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 LE THÉOLOGIEN
De A à Z

FERMETURE DES ÉGLISES
 

La gloire de Dieu aujourd'hui, (éd. Parole et Silence) Joseph Ratzinger, page 202


 

Il y a bien longtemps, on pouvait trouver dans de nombreuses églises des régions préalpines une affiche dont le texte devrait aujourd'hui encore, nous incite à réfléchir:
"Aidez-nous à garder nos églises ouvertes pour qu'elles restent des lieux de prière silencieuse."
Cette affiche montrait l'immense portail de la vieille cathédrale de Frauenchiemsee avec ses deux têtes de lion sur le chapiteau, montant pour ainsi dire la garde à l'entrée de ce lieu sacré. Sur l'image, on voit un portail à moitié ouvert : les lions montent la garde mais n'empêchent pas tous ceux dont l'esprit est en harmonie avec celui de l'église de pénétrer en ce lieu. L'église est donc en même temps ouverte et protégée. Le lion, qui la garde et lui rend sa liberté simultanément, correspond à cette crainte respectueuse face au sacré qui est plus efficace qu'un verrou car elle protège de l'intérieur.
Nos églises ont bénéficié de cette protection pendant des siècles et ont pu rester ouvertes. Personne n'avait besoin de se faire de souci pour les choses précieuses qu'elles contenaient et qui s'offraient au regard de tous.

... notre civilisation disposait [...] dans ses églises d'une sorte de musée public de la beauté où l'art n'était pas le privilège de quelques-uns et l'expression du passé mais un présent bien vivant, le centre commun de la vie destiné à tous et leur apportant la lumière dont ils avaient besoin dans leur vie quotidienne.
Aujourd'hui, nous risquons d'assister à la disparition de tout cela.
Disparition qui correspond à un effondrement psychique et en dernière instance, à la chute de la civilisation dans la barbarie.
De plus en plus souvent, le promeneur tombe sur des églises fermées : la représentation du lion ne suffit plus, le verrou l'a remplacée. Le vol des objets d'art dans nos églises est devenu de plus en plus systématique ces dernières années.
...
L'église fermée qui est censée protéger tout le bien collectif qui s'y trouve n'est pas une réponse réconfortante. Car elle signifie que nous capitulons devant ce genre d'esprit malfaisant. Elle signifie que l'église arrête d'être ce qu'elle était jadis et que le centre sacré et collectif de la vie où nous nous ouvrons les uns aux autres et où Dieu et le monde des saints s'ouvrent à tous, est voué à la disparition. Elle signifie que l'Église capitule face à la loi de notre époque, face à la marchandisation de toutes les choses où tout n'est plus que marchandise, nous y compris.

... le destin de l'église comme édifice symbolise ici celui de l'Église vivante. L'église fermée est l'expression d'une Église qui ne plus être ouverte de l'intérieur car elle n'est plus capable de se mesurer à l'esprit malfaisant de notre époque.
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Les propos du cardinal Faulhaber selon lequel "la culture de l'âme est l'âme de la culture" prennent ici tout leur sens. Les églises fermées et pillées devraient être le signal d'alarme qui nous ramène à la culture de l'âme avant qu'il ne soit trop tard.


 

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