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 BRÉSIL 2007
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VISITE À LA "FAZENDA SPÉRANDA"
 

Les photos postées sur ce site hier, après la visite du Saint-Père au centre de réinsertion de la "Ferme de l'Espoir" (Photos du quatrième jour ) ne donnent qu'un faible aperçu de l'atmosphère faite de spirituyalité intense, d'émotion et de grande affection, qui a baigné la rencontre de Benoît XVI avec ces jeunes blessés par la vie. Là, il avait les bras grands ouverts, personne ne pourra dire le contraire. Et il n'a pas hésité à embrasser longuement ceux qui lui ont été présentés.

Un petit détail, vu sur le direct de KTO. Un podium modeste avait été aménagé pour lui. A la fin de la rencontre, le frère Stempel s'est adressé aux jeunes, leur disant en substance, avec un grand sourire: "Le Saint-Père devait partir directement, mais il a manifesté le désir de passer parmi vous. Promettez que vous laisserez libre le passage pour le Saint-Père".
Cette entorse au protocole -qui a peut-être donné des sueurs froides aux services de sécurité- a été salué par des acclamations, et le Saint-Père est descendu parmi les jeunes, bénissant, se laissant toucher, dans une cohue joyeuse et un enthousiasme indescriptible.

Au delà de l'anecdote, l'article de John Allen met la lumière sur le message que le pape a voulu faire passer hier, et durant tout le voyage: le Christ est au centre de tout. Aucune action sociale, si elle n'apporte pas la parole de l'Evangile, ne pourra atteindre son but.
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Article original en anglais ici: Benedict issues dramatic warning to drug dealers, but his real message is Christ
Ma traduction


 



Son vrai message est le Christ

Benoît lance un avertissement dramatique aux trafiquants de drogue, mais son vrai message est le Christ

Le quatrième jour du voyage de Benoît au Brésil devait être celui où le Pape s'est plongé dans le traumatisme social de l'Amérique latine, avec sa visite dans un centre rural pour jeunes victimes de l'alcool, ou de la dépendance aux drogues, parmi lesquels beaucoup ont été conduits là par le pauvreté et le désespoir.
Le Pape répondit aux attentes par une de ses rares menaces -cette fois aux trafiquants de drogue: il a qualifié le traffic de drogue de 'diabolique' et avertit: "Dieu vous demandera des comptes sur ce que vous avez fait. La dignité humaine ne peut pas être bafouée de cette façon".

Pourtant, même dans ce contexte, le Pape ne s'est pas écarté de ce qui a été le coeur de son message brésilien: si les fondements spirituels manquent, aucun programme pour pourvoir aux besoins sociaux ou matériels - aussi méritant qu'il soit en lui-même, comme la lutte contre la drogue - ne peut offrir la solution ultime aux souffrances humaines. Cette solution, insiste-t'il, provient d'une seule source, Jésus-Christ.

En ce sens, le voyage de Benoît XVI au Brésil revêt décidément un relief christologique.

Son message sur les drogues résonne dans l'Amérique Latine d'aujourd'hui. Autrefois considéré comme un fléau des pays lointains, la dépendance à la drogue a atteint ici les proportions d'une épidémie durant les deux dernières décennies.
... [ici, des statistiques sur le coût sanitaire, et la contimation par le virus du sida, à cause des injections intra-veineuses]

Les commentaires du pape sur le fléau de la drogue, ont eu pour cadre la "Fazenda Spéranda" (ferme de l'espoir), un centre de réinsertion fondé par un prêtre allemand Frère Hans Stempel. Il s'inspire de la spiritualité des Franciscains, et du mouvements des "Focolari". Pour atteindre l'endroit, Benoît a traversé en voiture pendant une heure la campagne brésilienne, depuis Aparecida jusqu'à un coin bucolique entouré de collines, avec une petite rivière, et de temps en temps, un meuglement à l'adresse des passants.

La beauté du décor, l'enthousiasme évident de la foule (3000 personnes, principalement des jeunes) de la Fazenda Speranza, n'ont pas pu distraire le Pape de son message christologique.

S'adressant brièvement aux Soeurs Clarisses qui travaillent à la ferme, Benoît a dit que leurs efforts "offrent un clair témoignage de l'Evangile du Christ dans cette société de consommation qui s'est retirée loin de Dieu", et les a complimentées de leurs efforts pour "vaincre les prisons et briser les chaînes de la drogue qui apportent tant de souffrance aux enfants bien-aimés de Dieu".
...
Dans le centre lui-même, Benoît insista sur le fait que le travail le plus important accompli à la Ferme de l'Espoir n'était pas la guérison physique et psychologique, aussi importante qu'elle soit, mais la conversion spirituelle -"retourner à Dieu et participer à nouveau à la vie de l'Eglise"-

"Ce n'est pas assez de guérir les corps", a dit Benoît. "Il faut aussi orner le coeur avec les plus précieux des dons divins, acquis grâce au baptême".
Citant la promesse de Jésus dans l'Evangile selon Saint-Jean que "quiconque Le suit aura la lumière de la vie", Benoît dit que sa mission est de "ranimer dans le coeur des gens cette lumière qui ne s'éteint jamais, de sorte qu'elle brille dans les recoins les plus intimes de l'âme de ceux qui cherchent la vraie bonté et la paix, que le monde ne peut donner".
"Dieu ne contraint personne, n'opprime pas la liberté individuelle", dit le pape. Il nous demande seulement d'ouvrir cette part la plus sacrée de notre conscience, à travers laqulle passent les plus nobles aspirations, mais aussi les sentiments désordonnés, les passions, qui obscurcissent le message du Très-Haut".

... La ligne de fond du message de Benoît au Brésil semble être ceci: Si vous voulez donner la vie aux peuples d'amérique Latine qui souffrent, donnez-leur le Christ. Minimiserla dimension spécifiquement religieuse du message de l'Eglise, non seulement trahit sa mission, selon lui, mais en fin de compte, échoue dans son but social initial.

"C'est Dieu seul qui est l'essence de l'amour, et dont la gloire est la pleine vie de l'homme".

Stempel, le fondateur de Fazenda Speranda, est originaire de l'archidiocèse de Paderborn en Allemagne. Il est arrivé au Brésil en 1972, et plus tard est devenu franciscain. Servant comme prêtre de paroisse dans la communauté rurale de Guarantinguetá, il a décidé de fonder un centre social, initialement pour les victimes d'abus d'alcool et de drogue, et plus tard l'a étendu pour servir d'autres populations vulnérables, y compris des jeunes mères célibataires et des familles pauvres.

C'est Stempel qui fut l'architecte de la visite de Benoît à Fazenda Speranza. En janvier 2006, il est venu à Rome pour rencontrer Benoît, et lui a présenté les lettres de 80 évêques demandant que le pape ajoute une étape ici, et en décembre 2006 il a reçu la confirmation que le pape viendrait. Aujourd'hui, il était l'hôte et le maître de cérémonie de cet événement.
...

Avant le discours du pape, cinq jeunes lui ont raconté l'histoire de leur guérison de la dépendance à la drogue, l'anorexie, et d'autres maladies. Plusieurs ont refoulé des larmes pendant qu'ils parlaient. Ajoutant une note oecuménique, une des jeunes était luthérien, et un autre orthodoxe. Après chaque témoignage, le pape a pris le garçon ou la jeune fille dans ses bras pour l'embrasser.

À la fin de la rencontre, qui a duré bien une heure, on a annoncé que Benoît XVI avait donné $100.000 à la Fazenda Speranza. S'ajoutant aux $200.000 que Benoît avit donné précédemment pour des églises en Amazonie, cela porte la générosité papale au Brésil à $300.000.


Le récit de J. Allen jour par jour | En avion avec le Pape