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DANS LE FIGARO ET LE MONDE

Le médiatique Père Tadeusz Isakowicz-Zaleski

Ce prêtre "très médiatique" a eu, comme par hasard, les honneurs de la presse française, faisant l'objet d'un article plutôt élogieux à la fois dans LE MONDE et LE FIGARO
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Le Figaro
L'Église polonaise met ses évêques en examen

De notre envoyée spéciale à Cracovie et Varsovie LAURE MANDEVILLE. Publié le 13 janvier 2007

DANS LE RESTAURANT aux fresques souriantes de moines polonais rebondis, situé au sous-sol du bâtiment de l'hebdomadaire catholique Tygodnik Powszechny à Cracovie, le père Tadeusz Isakowicz-Zaleski enchaîne les interviews. Ce prêtre, à la barbe bien coupée et aux yeux noirs résolus, s'est retrouvé sous les feux des projecteurs depuis qu'a éclaté le scandale autour de l'archevêque de Varsovie. Mgr Stanislas Wielgus a été forcé, à peine nommé, de renoncer le 7 janvier à son ministère, à la suite des fracassantes révélations de la presse sur sa collaboration avec l'ancienne police politique communiste (SB).

Le père Isakowicz-Zaleski appelle l'Église catholique à regarder en face les pages sombres de son histoire. « Quelque 90 % des prêtres ont résisté aux tentatives de recrutement de la police politique, ce qui est tout à l'honneur de l'Église. Mais il est indispensable que l'Institution fasse aussi la vérité sur les 10 % de prêtres qui ont collaboré, ceux-ci doivent demander pardon pour leurs actes », explique-t-il. « Si on l'avait fait plus tôt, l'Église n'aurait pas nommé à la tête de l'archevêché de Varsovie un homme qui a collaboré pendant vingt ans, non seulement avec le contre-espionnage communiste polonais, mais aussi avec les renseignements extérieurs, qui étaient en contact direct avec les services soviétiques », ajoute-t-il.
C'est en plongeant lui-même dans les archives de son épais dossier à la SB, conservé au sein de l'Institut de la mémoire nationale, que ce prêtre engagé dans le mouvement d'opposition de Solidarnosc dans les années 1980, s'est lancé dans ce combat. Il découvrit que parmi les dénonciateurs qui faisaient des rapports sur lui, figuraient des prêtres. Il en avisa sa hiérarchie. Face à la passivité de celle-ci, le père Tadeusz décida d'enquêter lui-même. Les résultats en seront publiés le 28 février, aux éditions catholiques Znak. Avant-hier, le père Tadeus confiait au Figaro que les noms de 39 prêtres, dont 4 évêques ayant collaboré, figureraient dans son livre. D'autres historiens sont prêts à révéler d'autres noms, affirme-t-il, précisant que plusieurs anciens agents seraient notamment présents dans l'entourage du cardinal de Cracovie Stanislaw Dziwicz, ancien secrétaire particulier de Jean-Paul II.

Après avoir été toléré par la curie de Cracovie, le père Tadeusz a été critiqué en octobre par sa hiérarchie qui a dénoncé le processus de mise à jour « sauvage » des anciens agents et traité le prêtre rebelle de « grand inquisiteur ». Mais le séisme actuel le remet en selle. Le choc du scandale Wielgus dans l'ensemble d'une société polonaise massivement croyante (87 %) et pratiquante (40 %), pousse la hiérarchie ecclésiastique à agir. Accusée d'avoir « trahi » le pape Benoît XVI, en lui cachant le passé de Mgr Wielgus, et en l'obligeant à se déjuger, la conférence épiscopale polonaise est sur la défensive. La commission qu'elle a décidé de créer hier pour vérifier le passé des évêques « marque le début de la fin de l'intouchabilité de l'Église polonaise », note un diplomate européen.
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Le Monde

Le Père Isakowicz-Zaleski appelle l'Eglise polonaise à "se confesser"

C'est une session extraordinaire aux allures de réunion de crise : vendredi 12 janvier, l'épiscopat polonais s'est rassemblé à Varsovie pour plancher sur la collaboration du clergé avec l'ancienne police politique communiste (SB), cinq jours après que la démission de l'archevêque de Varsovie, Mgr Stanislaw Wielgus, a décontenancé le pays et ébranlé son Eglise.
La tension est montée d'un cran, jeudi soir, quand le père Tadeusz Isakowicz-Zaleski, chantre de la publication du nom des prélats collaborateurs, a annoncé que l'un des quarante-cinq évêques diocésains et ordinaires convoqués vendredi est un ancien agent de la SB. "L'Eglise a été victime de la répression du communisme. Ce régime s'est acharné sur elle, mais 90 % du clergé a refusé de collaborer, martèle le père Isakowicz-Zaleski, dans un entretien donné au Monde, à Cracovie. L'Eglise doit aujourd'hui se confesser et faire son mea culpa pour guérir les maux créés par ses 10 % de prêtres collaborateurs."

"Le drame, c'est que l'Eglise a eu dix-sept ans pour traiter cette question, mais elle n'a rien fait, blâme le prêtre. Pour beaucoup de fidèles, le problème n'est pas que le clergé ait pu collaborer, mais ce sentiment que l'Eglise cache un dossier difficile."
La hiérarchie de l'Eglise polonaise attend avec anxiété la publication, prévue début mars aux éditions Znak, du livre du père Isakowicz-Zaleski Le Clergé face à la SB - Le cas de la curie de Cracovie. L'auteur y liste trente-neuf prêtres collaborateurs. Parmi lesquels quatre sont, aujourd'hui, des évêques. "J'ai alerté, en 2005, la hiérarchie de l'Eglise que les archives de la SB renferment des dossiers qui sont de véritables bombes à retardement. Mais aucune mesure n'a été prise, tance le prêtre. Il y a un an encore, si l'Eglise avait réagi en consultant les archives de la SB, on aurait pu régler ces problèmes autrement. Voire les éviter." Trop tard, prévient-il. Le dossier des prélats ex-agents s'étend désormais "comme une maladie qu'on n'a pas su soigner à temps".
Bête noire de l'épiscopat polonais, qui a longtemps empêché la sortie de son livre, le père Isakowicz-Zaleski est devenu en l'espace de quelques jours, à coup de déclarations tonitruantes, l'un des visages les plus médiatisés de ce groupe de prélats et de laïcs polonais qui, avide de vérité sur le passé communiste, appelle l'Eglise à un devoir de mémoire. "Je voulais le bien de l'Eglise. Mais elle m'a présenté comme un ennemi et m'a tiré dans le dos, déplore-t-il aujourd'hui. Jamais l'Eglise polonaise n'a été si agressive."
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Sans précédent, cette crise aura surtout écorné une icône. Celle de l'Eglise polonaise comme force d'opposition au communisme. Et pourtant cette Eglise reste en même temps celle du pape Jean Paul II, du primat Stefan Wyszynski, du père Jerzy Popieluszko. Celle aussi de curés anonymes persécutés.

Célia Chauffour


 

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