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SOURIRE DU 1ER AVRIL
 

"Sourire du premier avril"
Un dialogue imaginaire, mais plus vrai que nature, entre Jean-Paul II et Joseph Ratzinger. Plein d'humour, aussi, comme les deux protagonistes
Il a été inspiré à une amie par une interview du Cardinal Ratzinger, reproduite sur Arte en avril 2005 ("Itinéraire d'un pape")
Voici l'extrait de l'émission: Joseph se fait prier ; on y apprendra de la bouche même du cardinal Ratzinger la chronologie des évènements...
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Rome, janvier 2002

-
Cardinal Ratzinger, entrez je vous en prie. Vous avez demandé à me voir ?
- Oui Saint-Père, voilà j’ai une requête à vous présenter. Je vais avoir soixante- quinze ans cette année, c’est l’âge de la retraite pour les cardinaux de la curie et j’aimerais retourner en Allemagne. J’ai…

- Excusez-moi, cardinal Ratzinger. Vous me parlez de retraite, alors que je tiens à peine debout et que vous trottez comme un jeune homme tous les matins place Saint-Pierre ? Vous avez tous vos cheveux, une oreille de musicien, vous ne portez même pas de lunettes. Non, cardinal Ratzinger, j’ai besoin de vous ici. Je vous rappelle que j’ai mis trois ans pour vous faire venir à Rome. J’ai dû beaucoup négocier, tout pape que je suis.
La première année, c’était en 1979, peu après mon élection, vous veniez d’être nommé cardinal de Munich et vous vous sentiez lié par un devoir de fidélité à cette ville. Je l’ai bien compris.
L’année suivante, vous aviez des difficultés dans votre diocèse et vous ne vouliez pas partir sans les avoir résolues. Votre départ aurait été considéré comme une fuite. J’ai en convenu aussi. De toutes façons, vous avez toujours des arguments imparables, avec vous je ne discute pas, ma technique c’est d’attendre.
La troisième année, c’était en 1981, après mon attentat. Vous n’osiez pas vraiment me refuser quelque chose. Vous m’avez demandé de vous autoriser à continuer à publier en votre nom, en plus de votre travail à la congrégation de la doctrine de la Foi. Je vous l’ai accordé, malgré l’avis de certains de mes collaborateurs, je dois dire.
Alors maintenant que vous êtes là, je vous garde. Je sais que je vous retiens ici depuis vingt ans alors que le mandat de préfet à la doctrine de la Foi est de cinq ans. Ce n’est pas la première fois que vous me proposez votre démission, mais j’ai besoin de vous à Rome, cardinal Ratzinger, s’il vous plait.

- Jean-Paul II souriant :Ecoutez, Joseph, vous êtes un homme remarquable, je suis bien placé pour le savoir. En plus, vous ne cherchez jamais à vous mettre en avant, ce qui n’est pas le cas de tout le monde à la curie. Mais vous avez quand même une petite coquetterie d’ecclésiastique : Vous aimez bien vous faire prier par vos pairs, y compris par votre pape.

- Jean-Paul II, visiblement amusé
Si demain les cardinaux veulent vous choisir comme pape, Il va falloir qu’ils mettent le paquet, si je peux me permettre. Il faut que quelqu’un les préviennent. Pour que vous restiez à Rome, il faudra qu’ils s’accordent à la quasi-unanimité sur votre nom en un temps record, sinon vous repartez chez vous. Voyons, si je me souviens bien, il a fallu … huit tours de scrutins pour m’élire, pour vous c’est quatre tours au maximum.

- Mais le mois dernier, le cardinal Martini vous a fait la même requête et vous l’avez acceptée.
- Je sais que vous avez beaucoup d’estime pour le cardinal Martini. Carlo Maria Martini, Archevêque Emérite de Milan. Et bien, Martini voulait se retirer à l’école biblique de Jérusalem. J’ai trouvé que c’était une très bonne idée ! Je vous rappelle qu’il a un début de Parkinson, cardinal Ratzinger.
Ecoutez, c’est vrai que Martini est un homme remarquable, mais je peux me passer de lui à Rome. -J’ajouterai même, cela restera strictement entre nous, très facilement-. Mais j’ai besoin de vous ici. (Souriant) C’est bien ce que je disais…

- Joseph, non seulement je vous demande de rester, mais je voudrais vous demander une chose supplémentaire. Le doyen des cardinaux va bientôt nous quitter, et j’aimerais que vous soyez le prochain doyen. J’appuierai votre nomination, et je ne doute pas une seconde que vous soyez élu. Cela veut dire que je veux que vous restiez jusqu’à la fin et même un peu au-delà. J’aimerais que ce soit vous qui dirigiez les réunions des cardinaux préparatoires au conclave et je veux que ce soit vous qui célébriez mes funérailles, Joseph. Ceci dit, nous savons tous les deux que ce temps là est proche et vous n’aurez pas trop à attendre. Le Seigneur va bientôt me rappeler à ses cotés. A ce moment là, vous pourrez retourner en Allemagne.
- Jean-Paul II tout bas, comme s’il se parlait à lui-même
Heu …. L’esprit Saint est parfois malicieux…

- Je vous demande pardon ?
- Non, non, c’était une « private joke », cardinal Ratzinger. Vendredi, faites moi penser à vous montrer la lettre que m’a envoyée l’archevêque de Johannesburg. Il me pose une question délicate et j’aimerais bien avoir votre avis.
- Et pour mon départ ?
- C’est non, cardinal Ratzinger. Vous avez une autre question ?
- Heu, non.
- Et bien à vendredi alors.
- A vendredi.


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