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 LE THÉOLOGIEN
De A à Z

PROCRÉATION ASSISTÉE
 

Voici quel est notre Dieu, Peter Seewald, page 94


 

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Il est nécessaire de distinguer d'abord entre ce que les hommes ont fait et ce qu'ils sont. Celui qui a accédé à la vie humaine de cette manière [la fécondation in-vitro] est un être humain que nous devons aimer et reconnaître comme tel. Le fait que nous devions refuser cette façon de mettre des hommes au monde ne doit pas entraîner que nous stigmatisions ceux qui sont nés ainsi. Quoi qu'il en soit, nous reconnaissons en eux le mystère de l'être humain et les acceptons comme tels. Je crois que cela est très important.

...on s'est engagé dans une voie funeste. Dès le début, l'Église catholique avait mis en garde contre cette façon de produire la vie humaine.
Cette production se présentait d'abord dans des formes tout à fait innocentes, comme beaucoup de choses qui débutent toujours innocemment. Il s'agissait d'abord de fournir une aide à des couples sans enfant. Le problème est encore relativement simple s'il s'agit d'un couple de bonne volonté et qui peut de cette façon avoir un enfant. Mais la pente devient glissante lorsqu'on croit pouvoir forcer la nature par tous les moyens pour avoir un enfant et considérer celui-ci comme un droit. De cette manière, l'enfant est réduit à une chose que l'on possède. Il ne vient plus de la liberté du créateur, liberté qui s'exprime aussi dans l'imprévisibilité de la nature.

Il existe de nos jours un grand danger, qui se généralise, de considérer l'enfant comme un droit, comme un bien que l'on possède. En lui les parents veulent non seulement se représenter eux-mêmes, mais encore concrétiser ce qui dans leur propre vie n'a pas été réussi : par là ils veulent réellement se répéter eux-mêmes et se justifier. C'est forcément une source de rébellion contre les parents. Cette rébellion plaide pour la volonté d'être soi-même et d'avoir son propre espace de droit.
Chaque homme est issu de la liberté de Dieu et y trouve son propre droit. Les parents qui éduquent leur enfant doivent le conduire à être lui-même et non le revendiquer pour eux; c'est là le vrai noyau d'un programme éducatif anti-autoritaire.
Il est faux toutefois de rejeter toute éducation sous prétexte qu'il s'agirait d'une manipulation de la liberté. La liberté a besoin d'être aidée au départ et accompagnée ensuite. Une éducation vraiment compréhensive ne manipule pas l'enfant en vue de reproduire le modèle de l'éducateur mais cherche à lui laisser sa propre personnalité et à lui permettre de trouver son propre chemin.

[L'assemblage génétique de l'homme...] commence de manière anodine, altruiste, mais lorsqu'on n'accueille plus l'enfant comme un don, et qu'on veut se le faire fabriquer comme en cas de nécessité, un seuil est franchi. À la place d'un acte d'amour, est accompli un acte technique dont fait partie la fécondation in vitro.
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Nous ne savons pas tout ce qui peut encore arriver, à partir de quand cela arrivera et à quelle catastrophe cela conduira. Heureusement que nous ne le savons pas. Ce que nous savons, c'est qu'il nous faudra nous opposer à une telle mainmise sur l'existence humaine, allant jusqu'à la manipuler et en disposer. Il ne s'agit pas d'empêcher la liberté de la recherche scientifique ou le développement des possibilités techniques mais de défendre la liberté de Dieu et la dignité de l'homme car c'est cela qui est en jeu. Celui qui est parvenu à cette conviction à partir de sa foi - mais il y a aussi beaucoup de non-chrétiens qui la partagent - a le devoir d'intervenir pour que cette frontière soit perçue et considérée comme infranchissable.


 

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