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L'ENSEIGNEMENT DU MÉPRIS

M. de Jaeghere et la cathophobie

La haine de l'Église, de sa morale et de ses disciplines a trouvé depuis une dizaine d'années à s'incarner enfin dans la surexploitation d'un scandale : celui des affaires de pédophilie qui ont entaché la réputation de certains membres du clergé.
On aimerait passer rapidement sur une question aussi sordide. Se contenter de dire son horreur pour de telles pratiques. Leur instrumentalisation l'interdit. Car on a peine à croire que la réprobation dont ces agissements font l'objet n'est liée qu'à l'horreur légitime qu'ils suscitent. La pédophilie, qui était considérée, hier encore, comme un travers d'esthète (nul ne songeait à la reprocher à Gide, non plus qu'à lui interdire d'en faire, dans ses romans, l'apologie, et on a vu, il y a vingt ans, Gabriel Matzneff venir raconter sa passion pour les « moins de seize ans » dans une émission littéraire sur une chaîne publique de télévision sans susciter de la part de son interviewer plus qu'une curiosité amusée), est justement apparue depuis quelques années comme un crime. Mais les ressorts de cette prise de conscience méritent d'être examinés avec soin. Elle est paradoxalement intervenue, en effet, au moment même où la révolution sexuelle arrivait à son terme ; où avait triomphé dans les esprits l'idée qu'en la matière, il n'y avait que des préférences, et que rien ne devait être interdit. Cela a abouti à ce premier paradoxe que la même société qui promeut les déviations sexuelles les plus inattendues comme un choix de vie légitime considère l'une d'elles, et une seule, comme un crime absolu, irrémissible. Et à ce deuxième paradoxe qu'alors même que l'Église était la seule force morale à tenter de s'opposer au libertinisme qui avait conduit à tout tolérer, à tout permettre, elle s'est trouvée compromise par le fait que certains de ses prêtres s'étaient rendus coupables du seul crime échappant à la tolérance universelle.

Soyons clair : loin de moi l'idée d'excuser ou de minorer la portée de tels actes. Je souligne seulement la bizarrerie de voir la société qui a promu la libération sexuelle affirmer son horreur de la pédophilie, alors qu'il paraît clair que la « libération » qu'elle a promue conduit à rechercher toujours plus loin, toujours plus bas, comment assouvir ses instincts ; l'Église prise au piège et accusée non seulement d'hypocrisie, mais plus profondément d'avoir une responsabilité directe dans la défaillance de ses prêtres par la discipline qu'elle leur impose, l'ascèse qu'elle leur prêche étant pointée comme la cause même de leur chute, selon l'adage : Qui veut faire l'ange, fait la bête.

Nul ne pourrait, sans tomber sous les foudres de la loi, établir un lien quelconque, supposer une prédisposition qui conduise de l'homosexualité aux pratiques pédophiles. On a même inventé des mots nouveaux pour chasser toute confusion dans les esprits : alors que l'on parlait jusque dans les années soixante-dix de pédérastes, on a lancé les mots homosexuel et pédophile pour distinguer des réalités qu'on a décrétées sans rapport. On a dit et répété qu'il y avait autant d'hétérosexuels que d'homosexuels parmi les pédophiles, alors qu'en réalité, la proportion est de un sur cinq. Dans le même temps, on ne laisse pas échapper une occasion de suggérer que le sacerdoce, parce qu'il impose une abstinence contre nature,,prédispose à la pédophilie. Il y a là une sorte d'inversion diabolique. Comme si le Malin était arrivé à faire endosser ses-crimes par ses ennemis. Comme s'il était parvenu à s'en faire l'instrument pour salir le sacerdoce et confondre l'Église. On en arrive en effet à ce résultat que l'opinion peut avoir le sentiment que c'est parmi les adversaires déclarés de l'homosexualité que l'on trouve le plus grand nombre de pédophiles. Comme si la condamnation de l'homosexualité était, en elle-même, la marque d'un déséquilibre, la preuve que l'on a quelque chose de grave à cacher.
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Il faut bien reconnaître que la pédophilie est malheureusement de tous les temps et qu'il y a toujours eu, chez les éducateurs en particulier, un certain nombre de « brebis galeuses », qui se sont rendues coupables de gestes d'une inégale gravité, du «frôleur » sentimental au violeur pur et simple. On les traitait au cas par cas en les éloignant des enfants. C'est malheureusement un fait qu'il s'est parfois trouvé parmi les prêtres, des gens qui ont eu ce type de tentations. C'en est un autre, soigneusement occulté, que l'érotomanie de la société contemporaine, l'affichage complaisant, la pornographie omniprésente, au cinéma, dans la rue, dans la publicité, à la télévision ont considérablement aggravé la situation, en avivant les tentations, en excitant les sens, en faisant tomber les interdits. C'en est un troisième que la médiatisation n'est pas la même selon la personnalité du pédophile. Depuis 1999, une succession de scandales surmédiatisés a tendu à donner le sentiment que toutes les semaines on arrêtait un prêtre pédophile.

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Si l'on s'en tient aux chiffres, il y a actuellement en France une vingtaine de prêtres inculpés dans des affaires de moeurs, et une trentaine qui ont été condamnés. C'est beaucoup, cela fait environ 50. L'effectif des prêtres en France qui sont en activité est de 13 510. Cela fait donc 0,4 %. C'est terrible, tragique, il ne faut pas se le dissimuler. Mais cela ne correspond pas à l'image qu'en donnent les médias. 99,6 % des prêtres ne sont pas impliqués dans des affaires de ce genre. Or, tout est fait pour laisser entendre que l'Église est en première ligne dans les affaires de pédophilie. Alors qu'il y a, notamment, un grand nombre d'affaires du même ordre qui mettent en cause des instituteurs et des professeurs de l'école publique, et que personne n'a idée d'accuser l'Éducation nationale. Citons, par exemple, l'Express, à propos de l'affaire de l'abbé XXX « Une affaire dramatique mais presque banale. Ces dernières années, on a vu se multiplier des affaires de pédophilie mettant en cause le clergé catholique du bas de l'échelon aux degrés les plus élevés de la hiérarchie. » Des diacres aux évêques, aux cardinaux ? L'objectif est de prouver que l'Église est une institution criminogène. Au moment du procès du même abbé XX qui était jugé à Bayeux, France Inter n'avait pas envoyé de reporter sur place. Le jour de l'ouverture des débats, c'est vers Rome que la station se tournait, pour donner la parole au chroniqueur religieux de « La Repubblica ». Que pouvait savoir du procès ce journaliste romain ? Rien. Il ne l'a pas moins commenté en déclarant que le problème n'était pas la faute de l'abbé XX mais le célibat des prêtres, la chasteté, les règles morales imposées au clergé qui condamneraient, en quelque sorte, les prêtres à la pédophilie ! Le résultat est que la figure du prêtre est désormais associée, pour beaucoup, à celle du pédophile. Que sa mission d'éducateur est par là salie, compromise.

Aux États-Unis, le scandale a, semble-t-il, plus d'ampleur. La condamnation à 10 ans de prison d'un prêtre qui s'était rendu coupable d'abus sexuels, le père XXX, a suscité le dépôt de centaines de plaintes, concernant des affaires remontant à vingt années. Dans un pays procédurier, nul doute que les avocats aient repéré là une source intarissable de profits. Reste que nul ne s'y interroge sur la dérive libérale dont l'Église américaine a été depuis trente ans le théâtre ; se ralliant de fait aux mots d'ordre de la société ; tolérant le libertinage, l'homosexualité comme des acquis de la modernité. Ceux qui sont mis en cause par les médias, ce sont au contraire les évêques nommés depuis une dizaine d'années par le Saint-Siège pour tenter de redresser la situation, ceux qui défilent pour la vie en tête de leurs fidèles et qui refusent la communion aux politiciens complices de l'avortement. Parce qu'ils prétendent rétablir une discipline à laquelle on veut attribuer la responsabilité des manquements observés.

Au terme de cet extraordinaire lavage de cerveau, l'Église apparaît ainsi comme une institution dont toute l'histoire est jalonnée de crimes, diffusant une religion fondée sur des légendes et des racontars, gouvernée de façon archaïque par des vieillards coupés du monde et faisant adopter à ses fidèles des comportements aberrants et dangereux, quand elle ne les pousse pas directement au crime.

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