C'était le titre d' un très réjouissant pamphlet écrit par Stéphane Hoffmann (1995, éditions du Rocher), à la suite de ce qu'il est convenu d'appeler "l'affaire Gaillot".
On se souvient qu'à cette époque, au milieu de la clameur médiatique, Jacques Gaillot avait été relevé par Jean-Paul II de sa charge d'évêque d'Evreux, et transféré "au siège titulaire épiscopal de Parthenia" selon le décret paru dans l'Osservatore Romano à l'époque.

Alertée aujourd'hui par un message posté sur le forum catholique, j'ai donc visité son site internet partenia.org:

Je ne sais pas vraiment s'il mérite la visite.
On oscille entre stupéfaction, fou-rire involontaire (tellement c'est ridicule), consternation et dégoût: il y a une rubrique intitulée "Carnet de routes", dont les trois derniers articles s'intitulent respectivement "Fête de l''Humanité" ("J'aime ce rassemblement annuel organisé par le parti communiste français près de Paris. On y vient de toute la France. Il y a foule. J'ai plaisir à faire des rencontres inattendues, à me laisser inviter à prendre un café, un verre ou un repas..."), "Familles en lutte" (à propos du gymnase de Cachan) et "Aéroport de Roissy" (sur les expulsions de Maliens).
Quant à la rubrique Actualités, qui a fait l'objet de l'attention du FC, elle s'enrichit (si l'on peut dire) d'un article intitulé en toute modestie "Trois questions …à Jacques Gaillot" -comme quoi on n'est jamais si bien servi que par soi-même! Pas mal! Je vais y penser, pour mon site personnel.

En voici un extrait:
------------------------------------
Q: Que pensez-vous de la polémique autour des phrases prononcées par Benoît XVI à Ratisbonne ?

R: Le pape a semé la colère dans le monde musulman. Il récolte la tempête. Je trouve ses propos malheureux et maladroits. Ils sont ressentis comme une attaque de l'Islam.
Un peu partout sur la planète, le monde musulman se sent humilié, harcelé, assiégé. Les plaies sont à vif. D'où son extrême sensibilité dés qu'il perçoit une critique publique de l'Islam. Une critique venant de l'occident. On l'a déjà vu dans l'affaire des caricatures de Mahomet.
Dans la citation que le pape a donné de l'empereur, un de mes amis a l'idée de remplacer Mahomet par Jésus. Ce qui donnerait : " Montre-moi ce que Jésus a apporté de nouveau, tu ne trouveras que des choses mauvaises et inhumaines, comme de défendre par l'épée la foi qu'il prêchait."
Les chrétiens ne se sentiraient-ils pas offensés ?

Q: Même sil s'agissait de " citations ", est-il, selon vous, à propos pour le pape de parler de la " violence de l'Islam " ?

R: Je ne le pense pas. Evitons de parler de la religion des autres quand ils ne sont pas là. L'Eglise catholique n'a pas de leçon à donner à l'Islam. Elle a elle-même un lourd contentieux avec la violence.

On se demande ce qu'attend ce méchant bonhomme pour se défroquer et prendre sa carte du parti communiste!! Ou (et?) éventuellement se convertir à l'Islam.

Evidemment, on n'espère rien de mieux de cet imposteur.
Mais quand on pense qu'à chaque fois qu'un grand évènement secoue l'Eglise, c'est lui et son acolyte de Golias, Christian Terras que l'on invite sur tous les plateaux télé pour exprimer un avis prétendument "de l'intérieur" sur l'institution, il y a de quoi s'indigner!

(cela date de plus de dix ans, mais c'est resté totalement d'actualité... à ceci près que la baudruche s'est dégonflée, mais d'autres sont tout prêts à assurer la relève. Ces jugements s'appliquent d'ailleurs parfaitement à d'autres tartufes, pas forcément mitrés mais se prétendant chrétiens, qui sévissent aujourd'hui dans les medias)

-----------------------------------
Car l'action de Gaillot est bien dans le siècle. Le siècle, qui l'intéresse plus que le Ciel, ce qui en fait un homme politique plus qu'un religieux. Voilà aussi où il n'est pas à sa place. II se met à notre niveau quand nous attendons de lui qu'il nous élève. Il ne nous enseigne pas la dure voie du Salut, mais il ne nous dit-pas non plus comment nous débrouiller ici-bas. Nous attendons qu'il nous parle de l'Amour, il nous parle de préservatifs.
-----------------------------------
Maintenant, de deux choses l'une. Ou bien Jacques Gaillot tirait sa force de l'institution, et il ne devait pas, sous peine de suicide, la combattre ; ou bien il la tire de lui-même, et son transfert à Parthénia, le libérant des tâches administratives qu'il avait à Évreux, est une force supplémentaire que l'institution lui donne. « SDF », a-t-on dit, « Sans Diocèse Fixe ». La fixité, n'est-ce pas le contraire de la liberté ? Voici Jacques Gaillot rendu à la liberté. « Il y a beaucoup de demeures dans la maison de mon Père. » Le diocèse de Parthénia, c'est le monde. Alors, Excellence, agissez ! Allez-y ! L'occasion vous est aujourd'hui donnée de prendre votre envol et de montrer si vous avez de l'envergure.
C'est maintenant que nous allons voir si vous existez vraiment, ou si vous n'êtes qu'une baudruche gonflée par les vents de la « modernité ».
-----------------------------------
Car Gaillot n'est rien d'autre qu'un démagogue suivant la foule au lieu de lui montrer le chemin. On le comprend : suivre est plus facile que précéder, « être à l'écoute » est plus confortable que convaincre. Et, à trouver des excuses à tout le monde on gagne, sans trop se fatiguer, une réputation de belle âme et, plus curieusement, de rebelle.
À propos, il vous dérange, vous, Gaillot ? Moi, il m'arrangerait plutôt. Il me dit que rien n'est ma faute, que mes errements et mes échecs ne sont imputables qu'à une société de puissants qui ne me comprend pas. Il ne me dit pas « Aide-toi, le ciel t'aidera », il ne me botte pas le cul pour me faire marcher droit, mais il m'écoute et me flatte, et je lui trouve bien du talent.
-----------------------------------
Jacques Gaillot est un faux audacieux, qui se range du côté des médias, c'est-à-dire des puissants, et ne dit que les mots qui arrangent. Contrairement à la vérité couramment admise, c'est le pape qui est faible et seul, parce qu'il dit les mots qui dérangent, et on ne parle jamais autant de lui que lorsqu'il glisse sur une savonnette dans sa salle de bains.
-----------------------------------
Il est tout de même étonnant que Gaillot passe pour révolutionnaire alors que personne n'est plus consensuel ni « politically correct » que lui, dont les prises de position ne sont ni dangereuses, ni même intéressantes. Sous prétexte de s'attaquer à la modernité, il tombe dans tous les panneaux et suit la mode. C'est l'Église-Audimat. Aujourd'hui, il tague sur les plateaux de télévision. Il y a vingt ans, il se serait installé au Larzac. Il y a trente ans, il aurait dansé le twist au Golf Drouot et, il y a quarante ans, le be-bop dans les caves de Saint-Germain-desPrés, où « le bleu de son regard bordé de longs cils » eût fait merveille. Ce qu'on peut tout de même lui reprocher, c'est d'avoir joué le jeu du vulgaire et caressé dans le sens du poil une époque qui, jamais, n'a eu tant besoin de Dieu. Mais peut-être Dieu s'est-Il lui même lassé. « Il y a des heures, a pu dire Martin Luther, où Dieu se lasse de la partie et jette les cartes sur la table. »

> Haut de page