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CATHOPHOBIE, ENCORE

Cathophobie

Entretien avec Michel de Jaeghere , qui a publié en 2005 une "Enquête sur la christianophobie" aux Editions de la Renaiissance
source: le Salon Beige

"Les catholiques pratiquants constituent une minorité contre laquelle tout est permis.
J’ai recouru au néologisme « christianophobie », car le ressort profond de ce mouvement est la haine du Christ (...). Cette christianophobie se manifeste à travers des comportements très divers par leurs procédés et leur gravité (...) mais aussi par un goutte-à-goutte, une infinité de petites vexations auxquelles nous finissons par nous habituer et qui nous inclinent à considérer notre condition de chrétiens pratiquants comme marginale. (...)

Cela va du ton de dérision qu’adoptent les commentateurs de la télévision dès qu’ils traitent de questions spirituelles aux campagnes de presse organisées contre Rocco Buttiglione, ce commissaire européen révoqué pour avoir dit que l’homosexualité est un péché, ou contre Mel Gibson, victime d’une chasse à l’homme pour avoir porté à l’écran la Passion du Christ.
Des poursuites judiciaires contre le député Christian Vanneste aux églises taguées ou incendiées.
De la promotion des pseudo-exégètes qui remettent en cause l’historicité des Evangiles aux films à grand spectacle qui présentent l’histoire de l’Eglise comme une succession de violences. De la promotion des mémoires de l’abbé Pierre à la diffamation de Pie XII. (...)

(...)

... l’affrontement oppose, d’une part, les lobbies qui tiennent les manettes de la société et se sont emparés à leur profit des moyens de coercition de l’Etat, et, d’autre part, ceux qui se réclament de la foi catholique (nos évêques étant parfois, à cet égard, aux abonnés absents).
Le champ même de la confrontation s’est déplacé : les lois sur les mœurs, par exemple, n’ont pas été voulues par l’Etat mais préparées par les lobbies, imposées par les médias et finalement entérinées par un Parlement qui n’est qu’une chambre d’enregistrement de la pensée dominante. (...)

Le catholicisme est à la fois la religion de l’immense majorité des Français dans sa version culturelle (...) (plus de 60 % sont encore baptisés), et une minorité parmi d’autres dans sa version pratiquante, puisque l’on ne compte en France que 5 à 10 % de pratiquants.
Cela donne bonne conscience à ses accusateurs : en le diffamant, ils ont le sentiment d’être des anticonformistes qui s’attaquent à une majorité alors même qu’ils épousent le courant dominant. En revanche, quand les catholiques demandent la parole pour répondre, on la leur refuse sous prétexte que les pratiquants sont minoritaires."


 

J'ajouterais personnellement aux "petites - et grandes - vexations", en vrac:

+ l'interdiction en France faite à la chaîne KTO de diffuser sur la TNT, au prétexte, selon l'autorité du CSA, elle serait trop "communautaire", et toucherait un public trop restreint (que dire alors de la chaîne ARTE, financée à grand frais par le contribuable?);

+ les innombrables téléfilms -apparemment anodins, en réalité grosses machines de propagande, insidieuses et très efficaces - qui ridiculisent les pratiques chrétiennes, montrent des prêtres homosexuels, ou hypocrites (cf la série "Louis Page"), calomnient grossièrement les "anti-avortements" ;

+ aux films et téléfilms évoqués, s'ajoute l'abondante littérature qui , surfant sans vergogne sur le succès du Da Vinci Code, fleurit en ce moment pour décrire le "Vatican" comme un repère de fanatiques, d'intrigants et de criminels n'ayant d'autres but que de dissimuler "par tous les moyens" de "terribles secrets" (après "Le secret du 13ème apôtre", dont j'ai parlé ici, et d'autres opus plus lamentables encore qui m'ont échappés, le dernier en date, un pavé américain traduit en français sous le titre "Le 3ème secret" décrit par le NY Times comme une sorte d'apothéose du genre, met en scène, autour des apparitions de la Vierge à Fatima ceux qui, "à l'ombre du Vatican, veulent à tout prix garder secrète la terrible vérité"- sic..). Un lecteur du Forum catholique a relevé, dans la même veine exactement un livre intitulé "Le secret des Templiers" (voir ici:http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=197122).
Ce qui est troublant, dans ce cas, ce n'est pas tel ou tel livre (ils sont tous pitoyablement écrits), mais leur accumulation, et leur exposition.

+ Le black-out pratiquement total sur les cathéchèses de Benoît XVI (cf le blog de Sandro Magister: le grand vaticaniste, parlant des cathéchèses, dit "Ma al di là della cerchia dei suoi ascoltartori fisici? Le catechesi del papa arrivano a pochi, a pochissimi. Fatti salvi gli organi cattolici specializzati, praticamente nessuno dei media le ritrasmette)"), et, dans la même logique, le boycott récent de son voyage en Pologne par la télévision, à coup sûr en France, probablement en Italie, et même en Allemagne, comme cela a été rapporté méchamment par Libération. J'avais déjà observé le même phénomène lors des JMJ.

+ les choix éditoriaux éminemment partiaux: à la Fnac, il est frappant de voir le rayon "Religions", maigrement achalandé en ce qui concerne le religion catholique, voisinant avec le boudhisme, le judaïsme, et l'islam: encore ce sous-rayon présente-t'il en évidence un livre au maximum, de ou sur le Pape, qui voisine avec les ouvrages violemment cathophobes de Michel Onfray, les élucubrations de Jacques Duquesne, une méchante enquête sur "le Vatican", intitulée "Le saint piège" (!!!!) et les inévitables livres de l'Abbé Pierre, qui n'intéresse l'édition que parce qu'il peut servir à démolir le système de l'intérieur. Un peu comme "Mgr" Gaillot, qui, à l'occasion de l'élection de Benoôit XVI a passé quelques jours d'extase -pour lui!!!, pas pour nous- à courir les plateaux de télé. Inutile de dire que le livre de Michel de Jaeghere ne se trouve pas dans les rayons de la Fnac, ou de Virgin...

+ les calomnies récurentes sur la propagation du sida

+ la surmédiatisation incroyable et disproportionnée de tous les faits divers impliquant des prêtres (et pas seulement les affaires de pédophilie)

etc...
La liste serait interminable. Sans oublier la volonté manifeste de présenter les catholiques comme une communauté (le mot à la mode!!!) parmi d'autres, avec ses coutumes bizares mises au même niveau que le nouvel an chinois, le Carême étant chaque année comparé au ramadan, avec reportages-télé à l'appui.

Tout cela serait risible, si le phénomène, en s'amplifiant, en prenant la forme d'un véritable "terrorisme intellectuel", ne devenait franchement inquiétant.
Benoît XVI, alors qu'il était encore le Cardinal Ratzinger, s'en inquiétait d'ailleurs déjà, et le Pape qu'il est devenu depuis reprend jour après jour le même message d'angoisse.
Il répondait alors ainsi à une question de Peter Seewald dans le livre d'entretiens "Voici quel est notre Dieu"


 

PS: En lien avec la perte de sens du christianisme dans une société sécularisée, vous avez évoqué un tout nouveau danger pour la foi encore totalement sous-estimé : la possibilité d'une subtile dictature de l'opinion antichrétienne. On accepte encore un christianisme adapté, aérodynamique, donc un joli christianisme, alors que les porteurs de la foi authentique passent pour des durs et des fondamentalistes et sont ainsi discrédités.

JR: Je crois que c'est un vrai danger.
Ce n'est pas qu'on persécute publiquement les chrétiens : ce serait vieux jeu et inconvenant. Non, on est tout à fait tolérant et naturellement ouvert à tout. Mais il y a des choses sur lesquelles on est d'autant plus catégorique et qui sont exclues, et qui sont alors cataloguées de fondamentalistes, même là où il peut s'agir de foi authentique.
Je pense qu'on peut arriver à une situation où la résistance doit s'organiser, face à la dictature d'une tolérance qui n'est qu' apparente et qui met hors circuit le scandale de la foi en la déclarant intolérante.
Ici apparaît vraiment au grand jour l'intolérance des « tolérants ».
Le croyant ne cherche pas l'affrontement, mais un espace de liberté et une mutuelle acceptation. Il ne peut formuler sa foi à l'aide de formules standard et d'étiquettes adaptées à la modernité. Il est engagé dans une fidélité supérieure à l'égard de Dieu et il doit compter avec des situations conflictuelles d'un tout nouveau genre.


 

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