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LA SITUATION DE L'EGLISE CHINOISE (AGORA VOX)
 

Benoît XVI et la Chine renouent les liens
http://www.agoravox.fr

Le Vatican lance un signal de détente à l’intention de la Chine et sollicite la normalisation de ses relations avec la République populaire chinoise. Il faut souligner que cela fait plus de cinquante ans que les relations entre la Chine et le Vatican sont brouillées. Au terme d’une réunion de deux jours, ayant permis des échanges entre responsables du dossier chinois au sein de l’Eglise catholique et des membres de l’autorité chinoise, il en découle une petite avancée dans les relations entre ces deux parties. Les deux Etats n’entretenaient plus de relations diplomatiques depuis les années cinquante.
Les principaux spécialistes du dossier chinois, le cardinal Zen, évêque de Hong Kong, le cardinal Shan de Taïwan, l’évêque de Macao, quelques experts religieux ainsi que les responsables de la Curie, dont le cardinal indien Ivan Dias, chef de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, ont essayé de dialoguer avec la Chine dans l’optique de renouer les liens si longtemps disloqués. L’objet de cette rencontre ? Définir une stratégie pour, comme l’exprime le communiqué officiel, « parvenir à une normalisation des rapports, à différents niveaux, afin de permettre une vie fructueuse et pacifique à la foi de l’Eglise et de travailler ensemble pour le bien du peuple chinois et de la paix dans le monde ». La diplomatie travaille avec acharnement. Nous verrons peut-être le pape actuel ou un de ses successeurs se rendre en Chine, y célébrer une grand-messe et rencontrer des jeunes. Le Vatican et la Chine ont une trop longue histoire pour ignorer combien de patience exige un tel rapprochement. Les relations sont à la détente actuellement.

Un peu d’histoire sommaire : les relations diplomatiques ont été rompues après 1949, lorsque le Vatican a décidé de reconnaître Taïwan. Deux ans plus tard, la situation des catholiques chinois a empiré, ils ont connu persécutions à l’époque de la Révolution culturelle. Actuellement, ce n’est plus le cas, mais les autorités chinoises n’en cessent pas moins de procéder régulièrement à des arrestations, ou à des nominations d’évêques sans l’accord du pape.

Un dialogue constructif
Le nombre de catholiques en Chine est inconnu. Il n’existe aucun chiffre officiel. Les estimations varient entre quinze et vingt millions de chrétiens catholiques. Dans ces discussions sensibles que se livrent Rome et Pékin, l’Eglise de Chine est divisée en deux parties, avec d’un côté une Eglise dite « patriotique » ou « officielle », dépendant directement du pouvoir politique chinois, et une autre dite clandestine restée, contre vents et marées, fidèle au pape.

Le Saint-Siège présente un point non négociable, même si les modalités d’application peuvent être déclinées de diverses manières : le lien qui doit unir tout évêque au successeur de Saint Pierre, le pape Benoît XVI. Depuis deux ans, une sorte de modus vivendi semblait avoir été trouvé, puisque la plupart des récentes nominations d’évêques au sein de l’Eglise patriotique avaient reçu, de façon informelle et non officielle mais bien réelle, l’aval du Vatican. Quelque 80% des évêques chinois seraient aujourd’hui en communion avec Rome. Mais à l’automne, Pékin a nommé trois nouveaux évêques sans consultation. Nouveau pas en arrière. L’omniprésence, de surcroît, de l’association patriotique qui gère les affaires de l’Eglise officielle rend, avec le temps, le fossé « culturel » de plus en plus profond.

Les responsables chinois ont des exigences
Le Saint-Siège signifie aux responsables chinois ses positions et son intention qui sont de favoriser la voie diplomatique et de ne pas attiser les tensions. Le Vatican souhaite établir « un dialogue respectueux et constructif ». Le temps presse, davantage pour Rome que pour Pékin, car sur les cent quarante évêques que compte la Chine (soit deux tiers officiels et un tiers clandestin), une centaine approchent de l’âge de la retraite. Il est grand temps de résoudre ce petit problème. Un véritable saut générationnel rend la question des nominations centrale et urgente pour le pape.
Le gouvernement de Pékin, comme tous les pouvoirs et ex-pouvoirs communistes, redoute le pouvoir souterrain de l’Eglise catholique, et pourrait avoir tout intérêt à poursuivre sa politique de deux pas en avant, un pas en arrière. Néanmoins la Chine n’est plus seulement une puissance émergente sur la scène économique mondiale, elle est également un acteur politique qui entend accroître son poids diplomatique. Sous cet angle, le Saint-Siège n’est pas un interlocuteur négligeable.

Les autorités de Pékin ont rappelé leurs conditions au rétablissement des relations avec le Saint-Siège. Liu Bainian, vice-président de l’association patriotique chinoise, affirme : premièrement « le Vatican doit rompre toute relation avec Taïwan ». C’est un faux obstacle, en effet, le pape est prêt à le faire rapidement si les autres dossiers aboutissent. Monsieur Liu Bainian ajoute : « ... le Vatican doit s’engager à ne pas s’ingérer dans les affaires intérieures de la Chine ». C’est la partie la plus délicate. S’ingérer dans les affaires intérieures de la Chine, cela veut dire quoi ? L’histoire ne manque pas d’exemples allant dans ce sens. Nous aurons tout loisir d’observer l’évolution de ces relations naissantes (ou renaissantes).

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