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LA PRESSE FRANÇAISE
 

Pour ce que j'en ai vu, la couverture par les medias français du voyage du Saint-Père en Bavière m'accable, me décourage, et m'ôte toute envie de faire une "revue de presse" au jour le jour, comme j'en avais l'intention. Il y a (ou aura) sans doute des exceptions (*), mais en ce qui concerne les "leaders" et ceux qui les suivent de loin, c'est-à-dire les supports d'informations destinée au grand public, presque tous se sont surpassés.
Sur Europe1, l'accent est mis sur le côté mercantile, les "marchands du temple" qui vendent petits pains, bière et saucisse à l'effigie du pape... après quoi black-out total! (pour avoir été sur les lieux à plusieurs reprises, j'affirme de façon formelle que la noire légende des "marchands du temple" ne correspond à aucune réalité, au moins dans "sa" Bavière, et a été de toutes pièces inventée par les medias)
Sur FR3, confusion volontaire avec la réintégration de cinq prêtres de la Fraternité Saint-Pie X, et "inquiétudes" de Michel Kubler, le directeur de "la Croix" (!!!).
Sur RTL, on présente la visite comme devant se dérouler dans l'indifférence générale. Dans "le Monde", il est question de la désaffection généralisée pour la religion catholique constatée en Allemagne.
Partout, on répète les même banalités, insistant sur le caractère privé de la visite (ce qui est évidemment complètement faux) accolant systématiquement, sans peur de se contredire, au mot Bavière l'adjectif "très catholique", de même que libéralisme est flanqué de "ultra" et, en des temps pas si anciens, anticommunisme de "primaire".
La palme de la méchanceté et de la bêtise revient à "Libération" (c'est presque un pléonasme) qui ne craint pas de resortir l'affaire éculée du "passé" de Joseph Ratzinger, en reprenant la récente polémique suscitée par les révélations de Günter Grass sur son passage dans les Waffen SS.(*)
Mais "Le Monde" sous la plume de l'inénarrable Henri Tincq, quoique de façon plus sournoise, lui apporte sa caution en osant commencer son article par ces mots franchement inimaginables: "Les souvenirs, comme autant de vieux démons - la guerre, son passage aux Jeunesses hitlériennes, ses années chahutées d'enseignement -, accompagneront le pape, de Munich à Ratisbonne sur les routes de sa Bavière natale, du samedi 9 au jeudi 14 septembre.".


Rien sur l'essentiel

Du message spirituel passionné du Saint-Père, pas un mot, ou presque! Pratiquement rien sur sa demande de nous "ouvrir à Dieu", son appel pressant à une réévangélisation de l'Europe, à ne pas dissocier la bonne nouvelle de l'Evangile et l'engagement humanitaire, à ne pas confondre foi et activisme.
Que de lieux communs!! Quelle bassesse! Quelle misérable volonté de détourner l'information au profit d'un discours pré-formaté, qui se nourrit d'anecdotes insipides ou calomnieuses!
Ce n'est peut-être pas surprenant, d'ailleurs. Un proche m'a dit à ce sujet "ces gens ne supportent pas ce qui est propre et beau"; peut-être parce qu'il leur renvoie en négatif leur propre image, qui, elle, n'est ni propre ni belle...
Comment pourraient-ils comprendre son message, qu'ils se hâtent de commenter superficiellement pour éventuellement noircir du papier, alors que ce message est le fruit de la réflexion théologique de toute une vie, d'une "immersion totale dans la dimension religieuse"? Ce sont des univers trop éloignés.
Tout cela serait finalement sans intérêt et même dérisoire si ces vilennies ne venaient occulter, brouiller et déformer le message que le Saint-Père aurait tellement à coeur de faire passer auprès des masses européennes.

Je laisse la conclusion à Patrice de Plukett, qui écrit dans son blog, dans un article intitulé "La grande homélie de Munich - le Pape nous confronte à notre brouillage mental":
"[on peut] noter, sans surprise, que la liberté du ton ratzingérien n’a aucun rapport avec les pauvretés des chroniqueurs parisiens écrivant, ces jours derniers, que le voyage bavarois du pape allait rallumer le « problème » de l’attitude des Ratzinger sous l'hitlérisme ! Ce « problème » ne se rallume pas, parce qu'il n'existe pas: les historiens l’ont dissipé depuis longtemps. "


 

(*) Cet article dans LA CROIX du 11 septembre, qui résume l'homélie de la messe d'hier à Munich, est certainement l'un des plus présentables: je trouve l'analyse d'Isabelle de Gaulmyn à peu près juste, bien qu'elle insiste un peu trop sur la sévérité de la critique du Pape envers l'Eglise d'Allemagne (sévérité = discorde?).
Et souligne un fait qui n'apparaît pas de façon évidente dans le direct télévisé: le prétendu manque d'enthousiasme de la foule, les munichois ayant en grande majorité, soi-disant ignoré "poliment" l'évènement.
lacroix.com-benoitxvi-priorite-a-levangelisation.pdf [55 KB]


 

(*) Au moment où la presse avait ébruité les "révélations" de Gunter Grass sur son passé "nazi", j'avais eu, comment dire, un mauvais pressentiment sur la fâcheuse et troublante coïncidence de dates. Etait-il donc si urgent à un vieil homme de "libérer sa conscience", si tant est qu'il en ait ressenti le besoin, à un mois de la visite -en tout point exceptionnelle- du Pape en Bavière. J'ai suffisamment de connaissances en probabilités pour savoir qu'une telle coïncidence de date n'a "aucune chance" de se produire. Je n'y crois pas.
Il pouvait d'autant moins l'ignorer, cette coïncidence, qu'il l'a lui-même évoquée. Voici ce qu'en dit Libération (je me refuse à qualifier ce "journal), ce papier signé Odile BENYAHIA-KOUIDER paru dans l'édition du 11 septembre est un aveu:


 

Les révélations du prix Nobel de littérature Günter Grass sur son passé dans la Waffen SS ont bien failli gâcher la visite du pape Benoît XVI dans sa Bavière natale.
Accueilli par des «Panzer Kardinal» lors de son élection, en avril 2005, le cardinal Joseph Ratzinger pensait en avoir terminé avec le IIIe Reich. Mais, dans sa biographie coup de tonnerre, Beim Häuten der Zwiebel («en épluchant les oignons»), Günter Grass raconte avoir rencontré dans le camp militaire américain de Bad Aibling (Bavière), où il séjourna au milieu de 100 000 autres prisonniers, un certain Joseph, féru de citations latines et très croyant.
...

[La fin de l'article ne me paraît même pas digne d'être citée].


 

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