Vous vous trouvez ici: Actualités Mars 2007  
 ACTUALITÉS
Janvier 2007
Février 2007
Mars 2007
Avril 2007
Mai 2007
Juin 2007
Juillet 2007

L'AUTRE BENOÎT XVI: UN PORTRAIT DU CAL BERTONE
 

C'est le Benoît XVI que nous connaissons bien, le vrai, celui que nous nous efforçons de faire découvrir jour après jour ici, à travers des photos et des compte-rendus de ses activités, mais que les media caricaturent à merci.
Tarcisio Bertone en dresse le portrait admiratif, et fait un premier bilan du Pontificat devant un parterre de décideurs, à Milan.
Sa démarche peut surprendre, sans doute était-elle devenue nécessaire de l'autre côté des Alpes, où, plus encore depuis l'accession de la gauche au pouvoir, les débats de société font rage
----------------------------------
Dépêche de l'Agence ASCA, texte original en italien, ma traduction


Le Cardinal Bertone:

"Comprendre Papa Ratzinger, au-delà des faux clichés médiatiques"

Un Ratzinger très éloigné d'un "certain cliché" erroné qui le décrit comme une personne intransigeante, acariâtre, obscurantiste et interventioniste, portrait qu'on lui a collé d'abord comme cardinal, puis à présent comme pape.
C'est ainsi que l'a décrit ce soir (20 mars) avec des accents de grande conviction, mais aux antipodes de l'apologie, devant un parterre choisi de banquiers, universitaires, économistes, entrepreneurs et directeurs des quotidiens milanais, Tarcisio Bertone, le secrétaire d'Etat que Benoît XVI s'est choisi depuis un peu plus de six mois, en tant que "personne fidèle et capable".
Devant les grands du secteur économique, invité par l'association "Ethique et finance", Bertone a déroulé en 20 rubriques le portrait d'un autre Pape Ratzinger, systématiquement obscurci et attaqué par les media comme adversaire irréductible de la modernité.
Qui le connaît bien, au contraire, a dit Bertone, le considère comme un homme bon, un homme de dialogue, y compris avec les laïcs, capable d'offrir avec douceur et sans s'imposer, son magistère "clair, précis, mais doux et convaincant".
Bertone rappelle qu'il a été demandé à Benoît XVI d'administrer l'Eglise à 78 ans.
"Il a été élu par la droite et par la gauche, si je puis m'exprimer ainsi, se souvient-il. Et il a immédiatement tendu la main à la droite et à la gauche. Pensez à Hans Kung, et aux adeptes de Mgr Lefèbvre.
...
"Dans le domaine des relations avec les Etats et les sociétés civiles, le pape Benoît a une perception toute "nordique", et, au sens large, libérale, de la relation entre la sphère de la politique et celle de la religion, mais qui n'amortit en rien la désapprobation sans concession envers les politiques qui touchent au coeur moralement non négociable du respect de la vie.
La valeur suprême de la vie devient le motif le plus fréquent des interventions papales, du non absolu à la guerre et à la violence, jusqu'aux manipulations génétiques et à la condamnation de l'euthanasie, mais surtout la proposition d'une vision chrétienne de la famille"

Face à une société où l'on vend plus de livres sur les amours de Marie-Madeleine que d'exemplaires de la bible, et où un évangile apocryphe suscite plus d'intérêt que le cantique des cantiques, la réaction du pape Benoît est modérée -remarque Bertone- et le ton en est serein".
" Sa première encyclique 'Deus Caritas es' est un démenti à la représentation malveillante de passéisme, mysoginie, et sexophobie, qu'une partie de la culture contemporaine attibue à l'Eglise de Rome"
Pour saisir les orientations centrales de Papa Ratzinger, l'encyclique sur l'amour est donc fondamentale.

Bertone offre ensuite une clé de lecture des deux premières années du pontificat, citant en particulier la lutte contre le relativisme, la vision de l'Europe, la sauvegarde de l'identité chrétienne. Trois éléments qui sont pourtant envisagés dans une vision ample, et non pas étriquée, par le Souverain Pontife. Il ne s'éloigne jamais de la lecture religieuse et théologique des problèmes, mais quand il semble que la politique soit mise en cause. Ratzinger pense davantage à une Eglise du témoignage de la foi chrétienne, qu'à une Eglise "politique".
La foi est un don tellement grand, qui transforme tellement, que si elle est vécue avec cohérence, elle inspire de façon naturelle la totalité de l'agir de l'homme, et donc aussi de la politique, pour être en accord avec les principes évangéliques
Pourtant, le relativisme, si inquiètant pour Ratzinger, n'est envisagé que dans la menace qu'il représente pour la foi, en ce qu'il met en crise la validité même de Jésus. Tout en se réclamant des racines chrétiennes de l'Europe, Ratzinger ne veut cependant pas céder à l'erreur de construire un catholicisme politique, ni en Europe, ni même dans le reste du monde. La foi n'indique pas de manière directe de recettes politiques.
"On a remarqué, dit Bertone, un but, et aussi une crainte qui traverse toute l'oeuvre Ratzingérienne. C'est la question de l''identité' de la foi, c'est-à-dire la crainte pour 'l'identité du catholicisme' qui apparaît désormais entouré d'un brouillard sans équivalent dans l'histoire.
Il me semble donc -ajoute Bertone- que l'objectif central et principal du Magistère et du Ministère de papa Benedetto, soit celui de récupérer l'identité chrétienne dans son authenticité, et aussi d'expliquer et de confirmer l'intelligibilité de la foi dans un contexte de sécularisme diffus. "
Mais la foi de Ratzinger est "confiance en un Dieu vivant, qui nous a aimés jusqu'à la mort", ce n'est pas un Dieu anonyme et cruel.

Revenant sur les voyages apostoliques du Pape en 2006, Bertone note pourtant deux moments didfficiles: le rapport avec l'Islam, mis en crise par des phrases mal interprétés à Ratisbonne, qui furent suivies de passages difficiles à surmonter, mais qui ont été pratiquement effacés par le voyage en Turquie; et la question de la famille, avec le problème des couples en union libre. L'Eglise s'y intéresse, parce qu'elle s'intéresse à l'homme, qui est image de Dieu. Dieu qui demeure central dans la prédication de Ratzinger. Il l'a été aussi lors du voyage en Allemagne, sans réussir pourtant à crever les écrans de télévision.
"Benoît XVI, en fin de compte -a soutenu son cardinal secrétaire d'état- doit être compris comme celui qui veut présenter le christianisme comme la joie et l'amitié -avec Dieu, et avec autrui. Pour cette raison, "son approche aux personnes, aux groupes, aux multitudes, est sereine et lumineuse". Et les gens semblent le comprendre, puisqu'elle "accourt de plus en plus nombreuse à ses cathéchèses du mercredi, et à la récitation de l'Angelus dominical".


Exhortation post-synodale: Le Pélerin | Mars 2007