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 BRÉSIL 2007
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EN AVION AVEC LE PAPE
 


... comme si vous y étiez. John Allen nous dit tout, et c'est très intéressant.

Article original en anglais ici: Background on Brazil: Inside the papal plane
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En arrière-plan du voyage au Brésil: dans l'avion avec le Pape.


 

Un simple avion de ligne

Durant le voyage de Benoît XVI à Sao-Polo et Aparecida, je voyagerai une fois de plus dans l'avion du pape. Comme on me pose souvent des questions sur cette expérience, je vais vous en faire un récit.
Tout d'abord, les américains qui conçoivent "l'avion du pape" au moyen d'une analogie avec 'Air Force One' sont sur une fausse piste, même s'il arrive que les contrôleurs aériens le désignent sous le nom de 'Shepherd One'. (berger 1)
En fait, il n'y a pas "d'avion du pape", au sens d'un jet qui appartiendrait au Vatican, et qui serait utilisé exclusivement pour les voyages du pape. Au lieu de cela, un avion commercial régulier de la compagnie Alitalia est réservé pour le jour du voyage du pape. Le pilote et le personnel sont tous des employés ordinaires de Alitalia. Le jour suivant, l'avion retourne à son service habituel, avec des passagers ignorant probablement qu'ils sont assis dans ce qui venait d'être "l'avion du pape".
Il n'y a pas de pièce réservée au pape, avec lit, télévision, bureau, télévision et bar.
Le seul avantage est qu'un siège lui est réservé sur la rangée de devant. Derrière lui prennent les personnalités officielles les plus éminentes du sécrétairiat d'Etat, à commencer par le Cardinal Tarcisio Bertone. Cet arrangement signifie que lorsque le personnel de bord s'installe pour débarasser, il est directement en face du Saint-Père: les observer alors qu'ils s'efforcent de ne pas le regarder est un des passe-temps favoris à bord.

Durant les dernières années de Jean-Paul II, quand il avait du mal à se déplacer, il pénétrait dans l'avion par le fond, utilisant un "monte-charge", en fait une version aménagée de celle qui est utilisée pour amener les repas à bord. Certains, usant d'un raccourci, l'avait nommé "Papascenseur" (pope-lift) par analogie avec "Papamobile" ("pope-mobil"), mais le terme ne prit jamais. Pour le moment, Benoît XVI utilise la passerelle.
D'ordinaire, le Pape retourne en Italie en utilisant la Compagnie Nationale du pays-hôte, et s'il prend l'avion dans ce pays, il utilise aussi la compagnie intérieure pour ces vols. Là encore, c'est un avion commercial ordinaire qui est réservé pour ces déplacements du pape. Cette fois-ci, pourtant, Benoît XVI retournera en Italise sur un vol d'Alitalia.

Rome dispose de deux aéroports capable d'accueillir l'Evêque de Rome, le Pape part en général de Fiumicino, et revient à Ciampino. (entre autres choses, ce petit détail de diplomatie locale complique un peu la tâche de ceux qui voyagent avec lui, puisqu'ils ne peuvent venir en voiture jusqu'à l'aéroport, ils doivent laisser leur voiture dans un parking assez éloigné).


Statistiques

En plus du Pape, les fonctionnaires du Vatican qui voyagent avec lui, et son petit service de sécurité, les autres occupants de l'avion papal sont les membres des bureaux de presse du vatican. Le nombre des journalistes est variable, mais c'est en général entre 50 et 75. Pour le voyage au Brésil, 70 journalistes seront dans l'avion. (ceci n'est qu'une petite fraction du nombre total de journalistes qui couvriront le voyage: les autorités du Brésil attendent plusieurs centaines de journalistes, en plus des brésiliens)

Un coup d'oeil d'ensemble sur les 53 organisations représentées dans l'avion papal offre un "spectre" de la couverture du pape de par le monde (il arrive que plusieurs journalistes, dans l'avion, travaillent pour la même agence).

18 agences sont italiennes, c'est le plus grand groupe national. Leur présence reflète l'importance médiatique que le pape représente pour l'Italie. Alors que le Premier ministre génère un plus grand nombre de titres dans les journaux locaux, le Pape revêt une plus grande importance au niveau global.

9 agences sont américaines, c'est le second groupe le plus important. Ce sont Fox TV, the New York Times, Time, the National Catholic Reporter, ABC TV, the Associated Press, Catholic News Service, the Los Angeles Times, et Getty Images News Services. Reuters est également très lu aux Etats-Unis, bien que ce soit une agence britannique. Cependant, quelques noms américains sont absents, parmi lesquelles CNN, NBC et CBS.

Il peut aussi paraître surprenant qu'il n'y ait que 5 agences allemandes, même avec un pape allemand. L'absence des autres agences reflète probablement le coût du voyage et le jugement relatif à l'intérêt du public. A tort ou à raison, Benoît n'est pas un pape médiatique ('mass-market pope') comme pouvait l'être Jean-Paul II.

5 agences brésiliennes sont dans l'avion, mues évidemment par l'intérêt national pour le voyage. Il y a 5 agences françaises, quelques-unes d'Espagne et du Portugal, et une poignée du reste de l'Amérique latine, en particulier du Mexique- le second plus grand pays catholique au monde après le Brésil.


Détails d'intendance

Ce n'est pas donné, de voyager avec le Pape.
Pour le voyage au Brésil, chaque journaliste paie 3331 euros de frais de vol. C'est à peu près ce qu'Alitalia facture pour un vol aller-retour por Sao-Polo en classe affaire, bien que les journalistes ne soient pas dans la section réservée à la classe affaire, dans l'avion. Quand j'ai commencé à prendre l'avion avec le pape, il y a 6 ans, il y avait encore une trace du service en 1ère classe. Nous étions invités à une réception spéciale avant d'embarquer, avec café, jus de fruits, et à bord, nous recevions un paquet-cadeau avec parfum, vin, cigarettes... Sous le poids des problèmes financiers d'Alitalia, ce temps est révolu.
Malgré le coût, et le déclin du "traitement VIP", il y toujours plus de demandes que de places. Pour un voyage donné, il y a entre 120 et 150 demandes, et d'autant plus que le voyage est jugé de plus grand intérêt. A chaque fois que la liste est publiée, des spéculations circulent sur les raisons pour lesquelles certains noms figurent, et d'autres pas. Quelquefois, les omissions sont interprétées comme un signe de désapprobation du Vatican, et, au cours des années, cela a bien dû être le cas à plusieurs reprises.
Dans la plupart des cas, cependant, le calcul est plus simple. Il y a un noyau stable d'agences de presse qui voyagent à chaque fois avec le pape, et par conséquent leur demande est à chaque fois presque automatiquemnt satisfaite. Selon mes estimations, entre 50 et 55 journalistes sur ce vol entrent dans cette catégorie. Le service de presse du vatican s'assure ensuite qu'une poignée de journalistes du pays hôte font partie du voyage, ainsi que d'autres régions. Dans ce cas, cela libère environ 10 places, qui sont à la discrétion du Bureau de Presse.
Il y a seulement une poignée d'agences spécifiquement "catholiques", parmi lesquelles Catholic News Service, l'agence de presse de la Conférence Episcopale américaine; National Catholic Reporter; L’Avvenire, le journal de la Conférence Episcopale italienne; KNA, l'agence catholique allemande; et uquelques chaînes de télévision et radio catholique.
En général, le Bureau de Presse du Vatican offre une "option préférentielle" pour les grandes agences de presse "séculières", car elles offrent le maximum d'audience au message du Pape. En outre, le coût du voyage est prohibitif pour la plupart des agences catholiques.



Avion papal, avantages, inconvénients...

Bien sûr, voyager à bord de l'avion du Pape n'est pas le seul moyen pour couvrir le voyage du pape. Les grandes agences de presse utilisent des gens basés sur place, ou travaillant dans des bureaux voisins. Ils se chargent de rassembler les faits, de consulter la presse locale, et d'interroger les gens dans la rue, tandis que le correspondant dans l'avion garde un oeil sur le Pape.
De petites agences, cependant, qui ne peuvent envoyer qu'un seul correspondant, doivent faire face à un dilemne difficile: prendre, ou ne pas prendre l'avion. Il y a de bons arguments journalistiques des 2 côtés.
Si vous ne prenez pas l'avion, vous pouvez arriver en avance, tester l'atmosphère sur place, et/ou rester plus longtemps, pour faire un suivi. Quand le Pape est sur place, vous ne faites pas partie de la "bulle" du vatican, et vous avez plus de liberté pour choisir qui vous voulez interviewer, qui vous voulez voir, etc.. En plus, cela vous coûtera substantiellement moins cher (ici, considérations sur le prix du billet en classe économique).
D'un autre côté, les avantages à faire partie de la suite papale sont considérables. D'abord, le Vatican s'occupe de tout -accréditation locale, visa, logement, transports. Le Vatican organise également les déplacements internes dans le pays. Par eexemple, dans le cas présent, il organisent un vol charter pour revenir du sanctuaire marial d'Aparecida vers Sao-Polo. Du point de vue logistique, il est donc beaucoup plus simple de se déplacer avec le pape.
D'autre part, en faiant partie de la suite papale, il est est plus facile d'avoir accès aux Officiels du Vatican, comme le Père Lombardi, le porte-parole. Quand un reporter a besoin d'un renseignement ou d'un éclaircissement rapidement , cette proximité peut faire une vraie différence. De plus, les reporters de l'avion ont la chance d'être bien placés lors des évènements importants dans l'agenda papal, ce qui leur permet d'être au premier rang au moment où l'histoire s'écrit.
Pour être franc, il y a un certain prestige qui s'attache à l'avion papal, qui peut parfois aider à créer une audience pour les reportages.
Une autre considération qu'on ne peut négliger est que le fait de voyager dans l'avion vous met au contact des meilleurs "vaticanistes" au monde, et les échanges informels qui ont lieu en attendant le bus, ou en prenant une bière au bar de l'hôtel à la fin d'une longue journée, valent largement le prix payé.


Discuter avec le Pape?

Dernier point, qui est généralement la première question que les gens posent: les reporters ont-ils l'occasion de "discuter" avec le Pape.
La réponse est non.
Dans les premiers moments du pontificat de Jean Paul II, il venait au fond de l'avion, et passait un bon moment à discuter avec les journalistes des différents groupes linguistiques -italien, français, anglais, espagnol, etc.. Au moment où j'ai commencé à travailler avec lui, cependant, cela se réduisait à des générailtés sur les conditions du vol, et peut-être s'asseoir avec chaque journaliste pour une rapide photo.
Sous Benoît XVI, le nouveau système est que Lombardi recueille les questions des reporters à l'avance, puis les condense en 3 questions qu'il pose au Pape, qui y répond à travers un système audio installé dans l'avion. Le Pape, ensuite, se retire dans sa section, tandis que nous restons au fond.
Jusqu'à présent, nous n'avons pas été appelés à l'avant, lors du vol retour, afin d'être pris en photo avec le Pape.
Le fait est que lors du voyage au Brésil, le vol aller, avec la presse, risque de se dérouler de façon moins formelle, en partie parce que c'est un vol plus long.
D'un autre côté, nous avons souvent la chance de bavarder avec des officiels du Secrétariat d'Etat, le personnel de sécurité, et d'autres gens, comme le docteur du pape, et son porte-parole. C'est moins charmant que de parler avec le pape lui-même, certes, mais c'est très instructif...


Visite à la "Fazenda Spéranda" | Coup d'oeil prospectif sur le voyage au Brésil