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JEAN MADIRAN SUR LE DISCOURS DU LATRAN

Benoît XVI: Dieu le veut

Lundi, Benoît XVI a clairement rétabli l'évidence objective et l'autorité de la loi (morale) naturelle, si méconnue dans l'Eglise et si oubliée dans la société.

Le Pape s'adressait aux évêques et aux théologiens réunis en congrès à l'université romaine du Latran.

- On n'en parlait plus beaucoup, et même plus du tout dans la société contemporaine.
Dans l'Eglise, on y faisait parfois, quelque furtive allusion, sans y insister et sans rien expliquer. La « référence à la loi naturelle », remarque malicieusement Benoît XVI, était abandonnée à la « spéculation philosophique ». Et c'est même là une vue très optimiste. Rares sont les philosophes contemporains, à part les thomistes (et encore !) qui s'en préoccupaient. Quant aux théologiens, du moins tels que nous les connaissons en France, ils se noyaient presque tous dans un anthropocentrisme et un relativisme dont le désastre intellectuel a été magistralement recensé par l'ouvrage posthume de Laurent Gaboriau "Trente ans de théologie française".
- Benoît XVI, dans ce qui mérite de rester comme son « discours du Latran », a restauré les notions fondamentales de cette « loi écrite par Dieu dans le coeur de l'homme », et connaissable par la raison humaine », « aucune loi faite par les hommes ne peut renverser celle du Créateur », elle « n'admet de dérogation de la part de personne », elle est « inscrite dans notre être lui-même », « inscrite dans notre nature ». D'ailleurs elle est « le seul vrai rempart contre l'arbitraire du pouvoir ou la tromperie de la manipulation idéologique ». C'est ainsi par exemple que « l'institution du mariage est établie par ordre divin », et que l'on doit « respecter la vie humaine de sa conception jusqu'à sa fin naturelle », car « la vie n'est pas la propriété de l'homme mais un don gratuit de Dieu ».
- On dira peut-être : - Quoi de nouveau dans ces prescriptions ? On les connaissait. Elles n'ont pas changé.
Ce qui est changé, ce qui est officiel, c'est une inversion de la « révolution copernicienne » opérée par Kant dans la pensée moderne et introduite si largement dans les sciences ecclésiastiques et dans la pastorale ordinaire. Exemple:
« L'institution du mariage est établie par ordre divin en vue du bien des époux, des enfants, de la société. »
C'est une affirmation objective Dieu le veut.
Nous entendions dire plutôt
« Le bien des époux, des enfants, de la société est mieux assuré par l'institution du mariage. »
C'était une démonstration sociologique, une opinion parfaitement légitime, au milieu d'autres opinions. Instinctivement, le public chrétien, même peu instruit, ressentait cela comme un discours de sociologie à la place de la parole de Dieu.
- En France c'est revenir de loin. C'est dans les années soixante qu'à la place d'un catéchisme qui disait « Il existe un seul Dieu en trois Personnes » on a commencé à introduire une catéchèse qui disait : « Les chrétiens tiennent qu'il existe un seul Dieu en trois Personnes. » Et à la place de : « Dieu interdit le mensonge », on entendait de plus en plus: « La conscience chrétienne rejette le mensonge ». Ainsi le respect de la conscience individuelle se substituait à l'autorité de la loi de Dieu. Le droit subjectif à l'objection de conscience remplaçait la définition du bien et du mal.
- Le « discours du Latran » contient d'autres aperçus dans la même perspective. Il importe de signaler notamment une vue profonde sur la dangereuse exclusivité d'une méthode intellectuelle convenant à la connaissance des réalités matérielles, au détriment d'une autre méthode convenant aux réalités spirituelles : « La méthode qui permet de connaître toujours plus les structures rationnelles de la matière nous rend toujours plus incapables de voir la source de cette rationalité, la Raison créatrice. »
Le Dieu créateur a fait connaître à l'homme sa Trinité, sa Loi et son Amour. C'est une réalité objective, c'est même un fait historique.

Jean Madiran, "Présent" du 14 Février


 

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