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LE NOUVEL OBS
 

Benoît XVI le conservateur imprime sa marque sur son pontificat

AP

Il a commencé son pontificat avec douceur en tendant la main aux dissidents, aux autres religions et aux pays hostiles à l'Eglise catholique. Mais petit à petit, Benoît XVI, qui fêtera ses 80 ans le 16 avril et le deuxième anniversaire de son élection à la tête de l'Eglise catholique le 19, imprime aussi sa marque conservatrice.

En cette Semaine sainte traditionnellement chargée, le pape a présidé la messe de la Passion en la basilique Saint-Pierre de Rome. Il devait participer dans la soirée au chemin de Croix au Colisée, portant la Croix au début et à la fin de la procession solennelle.

Celui qui était surnommé le "Panzer cardinal", quand, alors cardinal Joseph Ratzinger, il dirigeait avec fermeté la Congrégation de la doctrine de la foi, refuse toujours de transiger sur les positions prônées par l'Eglise. Benoît XVI a récemment rejeté les appels, y compris ceux d'évêques de son Allemagne natale, en faveur des catholiques divorcés, toujours interdits de communion.

Le pape a aussi mis en garde les hommes politiques catholiques appelés à prendre des décisions sur des sujets comme l'avortement, l'euthanasie ou le mariage, prévenant que les valeurs catholiques ne sont "pas négociables". Il a également fermé la porte à tout assouplissement du célibat des prêtres.

Sa défense vigoureuse de la "famille traditionnelle" a enhardi les évêques italiens qui mènent une bataille rageuse contre le projet du gouvernement de reconnaissance légale et de droits aux concubins, y compris homosexuels.

L'Europe est l'un des terrains prioritaires où le pape entend raviver la flamme de la foi. Elle "semble avoir emprunté une voie qui pourrait la conduire à disparaître de l'Histoire", déplorait-il le mois dernier, mettant en garde contre l'érosion des valeurs universelles européennes, que "le christianisme à contribuer à forger". "Si elles devaient disparaître, comment le 'vieux' continent pourrait-il continuer de jouer le rôle de 'levain' pour le monde entier?"

Ayant déjà perdu la bataille dans la très catholique Espagne, qui a autorisé le mariage homosexuel, Benoît XVI s'est retourné sur l'Italie. Le débat a été particulièrement vif dans la péninsule, où la parole de l'évêque de Rome a un impact immédiat dans les médias.

Jean Paul II, lui, s'était largement tenu à l'écart de la politique italienne après que les Italiens eurent rejeté la tentative soutenue par le Vatican pour revenir sur le droit à l'avortement en 1981.

Pour Enrique Miret Magdalena, un théologien espagnol reconnu, qui est lui-même âgé de 93 ans, Benoît XVI est "un vieil homme et la papauté pèse lourdement sur lui". "Il a peur du changement."

A l'approche du l'anniversaire de son élection, le 19 avril, le Vatican a pris l'initiative inhabituelle de poser les principes fondamentaux du pontificat de Benoît XVI.

Avant de se rendre en Allemagne en septembre, Benoît XVI avait déclaré dans un entretien à la télévision allemande que "la chrétienté, le catholicisme, ce n'est pas une collection d'interdits". Mais il a récemment publié une "exhortation apostolique" de 131 pages pour s'assurer que les évêques, prêtres et 1,2 milliard de fidèles suivent fidèlement et strictement les préceptes de l'Eglise. Elle comprenait une mention nostalgique de l'usage du latin, en déclin depuis le concile de Vatican II dans les années 60. Il a suggéré que les fidèles puissent apprendre à réciter les prières les plus courantes en latin.

En mai, Benoît XVI est attendu au Brésil pour un discours majeur devant les évêques latino-américains. Le Saint-Siège a préparé le terrain en condamant comme "erroné ou dangereux" les écrits du jésuite espagnol Jon Sobrino, un champion de la théologie de la libération. C'est la première fois depuis son pontificat que l'ancien patron de la Congrégation de la doctrine de la foi censurait ainsi un théologien, après rappelé nombre d'entre eux à l'ordre quand il était cardinal.

En septembre, le pape reprendra ses voyages en Europe avec un pélerinage en Autriche, où les catholiques se sont montrés traditionnellement inquiets des directives romaines.

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