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LE MONDE DU 9 JANVIER

Une atteinte grave à l'autorité du pape Benoît XVI

La démission de Mgr Stanislaw Wielgus, acceptée dimanche 7 janvier par le pape, est un camouflet pour Benoît XVI. La "gestion" de la nomination, le 6 décembre, de ce nouvel archevêque de Varsovie, de son soutien bruyant par le Vatican jusqu'à son lâchage subit, est sans précédent à ce niveau du gouvernement de l'Eglise. La consternation qui régnait dimanche au Vatican comme à Varsovie est à la hauteur d'un "désastre" qui a conduit le pape, mal conseillé, à faire marche arrière et à accepter, le jour même de son investiture, la démission d'un évêque.
Les évêques sont traditionnellement nommés par le pape, à la suite d'une consultation à l'intérieur du pays menée par le nonce et la conférence nationale des évêques. Dans cette affaire Wielgus, la responsabilité du nonce, Mgr Joseph Kowalczyk, qui avait été nommé en 1989 par Jean Paul II - en dehors de la règle qui interdit à un nonce d'exercer ses fonctions dans son pays d'origine -, et de la hiérarchie polonaise est lourdement engagée. Le dossier de Mgr Stanislaw Wielgus, dans un contexte de vigilance accrue de l'opinion vis-à-vis des ex-prêtres collaborateurs, n'avait pas été correctement étudié en Pologne et à Rome.
MOTION DE SOUTIEN
Deuxième erreur : le communiqué de soutien à la nomination de Mgr Wielgus publié le 21 décembre par le Vatican, alors même que les informations filtraient sur le passé douteux de cet évêque. Le Vatican indiquait avoir "pris en compte toutes les circonstances de la vie" du prélat désigné, y compris son passé, et affirmait que le pape avait "toute confiance" en lui. Que le Vatican soit obligé de publier une motion de soutien à une nomination effectuée par le pape, c'était du jamais vu. Vendredi 5 janvier, après la publication des résultats accablants de la commission d'enquête de l'Eglise sur Mgr Wielgus, le Vatican renvoyait encore les journalistes à cette déclaration.
Troisième surprise : la rapidité avec laquelle le Vatican s'est déjugé dimanche, après les aveux et la démission acceptée de Mgr Wielgus. Des tractations en urgence avaient eu lieu dans la soirée et la nuit, à Varsovie et à Rome, entre des responsables politiques, qui ont fait valoir que cette affaire risquait de nuire à la "raison d'Etat" et à l'image de la Pologne, et des représentants du Vatican. C'est la première fois qu'un évêque à peine nommé est ainsi aussitôt suspendu (ndr: en réalité, il a donné sa démission).
Le Père Lombardi, porte-parole, admettait dimanche à Rome que "le comportement de Mgr Wielgus durant le régime communiste a gravement compromis son autorité" et que sa démission était " une solution adéquate".

Le pape n'ignorait pas la gravité de cette crise. Depuis un an, trois noms connus de prêtres ex-"agents" avaient fait sensation dans les médias : Konrad Hejmo, religieux dominicain responsable des pèlerinages à Rome ; Tadeusz Drozdek, prêtre connu de Zakopane ; Michal Czajkowski, des milieux intellectuels de Varsovie. Lors de sa visite à Varsovie en mai 2006, Benoît XVI avait admis la présence de "pécheurs" dans l'Eglise et les "échecs du passé", mais demandé au pays "de ne pas jeter à la légère des accusations sans preuve".

Henri Tincq


 

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