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DANS LA PRESSE "NATIONALE"
 

La plupart du temps, c'est dans la presse dite d'extrême-droite (eux préfèrent dire "presse nationale"), exclue des revues de presse pour cause de non-politiquement correct, que l'on trouve les meilleures analyses, et les soutiens les plus énergiques.
Comme dans l'hebdomadaire "Minute", où Jérôme Prieur signe un long article très fouillé (lire ici: joel-prieur.pdf [29 KB] )
En complément de l'article, il nous livre un petit commentaire qui est loin d'être anodin, sur le sens du mot déshellénisation employé par le Saint-Père, et qui pourrait bien être la clé de la compréhension du discours de Ratisbonne:
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Paradoxe de ce discours de Ratisbonne : il est cité pour les quelques lignes où le pape parle de l'islam.
On oublie que l'essentiel du propos de l'homme en blanc était de dénoncer ce qu'il appelle « la déshellénisation du christianisme ». Ce nouveau concept, la déshellénisation (du jamais entendu !), marque bien le souci constant du pontife : il faut conserver non seulement la foi mais la culture chrétienne traditionnelle, cet alliage de foi et de raison, ce logos qui a engendré les saints mais qui nous vient tout droit des sages de la Grèce ancienne.
S'il y a quelque chose qui n'est pas nouveau, c'est cette allergie du pape pour tous les prophètes de l'avenir radieux, qui transforment le christianisme en une prédication sectaire pour illuminés et autres agités du bocal. Lorsqu'en 1984 le cardinal Ratzinger condamne la « théologie de la libération » qui sévit en Amérique latine, c'est déjà parce qu'il déteste « le venin du Magnificat » comme disait Maurras. Son Christ est résolument grec ! Sa foi en la « religion vraie » est une foi éclairée par la sagesse humaine et qui reconnaît, avant tout, les droits de la pensée.
Herr Professor Doktor n'a pas envie d'un christianisme au rabais. Il veut, de toutes ses forces, réconcilier les catholiques avec la richesse de leur héritage intellectuel et spirituel. Dans ce monde tout instantané, où le travail de la tête se réduit à l'art du coup de boule, sa tâche est colossale !
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Sur le même ton, il y a aussi cet article signé Topoline, dans "National Hebdo"


Le crime de Benoît XVI.

CROIRE ENCORE QUE LA CULTURE EST UNE VALEUR UNIVERSELLE

Alors que se propage, après le discours du pape Benoît XVI, une campagne haineuse qui ressemble à celle déclenchée par les caricatures du Prophète voilà quelques mois, on en vient à s'interroger sérieusement sur le rôle et la place de la culture. Précisément, la culture prise sous l'angle du savoir et non seulement de l'anthropologie, est-elle encore une valeur quand se manifestent, partout, les ravages mortifères de la bêtise et de l'obscurantisme ?

Culture contre cultures, apprentissage et savoir contre faits de société... On aurait tort de ne voir là qu'une question de sémantique, d'interprétation. Non, il semble bien que ce soit là le coeur de cette "guerre des civilisations" qui nourrit tous les fantasmes.
La définition, la conception humaniste de la culture est le point central. autour duquel tout s'articule ; le glissement sémantique (opéré chez nous au détour des années 80) est le poison qui a contaminé et perverti les esprits en instaurant cette nouvelle norme qu'est le relativisme culturel. On a dénigré la culture (valeur bourgeoise discriminante) pour mieux lui substituer les cultures (valeur égalitaire et humanitaire), puis on a ravalé les savoirs à de simples opinions. Alors, dans ce monde où tout se vaut, tout devient possible, y compris l'intolérance, au nom du respect et de la tolérance.
...
[..]Cela nous amène directement à la nouvelle campagne contre le pape, victime tout à la fois des fanatiques de la tolérance et de l'intolérance.
Il est utile, tout d'abord, de redire qui est le cardinal Joseph Ratzinger, devenu pape sous le nom de Benoît XVI.
C'est un homme qui, pendant cinq ans et jusqu'à son ordination en 1951, a étudié la philosophie et la théologie à l'Université de Munich et à l'Institut supérieur de Freising où, l'année suivante, il commençait à enseigner. En 1953, il obtient son doctorat en théologie. Devenu professeur titulaire de théologie dogmatique et fondamentale à l'Institut de Freising, il poursuit son activité d'enseignement à Bonn, à Münster puis à Tübingen. En 1969, il obtient la chaire de dogmatique et d'histoire du dogme à l'Université de Ratisbonne, où il exerce également la charge de vice-président de l'Université.
C'est là, à Ratisbonne, dans le cadre d'une rencontre avec les représentants de la science, que le pape prononçait le 12 septembre un discours « d'une très haute tenue intellectuelle, loin, très loin des anathèmes que beaucoup veulent lui prêter », comme l'écrit Y. Thréard dans son éditorial du Figaro. Un discours, qui s'adresse à ses pairs et n'est rien d'autre, justement, qu'une synthèse puissante du débat sur les rapports entre foi et raison, et un appel à la sagesse destiné à toutes les confessions.
C'est contre cela qu'aujourd'hui on défile et que demain l'on va sans doute tuer, incendier et piller. Aussi bien, il faut saluer ce lecteur qui écrit à Libération pour dire : « J'invite tous les lecteurs de Libé à prendre connaissance de l'intégralité de l'intervention de Benoît XVI [...]. C'est un texte qui interroge les liens entre la raison et la foi,une invitation au dialogue entre les cultures. Il n'y a rien dans de texte d'offensant envers l'islam si ce n'est une invitation à se questionner sur l'usage de la raison, le pape s'appuyant sur le texte de l'empereur byzantin qui conclut; "Ne pas agir selon sa raison, ne pas agir avec le logos est contraire à la nature de Dieu". Cela est peut-être contraire aux dogmes de l'islam. Et alors ? »

Mais combien iront lire ? Combien comprendront ? Combien souhaiteront seulement essayer de comprendre ?

Bien peu sans doute, et en tout cas pas ceux qui défilent en hurlant.
Le drame de ce pape est qu'il est l'un des derniers représentants d'une espèce en grand danger de disparition les hommes de culture. Cela dans un temps et dans un monde qui honnit la culture, le savoir comme l'histoire.


La pensée tiède

Le pape, victime de la "pensée tiède" et du fanatisme

Un monde agité d'un côté par le fanatisme guerrier et de l'autre immobilisé par la « pensée tiède »...
« La pensée tiède aime la douceur moite des-grandes idées qui ne font de la peine à personne : la liberté, le respect, la tolérance, la créativité... Elle déteste les mises en perspective, aussi pense-t-elle que la meilleure façon de résoudre les problèmes, c'est de ne pas les poser. Qu'une liberté ne se pose qu'en s'opposant -ou en fédérant autour d'elle des héritages qui lui sont étrangers, voilà ce que la pensée tiède se refuse à prendre en compte. Les robinets-d'eau tiède n'ont pas d'ennemis », écrit P. Petit. « Au fond, les gens ont toujours raison de vivre comme ils le font tel est le message diffusé, poursuit-il. La haine du négatif développe une vision angélique du monde. Au nom du respect et de la tolérance, incomparables et imparables alibis, la pensée tiède a évacué toute théorie de la soumission : la croyance religieuse est justifiée comme l'expression d'une identité ». Jusqu'à la charia.

Topoline, NH du 21 sept


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