08.2006 - Nommé à la tête du Bureau de presse du Saint-Siège le 11 juillet dernier, le père Federico Lombardi était déjà directeur général de Radio Vatican depuis 2005 et du CTV (Centre télévisé du Vatican) depuis 2001. L'Agence I.Media, partenaire romain de l'Apic, a rencontré ce jésuite piémontais de 64 ans alors qu’il prend, cet été, la mesure de ses nouvelles fonctions qui font de lui ‘l’homme de la communication’ au Vatican.

Nommé à la tête du Bureau de presse du Saint-Siège le 11 juillet dernier, le père Federico Lombardi était déjà directeur général de Radio Vatican depuis 2005 et du CTV (Centre télévisé du Vatican) depuis 2001. L'Agence I.Media, partenaire romain de l'Apic, a rencontré ce jésuite piémontais de 64 ans alors qu’il prend, cet été, la mesure de ses nouvelles fonctions qui font de lui ‘l’homme de la communication’ au Vatican.

Propos recueillis à Rome par Ariane Rollier I.Media

Q.: Comment avez-vous accueilli votre nomination à la tête du Bureau de presse du Saint-Siège ?

Père Lombardi: Cela a naturellement été une surprise, je ne m'y attendais pas. Non seulement je ne l'ai pas cherchée, mais je ne pensais pas que cette responsabilité puisse m'être confiée. J'avais l'impression d'avoir déjà assez à faire. C'est une tâche de plus qui m'est donnée et j'essaierai de l‘assumer du mieux possible. C'est ma seule préoccupation. Cette nomination est, de façon évidente, une preuve de confiance envers moi et je l'accepte comme telle. Je pense que c'est un beau service à rendre au pape, qui entre aussi dans ma vocation de jésuite, au service de l'Eglise. C'est un service dans la continuité de ceux que je rendais déjà. Les faits diront si j’en suis capable, si j'arrive bien à articuler cette responsabilité avec les autres…

Q.: Aviez-vous déjà travaillé avec Joseph Ratzinger ?


Père Lombardi: En tant que cardinal, honnêtement, non. Je le connaissais comme formateur de la doctrine de l'Eglise : en tant que préfet de la Congrégation, il ne pouvait m'être inconnu. Et je le considérais pour sa grande profondeur théologique et spirituelle.
Mais je n'avais pas de rapport personnel avec lui. Le rapport le plus profond que j’ai pu avoir avec lui consistait en réalité dans le fait qu’il ait été un élément important de ma formation théologique, même indirectement. Quand j'étudiais la théologie en Allemagne, il y était en effet professeur. Et, en ecclésiologie, nous étudions ses notes qu'il utilisait à l'université de Ratisbonne. C’est aussi durant ces années qu’il a écrit l'Introduction au christianisme, son premier grand livre théologique, qui m’a alors profondément marqué. Je me rappelle, en outre, être allé aux semaines théologiques d'été à Salzbourg, où il donnait des cours, justement parce que sa personnalité me fascinait. Honnêtement, pour moi, Ratzinger est resté cela pendant toutes ces années.

Q.: Le connaissez-vous mieux depuis qu’il est pape ?

Père Lombardi: Comme pape, nous l’avons tous mieux connu, parce que nous l’avons vu en public. Avec le CTV, nous avons repris toutes les images le concernant à partir des funérailles de Jean Paul II et du conclave. Ratzinger a été une personnalité que nous avons suivie jour après jour avec nos outils.
Quant aux occasions personnelles de l’approcher, j’en ai eu quelques-unes. Très gentiment, il nous a reçus à déjeuner après ses voyages à l’étranger. Il a repris la tradition de Jean Paul II d’inviter à un déjeuner de travail les responsables de la communication au Vatican, pour parler avec eux de la façon dont vient de se passer un voyage. Il a d’ailleurs suivi ces échanges avec beaucoup d’intérêt. Ces rencontres ont été pour moi les premières occasions pour le voir de près, mis à part son salut aux membres de la suite papale lors des voyages.
L’autre grande occasion a été sa visite de la radio vaticane à l’occasion de son 75e anniversaire (le 3 mars 2006). Là, je l’ai suivi de près pendant une heure et demie. Il a manifesté sa gentillesse, sa proximité, sa disponibilité à écouter, son attention aux personnes.
En outre, lors de ma nomination à la tête de Radio Vatican, puis du Bureau de presse du Saint-Siège, il m’a gentiment accordé à chaque fois une audience personnelle.

Q.: D’après vous, quelle vision Benoît XVI a-t-il des médias ?

Père Lombardi: De formation et comme personnalité, Benoît XVI est un grand intellectuel, un grand théologien. Ce n’est donc pas un technicien de la communication et des médias. Mais, en même temps, il est, selon moi, un très grand communicateur. Car quelqu’un qui sait présenter la théologie et les contenus de l’enseignement de l’Eglise sous forme d’homélies, de conférences, de dialogues et de réponses libres avec les personnes l’interrogeant, comme lors de ses rencontres avec le clergé, est un grand communicateur. Aujourd’hui, nous sommes obsédés par les technologies de communication et leur donnons plus de place qu’au contenu lui-même. Lui, au contraire, a de grands contenus à communiquer.

Q.: Malgré tout, Jean Paul II était considéré comme plus médiatique que son successeur…

Père Lombardi: Chaque personnalité a des aspects qui lui sont propres. Bien sûr, Jean Paul II a fait de grands pas pour la communication. Avec ses gestes et ses comportements, sa capacité de dialogue avec les jeunes, il a ouvert de grands horizons… Mais en réfléchissant sur Jean Paul II, je suis arrivé à la conclusion que le secret de sa communication et du respect que les médias avaient de lui n’étaient pas tant ses dons personnels que sa cohérence, sa sincérité, la vérité de sa personnalité et son courage de s’exposer. C’est ce qui compte à la longue. Si quelqu’un le fait avec des plaisanteries formidables ou de façon plus conceptuellement linéaire, c'est secondaire. Benoît XVI n’a donc rien à envier à Jean Paul II de ce point de vue-là. S’il a quelque chose à dire, il le dit. Par ailleurs, il s’est déjà montré plus disponible que Jean Paul II pour certaines demandes des médias. La grande interview qu’il a donnée à Radio Vatican avant son voyage en Allemagne, celle donnée à la télévision polonaise sur son prédécesseur, et celle en allemand réalisée avant son voyage en Bavière, sont de grandes interviews, dans lesquelles il répond aux questions avec un grand naturel.

Q.: Sur le plan de l’organisation des médias au Vatican, on parle de simplification de l’administration. Qu’en dites-vous ?

Père Lombardi: Le discours, dans un certain sens, est assez évident. Il existe différents médias qu’il est normal que l’Eglise utilise. Dans l’ordre historique, il s’agit de la presse écrite, de la radio, de la télévision et d’Internet. Il y a tous ces éléments au Vatican et il est évident qu’on peut faire des synergies et les faire mieux collaborer qu’actuellement. En dirigeant la Radio et le CTV, j’ai trouvé des possibilités de synergie, de coordination, dans le respect de leurs différences. Car elle demeurent des institutions différentes et personne ne m’a jamais dit de les intégrer institutionnellement. Quand on regarde la télévision, on voit les images et on entend un son : le son vient de Radio Vatican et l’image du CTV. Ils font ensemble un produit unique, donc il est évident que ces institutions doivent collaborer. C’est une image pour dire que la collaboration et la synergie sont nécessaires. Il y a donc certainement des possibilités de collaboration et, aussi, dans d’autres directions, qui peuvent se développer. Je n’ai aucun mandat pour faire des changements ou des évolutions particulières. Mais, si je peux faire quelque chose pour promouvoir les services des différentes institutions, afin qu’elles se coordonnent ou s’intègrent de façon à offrir globalement un meilleur service, je suis content de le faire.

Sources:Eucharistie sacrement de la miséricorde - 18.08.2006 - BENOÎT XVI




 

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