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GUY GILBERT À L'AUDIENCE DU 17 JANVIER

Retour de Rome, 17 janvier (I.Media)

Le père Guy Gilbert, prêtre français qui se consacre à l’aide aux jeunes en difficulté, a qualifié de “pas en arrière“ l’éventuelle prochaine publication par Benoît XVI d’un décret facilitant la célébration de la messe selon le rite de saint Pie V. Interrogé par I.MEDIA le 17 janvier 2007 alors qu’il était de passage au Vatican où il s’est brièvement entretenu avec le pape au terme de l’audience générale, celui que l’on appelle ‘le curé des loubards’ a aussi jugé “unique et prophétique“ la visite de Benoît XVI à la Mosquée bleue d’Istanbul (Turquie), le 30 novembre dernier.
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Comment s’est déroulée votre brève rencontre avec Benoît XVI ?

Quand je l’ai vu, je me suis dit : ce mec à un milliard d’hommes à gérer, à inspirer. Je l’ai salué à travers Youssouf, un jeune Turc qui m’avait dit : ‘quand tu verra ton pape tu le saluera bien car c’était très beau ce qu’il a fait à Istanbul‘. J’ai vu ses yeux s’illuminer quand je lui ai parlé de la Turquie. La visite à la Mosquée bleue a été unique et prophétique, après la maladresse de Ratisbonne où il avait fait un discours remarquable sur la foi et la raison mais où il s’était conduit comme un professeur. Il avait peut-être oublié quelques instants qu’il était pape. Mais cette phrase maladroite a été parfaitement rectifiée et les Turcs, en France, étaient absolument ravis de sa prestation. Je pense que le pape y a présenté un véritable cours de théologie à travers cette image de cinq minutes, debout, en direction de La Mecque, sans pour autant devenir musulman, mais pour dire : ‘je respecte ce que vous respectez’. A mon sens, il est allé plus loin que Jean-Paul II qui était aussi allé dans une mosquée. J’ai vu des musulmans tétanisés devant l’image télévisée de Benoît XVI à la Mosquées bleue !

Ce pape qui s’est rendu à la Mosquée bleue d’Istanbul est aussi celui qui prépare un document facilitant la célébration de la messe préconciliaire. N’y voyez-vous pas un grand écart de sa part ?

S’il a fait un pas de géant vis-à-vis des musulmans, j’espère qu’il ne va pas faire un pas en arrière vis-à-vis de cette fameuse messe. Il ne faudrait pas donner un aliment à une infime minorité qui veut retourner en arrière. La tradition avance. Mettre sa crosse dans le ciment comme l’a fait Mgr Lefebvre (l’ancien chef de file des traditionalistes, ndlr) n’est pas bon. Incontestablement, il y a eu des bavures après le Concile Vatican II. Mais, depuis 40 ans, le peuple chrétien est rentré dans une liturgie - avec notamment la concélébration qui est une chose absolument prestigieuse -, et dire la messe dos au peuple est invraisemblable pour l’immense majorité des catholiques. Il faut rassembler l’Eglise, mais pas à n’importe quel prix. Benoît XVI veut mettre fin à une division interne de l’Eglise, avec les intégristes. Il va chercher les brebis perdues de l’Eglise avant d’aller chez les musulmans et les juifs. C’est important. Mais, à mon avis, il faut qu’il ne leur concède pas trop.

Benoît XVI a donc décidé de résoudre en premier lieu les problèmes internes de l’Eglise. C’est le bon objectif selon vous?

C’est capital. Jean-Paul II courait partout dans le monde et cela semblait être le foutoir ici. Si le Vatican n’est pas régi par une personne qui est le pape pour essayer d’unir les instances ici, ce n’est pas possible. Benoît XVI est en train de redonner à l’instance supérieure une énergie et une orientation pour que chacun n’aille pas une direction différente, c’est important. Le Vatican c’est monstrueux, gigantesque, mais c’est la terre de l’Eglise. C’est de là que part la fertilité de l’Eglise. J’aime voir, chez Benoît XVI, derrière cette peau de vieil homme, le porteur d’un message extraordinaire, à travers toutes les contradictions possibles. Ce que j’admire chez lui, comme c’était le cas chez Jean-Paul II, c’est qu’il porte toutes les tendances de l’Eglise et se retrouve totalement écartelé. Il nous dit qu’il ne faut jamais rentrer dans une faction de l’Eglise. Car l’Eglise est incomplète dans les traditionalistes, elle est incomplète dans les progressistes, et il faut tenir les deux bouts de la chaîne.

A vos yeux, comment se porte l’Eglise dont certains disent qu’elle traverse une tempête après le discours de Ratisbonne ou l’affaire Wielgus en Pologne?

Actuellement, elle est pétante d’espérance. Si l’Eglise chemine dans la paix, cool, tranquille et sans bavure, ce n’est pas l’Eglise. L’Eglise du Christ est une Eglise qui sera toujours dans la tempête. Ces tempêtes sont sources d’espérance. Car, après la tempête, il y a un temps superbe et ce sera toujours comme cela.


 

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