L'Église catholique fête les 80 ans de Benoît XVI
De notre correspondant au Vatican HERVÉ YANNOU.

BENOÎT XVI ne voulait pas fêter son anniversaire en grande pompe. Le Pape a voulu mettre un frein à la pâpolatrie qui enveloppait Jean-Paul II. Son entourage lui a donc un peu forcé la main pour qu'aujourd'hui il célèbre dignement ses 80 ans et les deux ans de son élection. L'anniversaire que Benoît XVI souhaitait fêter discrètement s'est ainsi transformé en événement pour l'Église catholique tout entière.

Les initiatives se sont multipliées. Un grand déjeuner lui sera servi aujourd'hui, date même de l'anniversaire, ainsi qu'aux cardinaux, dans la salle ducale du palais apostolique. Un concert aura lieu dans la salle Paul-VI, où se déroulent d'ordinaire les audiences générales. L'abbaye bénédictine de Santo Domingo de Silos, en Espagne, lui a offert une croix de procession en émaux. Les cadeaux sont surtout arrivés d'Allemagne et de sa Bavière natale. Le cardinal Fiedrich Wetter, archevêque de Munich, a remis au Souverain Pontife un évangéliaire tout en or et pierres précieuses. Mgr Engelbert Siebler lui a fait livrer 80 bouteilles de bière brune, brassée spécialement par la brasserie de Weihenstephan. Le frère aîné du Pape, Georg Ratzinger, lui a fait confectionner un grand manteau liturgique par les religieuses de Straubing. Et la chancelière allemande, Angela Merkel, lui a rendu hommage en participant à la messe célébrée en son honneur dans la cathédrale catholique Sainte-Edwige de Berlin.

Si Joseph Ratzinger est un homme réservé, c'est aussi un homme de devoir. Hier, sur le parvis de la basilique Saint-Pierre, il a donc célébré une messe même si « la liturgie ne doit pas servir à parler de soi ».

« Toutes les faiblesses d'un être humain »
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À la veille de ses 80 ans, entouré de soixante cardinaux et de tous les responsables de la curie romaine, le Pape, qui s'est qualifié de « misérable serviteur », a souligné que sa vie s'est déroulée à « l'ombre de Pierre ». Benoît XVI est un grand mystique qui ne croit pas au hasard, mais aux « coïncidences significatives ». Il a demandé aux fidèles leur « indulgence » face à sa « faiblesse » et à Dieu de l'aider à poursuivre son « devoir » avec « dévouement ». Car il a bien rappelé qu'à 80 ans il avait « toutes les faiblesses d'un être humain ».

Élu à 78 ans, il est l'un des plus vieux papes jamais désignés. Benoît XVI ne cache pas son âge et les limites naturelles qu'il pose à son pontificat. S'il se porte bien, il se ménage et conserve toute son agilité intellectuelle de professeur, capable d'improviser sans aucune hésitation une homélie entière en italien.

Ainsi, contrairement à Jean-Paul II déjà très malade, les 80 ans de Benoît XVI ne devraient pas relancer le débat sur une éventuelle démission pour raison de santé ou limite d'âge. Cette dernière existe pour les évêques et les cardinaux, mais il est vain de penser que ­Joseph Ratzinger, imprégné par la dimension sacrée de sa charge, puisse remettre en cause l'élection à vie du pape. À un Jean-Paul II affaibli et qui s'interrogeait, il avait déjà répondu par la négative.

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