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LE MONDE, J MOINS 1

Sanction du vatican

Un théologien de la libération et un expert du dialogue des religions sanctionnés par le Vatican
LE MONDE | 08.05.07 | 14h37

La machine vaticane à sanctionner les théologiens suspects fonctionne à plein régime. Le 14 mars, le jésuite espagnol Jon Sobrino, ex-conseiller de Mgr Oscar Romero, archevêque de San Salvador assassiné en 1980, a fait l'objet d'une "notification" de la congrégation romaine pour la doctrine de la foi pour deux ouvrages déjà anciens, jugés non conformes à la doctrine de l'Eglise : Jesucristo liberador, traduit en plusieurs langues (1991), et La fe en Jesucristo (1999).

L'auteur refusant de se rétracter, le dossier a été transféré au nouvel archevêque de San Salvador, Mgr Saenz Lacalle, membre de l'Opus Dei, qui vient d'interdire au récalcitrant tout droit de publier et d'enseigner. Dans une lettre à son supérieur, le "général" de la Compagnie de Jésus, Jon Sobrino écrit que la sanction qui le frappe s'insère "dans une campagne de diffamation de trente ans contre la théologie de la libération au détriment de l'Eglise des pauvres".

A Paris, un autre théologien, le dominicain Claude Geffré, ancien professeur à l'Institut catholique de Paris, expert du dialogue des religions (Croire et interpréter ou le tournant herméneutique de la théologie, Cerf, 2001 ; De Babel à Pentecôte. Essai de théologie interreligieuse, Cerf, 2006), vient de se voir interdire le doctorat Honoris Causa de la faculté de théologie de Kinshasa, en République démocratique du Congo. Deux jours avant son départ pour l'Afrique, Leonard Santedi Kinkupu, doyen de cette faculté, s'est vu dans l'obligation de lui signifier de rester à Paris en raison du veto émis par la congrégation romaine de l'éducation catholique, après consultation de la doctrine de la foi. Aucune explication n'a été fournie ni à la faculté de Kinshasa, ni au maître de l'ordre dominicain à Rome.

Pour le Père Geffré, proche des théologiens asiatiques, africains et latino-américains, une conception juste du "dialogue des religions" interdit d'"absolutiser le christianisme" comme "voie de salut exclusive de toutes les autres". Mais il se défend de tout "relativisme" : "Je ne mets aucunement en cause la médiation universelle du Christ pour le salut du monde." Comme le jésuite Sobrino, il regrette des procédures romaines qui aboutissent à de telles sanctions.

Henri Tincq
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Sur ce sujet, voir Sandro Magister: La sentence qui frappe le théologien Jon Sobrino vise tout un continent


 

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