Après les fêtes pascales, juste avant les deux anniversaires du 16 et du 19 avril, et en trépignant d'impatience avant la publication du motu proprio tant attendu, revue de presse francophone: les "spécialistes" tentent un bilan du Pontificat.
L'impression générale est que tous voudraient voir dans le Chef de l'Eglise un agité perpétuel, un réformiste compulsif, une sorte de José Bové en soutane. Toute compréhension est impossible, entre deux mondes strictement parallèles c'est-à-dire ne pouvant pas se rencontrer, et les commentaires ne peuvent donc être lus qu'en négatif. C'est d'ailleurs la méthode que je conseille à ceux qui ne veulent pas s'énerver, même si je parviens pas toujours à la mettre sereinement en pratique...

Isabelle de Gaulmyn, pour la Croix, pointe (avec dépit?) les difficultés, pour les observateurs, "de cerner les perspectives du Pontificat".
L'accent est mis, comme d'habitude, sur la lenteur, l'attente de décisions, notamment dans la réforme de la Curie, l'âge du Pape, et même celui de ses collaborateurs, l'absence de dimension géopolitique du Pontificat... (démentie par le message Pascal, lors de la Bénédiction Urbi et Orbi).

C'est un journal catholique, et pourtant l'article ne parvient pas vraiment à comprendre et encore moins à expliquer à ses lecteurs la dimension spirituelle du ministère du Saint-Père, même si la fin en est plus nuancée...
Elle ne peut faire moins, malgré tout, que rendre hommage à la force de la parole du "pape théologien", mais il est très déplaisant, encore une fois, de voir souligné son "âge respectable" et le fait qu'il "conserve (!!) toute son acuité intellectuelle et une mémoire intacte. Il en fait d’ailleurs la preuve régulièrement, dans des improvisations éblouissantes, lors de certaines homélies"
Que croit-elle donc?
------------------------------------
La Croix

Sans surprise, le magazine met l'accent sur le Pape conservateur, et attaché à la défense des valeurs traditionnelles de la Famille.
Un Pape qui aurait "peur du chagement"!! Et qui, bien qu'il s'en défende, sanctionne, et multiplie les interdits.
C'est un vrai compliment, même s'il se fait à l'insu des auteurs.
---------------------
Le Nouvel Obs

Dans Le Monde, Tincq, sans surprise non plus, fait du Tincq.
A lire ses énièmes radotages sur "le Pape plus philosophe que politique" qui "flatte les tendances les plus conservatrices de son Eglise", on en viendrait presque à douter de son acuité intellectuelle.
Il ne mérite d'être cité que par son annonce de la date du motu proprio (notons à ce sujet qu'il est risible, venant de lui, de voir évoquée "une majorité de catholiques français": car une majorité de très peu de gens, ce n'est même plus une minorité!!!).
D'après lui, ce sera en mai. Pour une fois, il pourrait avoir raison. Nous verrons bien.
------------------------------
Le Monde

C'est l'analyse la plus intéressante, malgré l'inquiétant pedigree de sa source principale (professeur de sociologie de l'environnement et des religions à l'Université de Montréal, de même que spécialiste de la papauté), elle paraît inédite, en tous cas, elle semble moins procéder du recopiage.
Benoît XVI y est décrit comme un pape de transition (vilaine et stupide idée), mais aussi le Pape de la paix (bien vu, car on sait que le choix de son nom de règne l'a été principalement en référence à Benoît XV), ce qui contredit l'absence de dimension politique avancée par les français.
Les relations avec l'Islam, les convictions sur l'Europe, l'attitude face à la théologie de la libération, et même le rapprochement avec les traditionalistes, sont abordés de façon moins schématique que par la presse française, même si certaines analyses sont très contestables -par exemple, concernant l'environnement et le "développement durable" (le Saint-Père n'a aucune raison d'utiliser le vocabulaire de l'écologie militante), ce qui est écrit ici est l'exact contraire des faits.
---------------------------------
Le Devoir (Canada)