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"L'AVVENIRE" ANALYSE LA CRISE
 

Rappelons qu'il s'agit du quotidien publié par la Conférence des évêques italiens, un journal qui n'a pas d'équivalent en France, et qui paraît avoir une audience importante. Les deux articles s'interrogent finalement sur la manipulation médiatique et le rôle de la presse internationale, cette troublante symétrie entre la réaction de l'islamisme radical et celle des grands prêtres du politiquement correct.


Relire "la splendide leçon"

Texte intégral en italien
Ma traduction (partielle)
Un vrai dialogue, et pas seulement des intimidations
Marco Tarquinio, 19 septembre

Il pouvait paraître prévisible que les évêques italiens aient exprimé solennellement "leur totale proximité et solidarité" à Benoît XVI. Et il est naturel que ce soit le président de la CEI a se faire le porte-parole, avec gratitude et admiration, de la pensée et du sentiment de l'Eglise italienne pour le Saint-Père, au moment où, "contre sa personne et son ministère", de la part de trop de secteurs du monde islamique, sont orchestrés des "actes 'intimidation" et "d'inqualifiables menaces".
Mais même ce qui apparaît prévisible, et qui est parfaitement naturel, mérite d'être souligné, en ces jours de stupéfiante mobilisation contre la vérité, durant lesquels nous avons assisté à des tentatives systématiques pour amputer et décapiter le sens de l'extraordinaire lectio magistralis sur la foi et la raison, dispensée par papa ratzinger à l'Université de Ratisbonne. Une réflexion "splendide", d'une puissance et d'une profondeur impressionnantes sur le christianisme, Logos et dia-logos, s'adressant à l'intelligence et à la mémoire culturelle et identitaire de l'Europe et de l'Occident tout entier, mais qu'on a tout fait - à partir d'une citation médiévale, pour la transformer en une offense contre les musulmans. Une authentique dévastation de son sens.
Qui n'est nullement le fruit du hasard, mais la conséquence d'incroyables distorsions dans des chroniques bâclées, sur lesquelles personne n'a encore trouvé le temps de réléchir comme il se doit - qui ont fourni des arguments à ceux qui n'attendaient que cela pour propager une nouvelle vague de haine fondamentaliste. A laquelle le Pape en personne, et ses collaborateurs, à commencer par le secrétaire d'état, on opposé l'humilité désarmante de l'authentique message de Benoît XVI.
Dans ces conditions, c'était la seule réponse possible à une âpre et injustifiable campagne de désinformation, qui a montré au moins deux faces..
La première, tumultueuse et dramatique, domine comme nous le savons dans les terres où la religion dominante est l'islam. La seconde souvent sarcastique mais aussi méprisante, prend au contraire forme dans certains silences ambigus qui se sont manifestés dans certaines chancelleries occidentales, et aussi dans trop d'interprétations partielles et malveillantes du discours de Ratisbonne parues dans la presse, en particulier dans quelques journaux italiens. ...


Beaucoup de bavardages et trop de silences...

Texte original en italien
Il revient au pape de défendre les fondements de la civilisation
Marina Corradi, l'Avvenire
(19 septembre 2006)
Ils brûlent les effigies du pape dans les rues de Bassora, en Iran, l’ayatollah Khamenei définit le discours de Regensburg comme étant le "dernier maillon d'une chaîne" dans le cadre d'une "croisade américano-sioniste" contre les musulmans.
...
Comme dans un authentique dialogue de sourds, les voix les plus extrêmes de l'islamisme s'élèvent jusqu'à évoquer la guerre sainte contre les infidèles, dans un de ces délires collectifs qui pourraient paraître incroyable si l'histoire des hommes n'avait pas donné dans le passé la preuve qu'ils étaient capables d'adhérer à la folie la plus aveugle.

Il paraît même que la tentative de dissiper l'incompréhension de Ratisbonne et la volonté de clarification ait été interprétée par l'islam radical comme un signe de faiblesse, une façon de baisser la tête de la part de l'adversaire sur lequel il convient de s'acharner jusqu'à reddition complète. Ce qui induit à douter de l'intention d'un certain islam de dialoguer réellement, et laisse au contraire penser que, à Bassora comme à Téhéran, d'aucuns n'ont trouvé dans les propos du pape qu'un prétexte pour faire éclater une haine qui couvait depuis longtemps.
Quoiqu'il en soit, en Occident, dans les réactions des quotidiens internationaux, on découvre un malentendu pratiquement symétriques de l'équivoque entretenu par les ayatollah.
Le New York Times, après avoir écrit "Le pape a insulté l'Islam" titrait hier sur "les excuses inhabituelles", de même que le Los Angeles Times, et l'Indépendant anglais.
Des excuses? Cette expression n'apparaît pas dans le texte du Cardinal Bertone, ni dans les paroles de l'Angelus. Une choses est d'éclaicir un raisonnement, et de regretter d'avoir été incompris, une autre est de présenter ses excuses, surtout à ceux qui se sont trompés. Etrange symétrie dans le malentendu: pour l'Islam radical, le Pape les a offensés, pour la presse libérale, il a donc, de façon cohérente, présenté ses excuses.

Mais qui lit la leçon de Ratisbonne, centrée sur le rapport nécessaire entre foi et raison -ce rapport qui est le fondement, le pilier de la culture occidentale- ne peut qu'éprouver devant ces réactions, une profonde inquiétude. Pas seulement pour la réaction islamique, mais pour celle d'un certain Occident, qui, pour être plus subtile, n'en est pas moins plus intimement préoccupante. Comme si les les intellectuels les plus autorisés, les grands prêtres du politiquement correct et du relativisme militant s'obstinaient à ne pas voir ce que représente vraiment cet embrasement et ces effigies brûlées.
...
Avec ces paroles prononcées dans une salle de théologie, dans la vieille Europe, un Pape s'est retrouvé seul à défendre tout l'Occident, sa liberté de pensée, les droits de l'homme que ce même occident est arrivé péniblement à imposer après des siècles d'histoire.
...


 

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