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LE MONDE

L'Eglise à reculons



LE MONDE | 07.04.07 | 12h37

Hasard du calendrier, Pâques est fêté cette année le même jour, dimanche 8 avril, en Orient et en Occident. Les Eglises orthodoxes se joignent aux catholiques et aux protestants pour célébrer la Résurrection du Christ. S'il est une fête qui résiste à la désaffection de la pratique, c'est bien celle de Pâques. Les églises seront remplies et les regards tournés vers le Proche-Orient, berceau d'un christianisme déchiré par les conflits, mutilé par les exodes. 200 000 chrétiens - sur 600 000 avant avril 2003 - ont fui l'Irak depuis trois ans.


Le christianisme - groupes évangéliques en tête - est désormais plus vivant dans les continents du Sud qu'en Europe, dont Benoît XVI, le jour du cinquantième anniversaire du traité de Rome, vient de dénoncer l'"apostasie". A l'entendre, des valeurs aussi sacrées que la défense du mariage, de la famille, de la vie et de l'embryon sont bafouées par des textes légalisant des pratiques - divorce banalisé, unions homosexuelles, euthanasie, IVG, manipulations génétiques - qui risquent de mettre l'Europe "en congé de l'Histoire".

Après deux ans de tâtonnements, ce pape plus philosophe que politique séduit et déconcerte à la fois. Il semble avoir trouvé sa mesure dans le combat contre les "tendances laïcistes et relativistes" de l'Europe. Certes, il est dans son rôle quand il cherche à reformuler la foi chrétienne dans un continent en panne de "valeurs", préoccupant les dirigeants eux-mêmes, comme le montre la campagne présidentielle en France ou le débat politique sur le pacs à l'italienne.

Mais, ce faisant, Benoît XVI flatte les tendances les plus conservatrices de son Eglise et renoue avec l'"intransigeantisme" romain du XIXe siècle. On peine à comprendre qu'en Pologne une radio ultracatholique puisse soutenir, en toute impunité, une politique aussi extrémiste que celle des frères Kaczynsky. Ou qu'en Espagne l'épiscopat espagnol harcèle un gouvernement socialiste qu'il tient pour l'un des plus anticléricaux de l'histoire. Ou qu'en Italie, après avoir perdu son combat des années 1970 contre le divorce et l'IVG, l'Eglise joue son va-tout contre les "unions de fait".

Un décret papal va libéraliser, en mai, l'ancien rite de l'Eglise (messe en latin dos tourné au peuple). C'est une mesure que redoutent en majorité les catholiques français, épiscopat en tête, attachés à l'héritage du concile des années 1960. Si, dans sa récente "exhortation apostolique", Benoît XVI proclame sa fidélité à Vatican II, son juridisme liturgique ravit les militants de l'ancienne tradition. Ces combats sont largement incompris de ceux, croyants ou non, pour qui la vocation du christianisme s'exprime davantage dans l'aide aux populations marginalisées que dans ce pointillisme disciplinaire, dans le soutien à ceux qui souffrent que dans cette tentation rétrograde

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