Eduquer: une tâche de plus en plus difficile
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Chers frères et soeurs, l'expérience quotidienne nous dit cependant qu'éduquer à la foi n'est pas une entreprise facile. Aujourd'hui, en réalité, toute oeuvre d'éducation semble devenir toujours plus ardue et précaire. On parle pour cela d'une grande "urgence éducative", de la difficulté croissante qui se rencontre dans la transmission aux nouvelles générations des valeur de base de l'existence et d'un comportement droit, difficulté qui implique à la fois l'école et la famille et, on peut le dire chaque organisme qui se fixe un but éducatif. Nous pouvons ajouter qu'il s'agit d'une urgence qu'on ne peut éviter: dans une societé et dans une culture qui trop souvent font du relativisme leur credo, il vient à manquer la lumière de la vérité et on finit pour douter de la bonté de la vie et de la validité des rapports et des engagements qui la constituent.
Comment serait-il possible, alors, de proposer aux plus jeunes et de transmettre de génération en génération quelque chose de valide et de sûr, des règles de vie, un sens authentique et des objectifs convaincants pour l'existence humaine, à la fois comme individu et comme comunnauté ? C'est pourquoi l'éducation tend à se réduire à la transmission de savoir-faire déterminés, ou de capacité de faire, cependant qu'on cherche à satisfaire le désir de bonheur des nouvelles générations en les comblant d'objets de consommation et de gratifications ephémères. Ainsi, tant les parents que les enseignants sont facilement tentés d'abdiquer à leur devoir d'éducation et de ne même pas comprendre quel est leur rôle, ou mieux la mission qui leur est confiée.

Un système éducatif en faillite, péril pour toute la communauté
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Mais cette situation ne satisfait évidemment pas, elle ne peut pas satisfaire, parce qu'elle laisse de côté le but essentiel de l'éducation, qui est la formation de la personne pour la rendre capable de vivre en plénitude et d'apporter sa contribution au bien de la communauté. C'est pourquoi on voit croître, de tous côtés, la demande d'une éducation authentique et la redécouverte du besoin d'éducateurs qui éduquent vraiment. C'est ce que demandent les parents, préoccupés et souvent angoissés pour le futur de leurs enfants, beaucoup d'enseignants qui vivent la triste expérience de la dégradation de leurs écoles, la societé dans son ensemble, en Italie comme dans beaucoup d'autres pays, parce que la crise de l'éducation met en péril les bases mêmes de la vie en commun. Dans un tel contexte, l'engagement de l'Église pour éduquer à la foi, à suivre et à témoigner le Seigneur Jésus assume plus que jamais la valeur d'une contribution pour faire sortir la societé dans laquelle nous vivons de la crise éducative qui l'afflige, en opposant des digues au manque de confiance et à cette étrange "haine de soi" qui semble devenu une caractéristique de notre civilisation.

L'éducation chrétienne
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Tout ceci ne diminue cependant pas les difficultés que nous rencontrons pour amener les enfants, les adolescents et les jeunes à rencontrer Jésus Christ et à établir avec Lui un rapport durable et profond. Pourtant, tel est vraiment le défi décisif pour le futur de la foi, de l'Église et du christianisme et c'est donc une priorité essentielle de notre travail pastoral : rapprocher du Christ et du Père la nouvelle génération, qui vit dans un monde en grande partie éloigné de Dieu.
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L'éducation en outre, et spécialement l'éducation chrétienne, l'éducation c'est-à-dire à modeler sa vie selon le modèle du Dieu qui est amour a besoin de cette proximité qui est justement celle de l'amour. Aujourd'hui surtout, alors que l'isolement et la solitude sont une condition répandue, à laquelle le bruit et le conformisme de groupe n'apportent pas de réel remède, l'accompagnement personnel, qui donne à celui qui est dans sa croissance la certitude d'être aimé, compris et accueilli devient décisif . Concrètement, cet accompagnement doit faire toucher du doigt que notre foi n'est pas quelque chose du passé, qu'elle peut être vécue aujourd'hui et qu'en la vivant nous trouvons réellement notre bien. Ainsi les enfants et les jeunes peuvent être aidés à se libérer de préjugés diffus et peuvent se rendre compte que le mode de vie chrétien est réalisable et raisonnable, et même, de loin le plus raisonnable.


Le rôle de la famille
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Il est entièrement evident, cependant, que dans l'éducation et dans la formation à la foi une mission fondamentale et une responsabilité primordiale reviennent à la famille. Les parents, en effet, sont ceux à travers lesquels l'enfant qui découvre la vie a la première et décisive expérience de l'amour, d'un amour qui en réalité n'est pas seulement humain mais est un reflet de l'amour que Dieu a pour lui. C'est entre la famille chrétienne, petite "Église domestique" (cf Lumen gentium), et la plus grande famille de l'Église que doit se développer la collaboration la plus étroite, essentiellement en ce qui concerne l'éducation des enfants.
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Il y a certainement beaucoup de familles qui ne sont pas préparées à un tel devoir et il n'en manque pas qui ne s'intéressent pas, voire s'opposent, à l'éducation chrétienne de leurs enfants : on ressent là encore les conséquences de la crise de tant de mariages. On rencontre cependant rarement des parents entièrement indifférents à ce qui concerne la formation humaine et morale de leurs enfants, et donc qui ne seraient pas disposés à se faire aider dans une oeuvre éducative qu'ils ressentent toujours plus difficile. Cela ouvre par conséquent, un espace d'engagement et de service pour nos paroisses, oratoires, communautés de jeunes, et avant tout pour ces mêmes familles chrétiennes, appelées à se rapprocher d'autres familles pour les soutenir et les assister dans l'éducation de leurs enfants, en les aidant ainsi à retrouver le sens et le but de la vie de couple.

Eduquer, c'est aussi respecter la liberté
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Au fur et à mesure que les enfants grandissent, augmente naturellement en eux le désir d'autonomie personnelle, qui devient facilement, surtout dans l'adolescence, prise de distance critique de sa famille. Se révèle alors particulièrement importante cette proximité qui peut être assurée par un prêtre, une religieuse, le catéchiste ou d'autres éducateurs capables de rendre concret pour le jeune le visage amical de l'Église et l'amour du Christ. Pour avoir des effets positifs et qui durent dans le temps, notre proximité doit être consciente que le rapport éducatif est une rencontre de liberté et que l'éducation chrétienne est une formation à l'authentique liberté. Il n'y a pas en effet de vraie proposition éducative propre à stimuler une décision, qui ne soit respectueuse et pleine d'amour, et vraiment la proposition chrétienne interpelle à fond la liberté, en l'appelant à la foi et à la conversion. Comme j'ai dit à la Rencontre ecclesiale de Vérone, "une éducation vraie a besoin de réveiller le courage des décisions définitives, qui aujourd'hui sont considérées comme une chaîne qui mortifie notre liberté, mais en réalité qui sont indispensables pour croître et rejoindre quelque chose de grand dans la vie, en particulier pour faire mûrir l'amour dans toute sa beauté : donc, pour donner de la consistance et du sens à cette même liberté "(Discours du 19 octobre 2006).
Lorsque ils ont conscience d'être respectés et pris au sérieux dans leur liberté, les adolescents et les jeunes, même avec leur inconstance et leur fragilité, ne sont pas totalement indisponibles à se laisser interpeller par des propositions exigeantes : au contraire, ils se sentent attirés et souvent fascinés par elles.

Une "pastorale de l'intelligence"
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L'éducateur authentique prend également au sérieux la curiosité intellectuelle qui existe déjà chez les enfants et avec le passage des années assume des formes plus conscientes. Sollicité et souvent troublé par la multiplicité des informations et le contraste des idées et des interprétations qui sont continuellement proposées, le jeune d'aujourd'hui conserve toutefois en lui un grand besoin de vérité : il est ouvert donc à Jésus Christ qui, comme nous rappelle Tertullien "a affirmé être la vérité, pas la coutume" (ndr: lors de sa cathéchèse sur Tertullien, le Saint-Père avait expliqué qu'en termes actuels, le mot "coutume" se traduirait par "habitude culturelle", ou mode, ou air du temps). Il est de notre devoir de chercher à répondre à la question de vérité en opposant sans craintes la proposition de la foi à la raison de notre temps.
Nous aiderons ainsi les jeunes à élargir l'horizon de leur intelligence, en s'ouvrant au mystère de Dieu, dans lequel on trouve le sens et la direction de l'existence, et en dépassant les conditionnements d'une rationalité qui n'a confiance qu'en ce qui peut être objet d'expérience et de calcul. Il est donc très important développer ce que nous avons appelé "la pastorale de l'intelligence".

Le rôle de "témoin exemplaire" des éducateurs
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Le travail éducatif passe à travers la liberté, mais il a aussi besoin d'autorité. Donc, particulièrement lorsqu'il s'agit d'éduquer à la foi, la figure des témoins et le rôle du témoignage sontessentiels
. Le témoin du Christ est impliqué personnellement avec la vérité qu'il propose et à travers la cohérence de sa vie il devient un point de référence crédible. Il ne renvoie pas cependant à lui-même, mais à Quelqu'un qui est infiniment plus grand que lui, en qui il a eu confiance et dont il a expérimenté la bonté sur laquelle il peut compter. L'authentique éducateur chrétien est donc un témoin qui trouve son modèle en Jésus Christ, les témoin du Père qui ne disait rien de lui-même, mais parlait comme le Père lui avait enseigné. Ce rapport avec le Christ et avec le Père est pour chacun de nous.. la condition fondamentale pour être d'efficaces éducateurs à la foi.

L'école catholique et l'annonce de l'Evangile....
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Dans l'éducation à la foi un devoir très important revient à l'école catholique. En effet, elle remplit sa mission en se basant sur un projet éducatif qui place l'Évangile au centre et le tient comme point de référence décisif pour la formation de la personne et pour toute la proposition culturelle.
En synergie convaincue avec les familles et avec la communauté ecclésiale, l'école catholique cherche donc à promouvoir cette unité entre la foi, la culture et la vie qui est l'objectif fondamental de l'éducation chrétienne.

Conception d'une "saine laïcité" pour l'école publique
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Même les écoles publiques, selon des formes et des modalités diverses, peuvent être soutenues dans leur devoir éducatif par la présence d'enseignants croyants - en premier lieu, mais pas exclusivement, les professeurs de religion catholique - et d'élèves chrétiennement formés, au-delà de la collaboration de familles et de cette même communauté chrétienne. La saine laïcité de l'école, comme des autres institutions de l'État, n'implique pas en effet une fermeture à la trascendence et une fausse neutralité par rapport à ces valeurs morales qui sont à la base d'une authentique formation de la personne. Un discours analogue vaut naturellement pour les universités ...

Il faut contrebalancer le rôle néfaste des media
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Aujourd'hui plus que dans le passé l'éducation et la formation de la personne sont influencées par ces messages et ce climat diffus qui sont véhiculés par les grands moyens de communication et qui s'inspirent d'une mentalité et d'une culture caractérisée par le relativisme, le consumérisme et une exaltation fausse et destructive, ou mieux une profanation, du corps et de la sexualité. C'est pourquoi, justement pour ce grand "oui" que comme croyants au Christ nous disons à l'homme aimé de Dieu, nous ne pouvons certes pas nous désintéresser de l'orientation globale de la societé à laquelle nous appartenons, des tendances qui l'animent et des influences positives ou négatives qu'elle exerce sur la formation des nouvelles générations. La présence même de la communauté des croyants, son engagement éducatif et culturel, le message de foi, de confiance et d'amour dont elle est porteuse, sont en réalité un service inestimable pour le bien commun et spécialement pour les enfants et les jeunes qui se forment et se préparent à la vie.

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