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LA NOUVELLE CENSURE

Des "filtres"?

Preuve que la presse n'obéit pas forcément un objectif de rentabilité immédiate, mais poursuit un but à plus long terme, qui est celui du conditionnement idéologique. Ce n'est pas 'que' la décérébration, ce serait trop simple. Le monde des medias a été débordé par l'incroyable évolution technologique, et l'explosion d'Internet, et s'en inquiète. Il doit néanmoins faire le grand écart entre son désir bien humain de conserver son monopole, et son souci vertueux de maintenir la fiction de la liberté d'expression.
Jean-Marc Morandini, recalé de la télé qui sévit désormais sur Europe 1 ne peut être soupçonné de ne pas connaître à fond le microcosme médiatique. Il en vit.
On dirait bien, cette fois, qu'il y a le feu à la maison.
Ce matin, il a vendu la mèche: le risque d'une information non contrôlée qui émanerait d'Internet en transitant par les blogs, est bel et bien un risque majeur ('Internet, information ou désinformation?' telle est la questions qu'il prétend soumettre à ses auditeurs, s'agit-il de tester l'opinion?), et nécessite des mesures de censure, pudiquement appelée "filtre". Idée déjà développée il y a près de deux ans par Dominique Wolton sur la même antenne, voir ici:
On pourrait même voir décerné le titre de journaliste à des auteurs de blogs réputés "sérieux" (par qui, et sur quels critères?). Des bloggers anonymes devenant journalistes, en somme, c'est-à-dire adoubés par le système. Une voie déjà explorée aux Etats-Unis, comme LA CROIX l'expliquait dans un article datant de novembre 2006.
Jusqu'ici, en France, on avait plutôt vu l'inverse: des journalistes (connus) ouvrant des blogs. La ficelle était sans doute trop grosse, et risquait d'être trop vite éventée.
Morandini, par exemple, a lui-même un blog, très bien fait, qui attire certainement beaucoup de monde, mais qui n'a plus rien du "bloc-notes" informel développé sur la toile par un amateur passionné par un sujet, comme c'est le cas de celui que vous lisez ici-même. Il y a là un détournement de concept, un véritable hold-up, et la tromperie trouvera sans doute rapidement ses propres limites.

Evidemment, avec un art consommé de la manipulation, qui sert à chaque fois qu'on veut imposer à une opinion réticente une idée douteuse, on détourne son attention sur des faits marginaux, susceptibles d'emporter l'adhésion des gogos, et présentés comme scandaleux, ici pour légitimer le "droit des femmes à avorter", là pour justifier la censure : dans le cas présent, on fait l'impasse sur les immondes sites pornographiques (qui, curieusement, ne gênent plus personne) pour se focaliser par exemple sur les videos "sauvages" piégeant "stars" des media et politiciens, en invoquant le droit à l'image, que chacun, évidemment, s'accorde à revendiquer pour soi...

Il apparaît également, toujours d'après les propos de l'ex-animateur, que les émissions de plus en plus nombreuses où l'on donne la parole aux auditeurs, ou télespectateurs (sans parler des rubriques de la presse écrite ouvertes au courrier des lecteurs) tentent de se substituer à ces blogs pour faire passer l'information sauvage par le 'filtre journalistique'. Ce n'est même plus de la démocratie participative, comme je le croyais naïvement, mais de la tromperie pure et simple, et, j'en suis convaincue, à l'insu de la plupart des journalistes eux-mêmes -c'est sans doute prétentieux de ma part, mais réaliste; à moins que cela ne soit justement cela, la démocratie: un piège à c... en somme. Quel aveu!

Voir sur le même sujet "La nouvelle presse écrite", et aussi "La nouvelle information"

23 février


 

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