Cela fait plusieurs jours que mon attention est attirée, sur LCI, par une publicité pour un album cd intitulé "Hommage à Georges Brassens", avec ce sous-titre "Putain de toi" qui me laisse déjà craindre le pire: j'ai eu la curiosité d'aller chercher sur Internet la description dudit album. J'y trouve les noms de Benabar, Zebda, Noir Désir, Arthur H, Alexandra Bruni....Que du beau linge, plébiscité par Télérama et les Inrock. Il ne manque que Renaud.
Les autres, je ne les connais pas, mais rien que ces noms-là me font penser à une récupération gauchisante.
Je n'aime pas.
Personne n'a le droit de s'approprier la mémoire d'un homme mort depuis un quart de siècle. Le monde a changé, depuis, la vague rose mitterandienne n'avait pas encore eu le temps de déferler sur la France, c'était "avant le sida, avant Al Quaïda", comme on dit maintenant... et ce n'est pas sûr du tout qu'il aurait été de "leur" bord. Plusieurs chansons qu'il a écrites laissent même supposer le contraire, comme la magnifique "Mourir pour des idées", d'une surprenante actualité
( http://www.paroles.net/chansons/18810.htm ). On dirait qu'il s'adresse précisément à eux, lorsqu'il dit:
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Mourir pour des idées, l'idée est excellente
Moi j'ai failli mourir de ne l'avoir pas eu
Car tous ceux qui l'avaient, multitude accablante
En hurlant à la mort me sont tombés dessus
...
Mourir pour des idées, c'est le cas de le dire
C'est leur raison de vivre, ils ne s'en privent pas
Dans presque tous les camps on en voit qui supplantent
Bientôt Mathusalem dans la longévité
...
Jugeant qu'il n'y a pas péril en la demeure
Allons vers l'autre monde en flânant en chemin
Car, à forcer l'allure, il arrive qu'on meure
Pour des idées n'ayant plus cours le lendemain
...
O vous, les boutefeux, ô vous les bons apôtres
Mourez donc les premiers, nous vous cédons le pas
Mais de grâce, morbleu! laissez vivre les autres!
La vie est à peu près leur seul luxe ici bas
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Justement, parmi les chansons où il se démarque nettement de l'anti-cléricalisme militant, il y a celle-là, qui va peut-être redevenir ces jours-ci elle aussi furieusement d'actualité; elle s'intitule "Tempête dans un bénitier"; sur un ton qui est paillard sans être vulgaire, il s'en prend au Concile Vatican II tel qu'il a été récupéré par les "cathos progressistes", et regrette l'abandon de la messe en latin. ( http://www.paroles.net/chansons/22434.htm)

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A la fête liturgique
Plus de grand's pompes, soudain
Sans le latin, sans le latin
Plus de mystère magique
Le rite qui nous envoûte
S'avère alors anodin
Sans le latin, sans le latin
Et les fidèl's s'en foutent
....
En renonçant à l'occulte
Faudra qu'ils fassent tintin
Sans le latin, sans le latin
Pour le denier du culte
....
Ces oiseaux sont des enragés
Ces corbeaux qui scient, rognent, tranchent
La saine et bonne vieille branche
De la croix où ils sont perchés
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On peut ne pas aimer la verdeur du ton, mais il faut avouer que c'est fort, et que Zebda, Benabar et consorts, dans leur prétendu "hommage à Georges Brassens", se sont bien gardés de chanter cette chanson-là.
Et puisque j'y suis, je vais aussi parler d'un petit bijou (selon moi) qu'aucun de ces "artistes engagés" mais sans voix n'aurait pu ou voulu chanter: il s'agit de "La petite marguerite", qui pointe avec délicatesse et poésie le sujet de la chasteté des prêtres, et dont on trouvera les paroles ici: http://fr.lyrics-copy.com/georges-brassens/la-marguerite.htm

Cette fois, il ne s'agit pas de récupération (il n'a rien pour susciter l'intérêt de ces flamboyants intellectuels) mais Sylvie, une amie a récemment attiré mon attention sur une chanson de Sege Lama, datant de 1986, que je ne connaissais pas, et qu'il me plaît de citer ici.
Elle s'intitule "Je vous salue Marie", tout simplement, et, pour une fois, ce n'est pas un blasphème! Pourrait-il encore la chanter (aurait-il même le courage de l'écrire encore) aujourd'hui?
Paroles en entier ici: http://www.paroles.net/chansons/17015.htm
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Je crois en Dieu Hélas plus du tout en ses prêtres
Il s’est glissé chez eux des Judas et des traîtres
Un vent d’Est a soufflé, glacial, qui dénature
Leurs sermons inspirés par la nomenclature
Et s’ils lèvent encore leurs mains jointes au ciel
Le CAPITAL de Marx est leur nouveau missel !
...
Je vous salue Marie
Pleine de grâce
Que Votre Nom soit sanctifié
Je vous salue Marie
Oui mais de grâce
De vos prêtres il faut vous méfier !
...
Je vous salue Marie
Pleine de grâce
Que Votre Nom soit sanctifié
Vos prêcheurs d’aujourd’hui
Font fin de race
Tous leurs gestes sont momifiés
...
Debout, debout les mots les jolis mots antiques
Et les incantations, et les chœurs des cantiques
...
Je Vous salue Marie
Pleine de grâce
Que Votre Nom soit sanctifié
L’Evangile est soumis
A ceux d’en face
Votre fils est recrucifié.
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En en relisant les paroles, j'en viens à me demander si Serge Lama n'a pas signé sa "mort artistique" par un texte aussi engagé (y en a t'il eu d'autres?)... dans le mauvais sens. Car il faut bien admettre qu'il fut une grande vedette de la scène française des années 70, et qu'il a ensuite presque complètement disparu, de façon inexplicable. Sinon qu'il a été remplacé par cette génération de chanteurs engagés, eux aussi, on jugera dans quel sens.

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