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INTERVIEW (10)

L'Eglise est-elle un frein?

Question : Un thème qui a déjà en partie été abordé, très Saint Père. Les sociétés modernes, lorsqu’il s’agit de prendre des décisions importantes en matière de politique et de science, ne s’inspirent pas des valeurs chrétiennes et l’Eglise – les enquêtes le prouvent – est la plupart du temps considérée uniquement comme une voix qui met en garde, voire qui freine. L’Eglise ne devrait-elle pas sortir de cette attitude défensive et assumer une attitude plus positive vis-à-vis de l’avenir et de sa construction?

Benoît XVI : Je dirais que de toute manière nous avons le devoir de mieux mettre en évidence ce qui pour nous est positif. Et nous devons le faire en premier lieu dans le dialogue des cultures et des religions, puisque, comme je l’ai déjà dit je crois, le continent africain, l’âme africaine ainsi que l’âme asiatique sont horrifiées par la froideur de notre rationalisme. Il est important qu’elles puissent voir qu’il n’y a pas que cela chez nous. Et réciproquement il est important que notre monde laïciste se rende compte que la foi chrétienne n’est pas une entrave, mais un pont pour le dialogue avec les autres mondes. Il est erroné de croire que la culture purement rationnelle, en vertu de sa tolérance, dispose d’une approche plus facile avec les autres religions. Il lui manque en partie «l’organe religieux » et par conséquent le point d’accroche à partir duquel et vers lequel les autres veulent entrer en relation. C’est pourquoi nous devons, nous pouvons montrer que justement pour la nouvelle inter culturalité, dans laquelle nous vivons, le pur rationalisme libéré de Dieu est insuffisant, mais qu’il faut un rationalisme plus ample, qui considère Dieu en harmonie avec la raison, conscient que la foi chrétienne qui s’est développée en Europe est aussi un moyen pour faire converger la raison et la culture et pour les compléter aussi avec l’action dans une vision unitaire et globale. Dans ce sens je crois que nous avons une tâche importante à accomplir, montrer que cette Parole que nous possédons, n’appartient pas – pour ainsi dire – aux oripeaux de l’histoire, mais qu’elle est nécessaire justement aujourd’hui.




 

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