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LIBÉRATION, 8 JANVIER

Volte-Face

Par Gérard DUPUY
lundi 8 janvier 2007

Patatras ! l'archevêque s'est pris les pieds dans sa soutane neuve. Stanislaw Wielgus semble rétrospectivement indigne de la confiance de ses supérieurs. Non seulement il traînait un passé d'indic dans son baluchon, mais ­ surtout ­ il a fait jusqu'au dernier moment preuve d'un cynisme impavide pour parvenir à s'asseoir sur son trône archiépiscopal. Bien triste exemple donné à ses ouailles ! Mais, dans cette histoire, c'est surtout le Vatican qui s'est déconsidéré et ridiculisé.

Non seulement le pape a fait un choix déplorable en la personne de Wielgus, mais il a pris des risques inhabituels pour le défendre contre les accusations. Malgré la commission d'enquête de l'Eglise catholique polonaise, le Vatican a procédé vendredi à la «prise de possession canonique» de Wielgus, avant de pousser celui-ci à la démission quarante-huit heures plus tard. La machine du Vatican, contre sa réputation, s'est montrée à la fois imprudente et inconséquente.
Il faut croire qu'il importait beaucoup à Benoît XVI de promouvoir un prélat proche de la quasi intégriste Radio Maryja. Le plus amusant, c'est que cette aile conservatrice de l'Eglise polonaise mène une campagne incessante et fervente pour démasquer les méchants communistes planqués. L'hystérie peut apparemment faire bon ménage avec l'hypocrisie. En imposant un personnage extrémiste, le Vatican a choisi une politique agressive, éloignée des soucis consensuels. Sa volte-face le montre soumis, lui aussi, au gouvernement d'opinion, les Polonais ne voulant pas d'un mouchard pour archevêque. Cette bourde monumentale ne fera pas taire les rumeurs d'incompétence qui bourdonnent autour de Benoît XVI.


Le Vatican prend une claque

Le pape, qui connaissait le passé de Wielgus, entérine sa décision, mais parle d'«attaques à l'encontre des ecclésiastiques».
Par Eric JOZSEF


Contraint d'accepter la démission de monseigneur Stanislaw Wielgus, le Vatican, par la voix de son porte-parole Federico Lombardi, a dénoncé hier «une vengeance» contre l'Eglise polonaise, soumise «actuellement à une vague d'attaques». Tout en estimant que la décision de l'archevêque constituait «une solution adéquate» face à la «désorientation» des fidèles après les révélations concernant ses liens avec les services secrets communistes «qui ont compromis gravement son autorité», cet important collaborateur du pape Benoît XVI en a rajouté, évoquant «une étrange alliance entre les persécuteurs du passé et d'autres adversaires de l'Eglise polonaise». «Wielgus n'est pas le premier et ne sera sans doute pas le dernier cas d'attaque à l'encontre de personnalités ecclésiastiques sur la base de documents des services secrets de l'ancien régime», a insisté Federico Lombardi. Il a précisé qu' «il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'un matériel produit par des fonctionnaires d'un régime oppressif et qui usait de chantage».
«Il n'avait jamais trahi son Eglise»
Au cours de son premier voyage à l'étranger, en mai dernier, en Pologne, le pape Benoît XVI avait invité les fidèles à accorder le pardon et à tourner la page. Alors qu'on estime que plus de 10 % du clergé local a, d'une manière ou d'une autre, entretenu des contacts avec la police secrète de l'Etat communiste, le souverain pontife avait ainsi demandé aux concitoyens de son prédécesseur Jean Paul II de «se garder de s'ériger avec arrogance au rang de juges des générations précédentes, qui ont vécu en d'autres temps et en d'autres circonstances». Au nom de la réconciliation, la candidature de Stanislaw Wielgus n'avait ainsi pas paru saugrenue aux autorités catholiques qui, sur proposition du nonce apostolique, l'avaient nommé archevêque de Varsovie le 6 décembre dernier. A la suite des révélations de la presse polonaise sur son passé, le Vatican avait dans un communiqué précisé, le 21 décembre, «que toutes les circonstances de sa vie» avaient été examinées avant sa désignation. Wielgus lui-même a indiqué qu'il avait personnellement «informé» Benoît XVI de son passé, il y a plusieurs semaines, précisant qu' «il n'avait jamais trahi le Christ et son Eglise».
«Nouveau faux pas»
Il y a encore quelques jours, le Vatican semblait décidé à maintenir le cap. Mais la publication détaillée des liens de Wielgus avec la police secrète pendant plus de quinze ans et la reconnaissance de l'intéressé, vendredi, d' «avoir de nouveau fait du mal en niant cette collaboration au cours des derniers jours», ont rendu la situation insoutenable, en particulier auprès de nombreux fidèles polonais.
«Il est possible que l'entourage du pape n'ait pas été en possession de tous les éléments concernant le passé de monseigneur Wielgus avant sa désignation», confiait hier soir un proche de Benoît XVI. Ce dernier, en nommant l'ex-recteur de Lublin archevêque de Varsovie, a commis «un nouveau faux pas, après celui de Ratisbonne», allusion au discours du pape qui dans cette ville allemande avait associé islam et violence , selon plusieurs vaticanistes.


 

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