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 LE THÉOLOGIEN
De A à Z

LITURGIE
 

"Entretiens sur la foi", Vittorio Messori


 

« Devant certaines applications concrètes de la réforme liturgique, et surtout devant les positions de certains liturgistes, la dimension du malaise est plus vaste que celle de l'intégrisme. Autrement dit, ceux qui expriment un tel malaise ne sont pas tous pour autant des intégristes. »

...Même avec la simplification et une formulation de la liturgie rendue plus compréhensible, il est clair que le mystère de l'action de Dieu dans l'Église doit être sauvegardé ; et donc qu'il faut instituer à l'intention des prêtres et des communautés le caractère inviolable de la substance liturgique et son caractère pleinement ecclésial (...)
C'est pourquoi on doit s'opposer beaucoup plus fermement qu'on ne l'a fait jusqu'à présent à l'aplatissement rationaliste, aux vains bavardages, à l'infantilisme pastoral, qui rabaissent la liturgie catholique au niveau d'un club de village et veulent la réduire au style des journaux à sensation.

[Les Pères du Concile avaient recommandé]: " L'usage de la langue latine, sauf cas particuliers, doit être conservé dans les rites latins"; "... qu'on ait soin que les fidèles sachent réciter et chanter ensemble, aussi en langue latine, les parties de l'Ordinaire de la Messe qui leur sont réservées"; "Selon la tradition séculaire du rite latin, que les clercs gardent dans l'office divin la langue latine" .

[Il y a eu] un déphasage - malheureusement fréquent au cours de ces années - entre ce que le Concile a édicté, la structure authentique de l'Église et de son culte, les véritables exigences pastorales du moment, d'une part, et, d'autre part, les réponses concrètes de certains secteurs cléricaux.
...
« Il y a eu des années où les fidèles qui se préparaient à assister à un rite, à la messe elle-même, se demandaient de quelle manière,ce jour-là, allait se déchaîner la "créativité" du célébrant... » - ce qui était en contradiction surtout avec l'instruction inhabituellement sévère et solennelle du Concile « Le gouvernement de la sainte liturgie dépend uniquement de l'autorité de l'Église : il appartient au Siège apostolique et, dans les règles du droit, à l'évêque (...). C'est pourquoi absolument personne d'autre, même prêtre, ne peut de son propre chef ajouter, enlever ou changer quoi que ce soit à la liturgie. »

« La liturgie n'est pas un show, un spectacle qui ait besoin de metteurs en scène géniaux ni d'acteurs de talent. La liturgie ne vit pas de surprises "sympathiques", de "trouvailles" captivantes, mais de répétitions solennelles. Elle ne doit pas exprimer l'actualité et ce qu'elle a d'éphémère, mais le mystère du Sacré.
Beaucoup ont pensé et dit que la liturgie devait être "élaborée" par toute la communauté pour lui appartenir vraiment. C'est une vision qui a conduit à en mesurer le "succès" en termes d'efficacité spectaculaire et de divertissement.
Mais, de cette façon, on a perdu le proprium liturgique, qui ne découle pas de ce que nous autres faisons, mais du fait qu'il advient Quelque chose que nous, tous ensemble, ne pouvons pas faire, justement. Dans la liturgie opère une force, un pouvoir que même l'Église tout entière ne saurait nous conférer : ce qui s'y manifeste est l'absolument Autre qui, à travers la communauté (qui n'en est donc pas maîtresse, mais servante, le simple instrument), arrive jusqu'à nous. »


Musique sacrée

« .. de nombreux liturgistes ont mis de côté ce trésor [de la musique sacrée, cette musique traditionnelle de l'Occident catholique] en le déclarant "ésotérique", ils l'ont écarté au nom de l'accessibilité, pour tous et à tout moment, de la liturgie post-conciliaire. Donc, plus de "musique sacrée" - reléguée au mieux, en des occasions spéciales, aux cathédrales -, mais seulement une "musique d'usage", des chansonnettes, des mélodies faciles, ce qu'il y a de plus courant. »
«L'effrayant appauvrissement qui se manifeste là où l'on chasse la beauté et où l'on s'assujettit seulement à "l'utile", est devenu de plus en plus évident. L'expérience a montré que le fait de s'en tenir à la seule notion de l"'accessible à tous" n'a pas rendu les liturgies véritablement plus compréhensibles ou plus ouvertes, mais seulement plus indigentes.
Liturgie "simple" ne signifie pas misérable ou à bon marché : il y a une simplicité qui vient du banal, et une autre qui découle de la richesse spirituelle, culturelle et historique...
Là encore, on a banni la grande musique de l'Église au nom de la "participation active" mais cette "participation" ne peut-elle pas signifier aussi perception par l'esprit et par les sens ? N'y a-t-il vraiment rien d'actif dans le fait d'écouter, de percevoir et de s'émouvoir?

« Une Église qui se contente de faire de la musique "d'usage" tombe dans l'ineptie et devient elle-même inepte. Il lui incombe quelque chose de plus élevé. ...
L'Église ne peut se satisfaire du seul usuel au goût de la communauté : elle doit réveiller la voix du Cosmos et, en glorifiant le Créateur, dévoiler au Cosmos sa gloire, le rendre lui-même glorieux et, par là, beau, habitable, aimable. »


 

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