La presse s'est donnée le mot, pour traiter avec beaucoup de détails, et un grand souci de désinformer (à une notable exception près), les trois évènements importants pour la papauté de ce mois d'avril: les 80 ans du Saint-Père, le second anniversaire de son élection, et la publication de son livre, une "somme théologique" sur Jésus.

Je lis à l'instant sur le forum catholique, un commentaire qui me paraît assez bien résumer l'attitude des media:
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Les médias semblent avoir choisi de présenter Benoît XVI, pour le discréditer, comme un pape cramponné à une pensée dépassée, et surtout un pape renfermé, qui a PEUR du monde. Certes, nous aimerions bien qu'il hésite un peu moins à promulguer le fameux motu proprio. Mais en ce qui concerne le monde, Benoît XVI du haut de ses 80 ans, le connaît depuis plus longtemps que les journalistes. ...
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J'oserais ajouter qu'il le connaît mieux qu'eux!

Je n'en reviens pas de lire une telle malveillance. Quiconque a eu la chance de regarder la messe d'anniversaire, hier, Place Saint-Pierre, n'a pu que voir une belle fête chrétienne, une assemblée sous le charme, témoignant dans la joie son affection pour son pasteur, et un homme lumineux, véritable et magnifique témoin de la foi, en pleine possession de ses moyens physiques et intellectuels. On serait presque tenté d'écrire qu'à son propos, la notion d'âge n'a même plus de sens.
Et pourtant, l'envoyé très "spécial" du Figaro ne craint pas d'évoquer (pour les réfuter hypocritement) les spéculations sur la démission pour limite d'âge. Soit un hors-sujet scandaleux.

La suite ici: Le Figaro sur l'anniversaire de Benoît XVI

Radio-France fait son titre avec le "bilan", en insistant sans bienveillance sur l'âge du pape.
Benoît XVI est présenté comme l'ex-"éminence grise" de Jean-Paul II, ce qui n'est pas vraiment flatteur.
Avec cette manie de tout ramener à l'arithmétique -très surprenante, venant de gens qui sont majoritairement de formation littéraire, et massivement fâchés avec les chiffres - l'article, prétendant s'appuyer sur des statistiques rendues publiques par le vatican, fait état d'une baisse de fréquentation des audiences papales, imputée à son "conservatisme affirmé"!!!
Il est question aussi de son livre, dont on a curieusement extrait les passages pourfendant "la cruauté du capitalisme et du colonialisme". D'autres y avaient relevé le nom de Karl Marx!!! Pourquoi pas?

Lire ici: Radio France

Le site armées.com titre aussi indirectement sur le colonianisme, avec:

L’Occident a causé une "blessure morale" à l’Afrique
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Dans son livre "Jésus de Nazareth", le pape Benoît XVI fait part de sa vision de Dieu et dénonce le cynisme du monde actuel caractérisé par la soif de pouvoir et d’argent.
Ce monde a causé une profonde blessure morale aux populations du continent africain, estime Benoît XVI.

"Les peuples africains sont volés. Notre style de vie, l'histoire dans laquelle nous sommes engagés, les a dépouillés et continue de les dépouiller. Nous les avons blessés spirituellement, car au lieu de leur donner Dieu et d?accueillir ce qui est précieux et grand dans leurs traditions, nous leur avons apporté le cynisme d'un monde sans Dieu dans lequel seul le pouvoir et le profit comptent", affirme le Pape dans son livre.
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Nous n'avons pas encore lu ce livre, en France, mais, connaissant le Saint-Père, nous pouvons supposer que cette phrase, détachée de son contexte, ne reflète pas la position du Saint-Père sur le colonialisme, ou, plus exactement, cherche à l'instrumentaliser pour une cause, alors qu'il veut exprimer tout autre chose: c'est le thème (récurrent hez lui) de la rencontre du matérialisme athée avec ce qu'il pouvait y avoir de sain dans la société africaine de type patriarcale, basée sur la famille au sens large.

Voir ici: http://www.levif.be/
Le lecteur superficiel ou distrait, en lisant cet article, pourrait avoir l'impression que le Saint-Père n'a eu d'autre but en écrivant son livre, que de se mesurer intellectuellement à Dan Brown, ou de contredire le Da Vinci Code.
Par ailleurs, Joseph Ratzinger s'imposerait comme un censeur, et un adversaire résolu de la liberté de pensée, c'est ce qui ressort de la conclusion de l'article, courageusement inspirée par des contradicteurs anonymes (rappelons que le saint-Père dit expressément le contraire exact dans la préface de son livre: "ceci n'est pas un acte de magistère, chacun est libre de me contredire"):
"Ce livre pourra donc difficilement être considéré par les exégètes et théologiens catholiques comme un livre sur Jésus parmi d'autres, et rendra un peu plus compliqué l'exercice de leur liberté, ont estimé des sources religieuses sous le couvert de l'anonymat.

Lire ici: Un site belge sur le Jésus de Benoît XVI

Je n'ose pas dire que je garde le meilleur pour la fin, ce serait faire trop d'honneur à l'auteur.
L'accent est immédiatement et grossièrement mis sur l'âge du pape: qu'est-ce qu'il vient faire ici?
Le thème du da Vinci Code est repris (vulgairement, cela s'appelle pomper) mais en plus, on ose mettre l'accent sur l'aspect commercial, en essayant de réduire le rôle du pape à celui d'un simple commerçant:
Le pape Benoît XVI - qui aura 80 ans lundi 16 avril ... - met en vente... un ouvrage de 450 pages... des contrats ont été signés jusqu'en Russie, en Corée du Sud, au Japon
On ose comparer les tirages de l'ouvrage du saint-Père et ceux du médiocre roman de gare de Dan Brown !!!!
Sans parler de l'allusion aux machines de guerre cathophobes de Gérard Mordillat, ou de Jacques Duquesne; encore moins des insinuations lourdes de sous-entendus, du genre "l'auteur récuse aussi des interprétations plus sérieuses, jamais citées mais également "erronées"" ...
Le journaliste qu'il me répugne de nommer ici prétendrait-il être plus savant théologien que le Pape, qui est décidément selon lui un ignare, un plaisantin, un maladroit, voire un escroc?
En réalité, il n'a pas lu davantage que moi le "Jésus" de Benoît XVI, sauf peut-être la préface, qu'il a dû parcourir en diagonale.

Lire ici: Le Monde parle du Jésus de Benoît XVI

C'est le seul article qui donne vraiment l'envie de se plonger dans le livre.
Saluons donc ses auteurs pour leur honnêteté.

Mais comme en France, rien n'est jamais parfait, ne peut-on regretter qu'aucun journal, surtout ouvertement chrétien, n'adhère sans réserve à la thèse du Saint-Père, pour la défendre avec bec et ongles contre des détracteurs qui n'attendent que de la démolir, que tous, au contraire, se sentent obligés, au fallacieux prétexte du pluralisme et de l'objectivité, de donner la parole à des sceptiques? On est une fois encore en pleine dictature du relativisme, lorqu'on lit, sous la plume d'un "exégète protestant", Daniel Marguerat, professeur à l'Université de Lausanne, après un début flatteur:
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À lire la préface où Benoît XVI décrit son projet, ce livre émane d’un pape savant, formé à une culture universitaire ; on retrouve avec bonheur la veine érudite d’un Paul VI. Consacrer un ouvrage à Jésus de Nazareth est un bon choix : sur ce sujet, bien plus que sur l’institution ou la théologie, croyants et incroyants débattent aujourd’hui avec intensité. Le bilan qu’opère l’auteur sur la critique historique est parfaitement correct : les reconstructions du Jésus historique sont des hypothèses, sujettes à révision et entachées de la subjectivité de l’historien. Le Nouveau Testament présente une diversité de lectures croyantes de cet événement. Mais peut-on, comme le dit l’auteur, réduire la compréhension théologique du Fils de Dieu à une seule lecture dont l’Église détiendrait la clé ? Peut-on écraser la pluralité voulue du canon néotestamentaire dans une parole unique ? Si c’est cela, alors ce livre ne sera que la redite d’une position traditionnelle dont la lecture attentive des évangiles a déjà démontré l’insuffisance. »

En fait, les deux réactions citées par LA CROIX émettent des réserves, puisque l'autre, émanant d'un exégète catholique, Pierre Gilbert, semble regretter que le Pape s'adresse à l'intelligence de ses lecteurs.
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Qu’en sera-t-il des lecteurs ? Face au pape ‘‘cosignataire’’ de ce livre, de quel poids sera la science de l’exégète – croyant – qui ne pourra suivre l’auteur dans toutes ses réflexions et conclusions ? L’auteur ne s’adresse pas seulement à la confiance et à l’obéissance du catholique, mais aussi à son intelligence. »

Mais le site de La Croix annonce la couleur en proclamant "Un théologien protestant, et un catholique, JUGENT le Pape". Est-ce là une approche chrétienne?

Voir ici: La Croix, sur le Jésus de Benoît XVI