Vous vous trouvez ici: Medias Octobre 2006  
 MEDIAS
Eté 2006
Septembre 2006
Octobre 2006
Novembre 2006
Décembre 2006

L'AUTRE EFFET BENOÎT XVI

Jusqu'où ira Benoît XVI?

Le mensuel "Le choc du mois" (disponible en kiosque, mais seulement pour les initiés, si on ne sait pas qu'il existe, on ne peut pas le trouver) publie ce mois-ci un numéro spécial fort intéressant intitulé "Comment peut-on être catho?". Le sous titre, sur la couverture, est "Jusqu'où ira Benoît XVI?
Il vaut largement les quelques euros auxquels il est vendu, et on ne peut qu'espérer que le dossier très riche qu'il a rassemblé est une vision de l'avenir.
Il développe en particulier l'idée que l'Eglise de France est à la croisée des chemins, face à une puissante vague de renouveau suscitée par des évènements extérieurs, mais que le pontificat de Benoît XVI pourrait bien accélérer.

Quelques extraits significatifs (sur un dossier de 40 pages, qui fait le bilan de 40 ans d'Eglise concilaire en France!)


 

Une question au Bourget il y a vingt-six ans...

L'éditorial de Jean-Marie Molitor commence par ces mots:

Le "fait religieux" est de retour en France....

et de souligner des faits significatifs, parmi lesquels

"la signature, au jour de la fête de la Nativité de la Vierge Marie, du décret érigeant l'Institut du Bon Pasteur en société de vie apostolique. Un événement qui a secoué, bien au-delà des cercles traditionalistes, toute l'Eglise de France et dont on n'a pas fini de mesurer la portée.
Puis est intervenu le "discours de Ratisbonne": pour un discours consacré à la foi et à la raison, que nul n'avait pris le temps de lire, Benoît XVI fut mis en accusation, son effigie brûlée, des excuses exigées, au motif qu'il avait cité un empereur byzantin quelque peu dubitatif sur les bienfaits de la religion du prophète".
...
"L'effervescence qui règne dans les rangs [catholiques], toutes tendances confondues, du paroissien aux plus hauts responsables de l'épiscopat, le bouillonnement intellectuel qui se manifeste, les remises en cause qui s'opèrent, les décisions qui se mûrissent et qui vont en surprendre plus d'un après tant d'années d'apathie, l'intérêt subit que leur portent les médias et qui va bien au-delà de l'habituelle description anecdotique sont des signes qui ne trompent pas d'un regain de spiritualité dans l'Eglise et chez les catholiques français. Les esprits étaient en jachère, on sent poindre le regain."

"France, fille aînée de l'Église, qu'as-tu fait des promesses de ton baptême ? , avait lancé jean Paul II dans son homélie du Bourget lors de sa première visite en France, en 1980. Un cri qui n'avait eu pour écho qu'un pesant silence et auquel, plus d'un quart de siècle plus tard, sous l'impulsion de son successeur, Benoît XVI, les catholiques français semblent s'être décidés à répondre."


L'effet libérateur de l'élection de Benoît XVI

...quelque chose est en train de bouger dans l'Eglise de France.
Jean Paul II est passé par là, qui, s'il n'est pas parvenu à endiguer l'hémorragie, a médiatiquement redoré l'image de l'Eglise, évolution émotionnelle certes mais ô combien importante dans la société contemporaine où la perception de ce qui est est infiniment plus importante que l'essence.

Les adeptes de la laïcité, qui croient que celle-ci passe par une éradication de toute référence catholique dans un pays dont l'histoire, la culture, les monuments - et les esprits ! - ne peuvent se comprendre sans connaissance de l'imprégnation de la France par la religion catholique, ont aussi leur part dans l'évolution qui est en train de se produire, par réaction là encore à un comportement sectaire.
Les mahométans, aussi, par leur quantité sur la terre de France, par leurs exigences sans cesse plus nombreuses et par la virulence de leurs fondamentalistes un peu partout dans le monde, ont, à leurs corps défendant sans aucun doute, amené un certain nombre de Français à se retourner vers la foi de leurs ancêtres, premier rempart qui vient à l'esprit quand la substance même de sa civilisation - et donc sa substance propre et celle de ses enfants - paraît menacée.

Et puis, bien sûr, est arrivé Benoît XVI. Pape et philosophe. Pape et théologien. En tant que préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, le cardinal Ratzinger avait tenu bon le cap doctrinal de l'Eglise.
Elu pape, il peut agir. Réformer. Donner les impulsions. Il y a ce qu'il dit, ce qu'il fait, ce qu'il pense et ce que l'on croit qu'il pense. Ce dernier point n'est pas le moins important.
L'élection de Benoît XVI a eu un effet libérateur sur tous ceux qui, au sein de l'Eglise, attendaient un signe pour réaffirmer leur foi. Leur vérité. Partir en conquête. En reconquête plutôt de ceux qui s'étaient détournés de l'Eglise, tâche déjà immense avant de pouvoir aller conquérir d'autres âmes.
"A force de faire un catholicisme mou, on n'aura bientôt plus de catholicisme du tout ! " vient de déclarer Mgr Cattenoz, évêque d'Avignon, pour qui la principale mission qui attend les écoles catholiques... est de le redevenir, catholiques. Les séminaires commencent à être réorganisés. Les catholiques traditionalistes, hier exclus, sont aujourd'hui appelés en renfort. L'intelligentsia chrétienne tousse - hurle même parfois -, certains évêques rechignent mais beaucoup sont soulagés.
Pour les catholiques français, la reconstruction sera longue. Dans leur tête et dans leur Eglise. "Comment peut-on être catho ?". Benoît XVI donne la réponse. Elle est tellement simple qu'il est étonnant que les intéressés n'y aient pas pensé plus tôt : en étant catholique.
---------------------------------

Un "effet Benoît XVI" ?
La chape de plomb du religieusement correct est-elle en train de sauter ? Un « effet Benoit XVI » serait-il en train de toucher une partie de l'épiscopat français, ou du moins de « libérer sa parole », comme disent les psys, amenant certains évêques à oser dire tout haut ce qu'ils pensaient jusqu'alors tout bas sans oser le formuler ? Ainsi peut-on interpréter les propos décapants de Mgr Cattenoz, évêque d'Avignon, prêt à réclamer la renégociation des textes qui régissent les relations entre l'enseignement libre et l'Etat, à commencer par la loi Debré de 1959, qui, ayant pour objet l'intégration des écoles catholiques dans l'enseignement public, serait « finalement arrivée à ses fins ». C'est-à-dire à la laïcisation de l'enseignement catho. De vifs débats et de grandes manifs en perspective...


Le christianisme référence spirituelle planétaire?

De manière très significative, en ce monde déculturé, c'est autour de la violence que travaille Benoît XVI. Le dernier livre du cardinal Ratzinger, Foi, Vérité, Tolérance (publié en 2002, traduit en 2005 chez Parole et Silence), est un hymne au mariage entre la foi et la raison et une déclaration de guerre à tous ceux qui instrumentalisent une religion pour justifier la violence. On se souvient de la formule choc de Benoît XVI, lors du récent discours de Ratisbonne : "Agir contre la raison est contraire à la nature de Dieu. "
Au-delà du chantier théologique, on découvre une nouvelle approche des rapports entre l'Eglise et le monde, fermant l'ère des repentances à répétition et ouvrant une époque où l'Eglise catholique décide d'entrer de plain-pied dans le dialogue des cultures.
Au lieu de battre sa coulpe, le pape fait de l'Eglise catholique le laboratoire de l'avenir religieux de l'humanité et le lieu où se vit véritablement, et la grande remise en question des Lumières, et l'adaptation nécessaire de la foi religieuse à cet essor irrésistible de la raison.
Il propose à l'islam de l'aider à opérer ce passage nécessaire, cet "enlightment" , non pas dans une perspective inter-religieuse, au sein de laquelle il s'agirait de découvrir des vérités communes, mais plutôt en poursuivant un chemin de purification. C'est le lien entre le christianisme et la raison qui fonde une légitimité religieuse universelle.

Le premier pape purement intellectuel depuis un siècle ! [depuis Léon XIII]
Les formules du pape actuel peuvent heurter par leur tranchant. En réalité, elles sont grosses, pour l'Eglise, d'un avenir qui n'est pas celui de l'auto-accusation, mais qui débouche sur une sorte de leadership spirituel mondial.
Il s'agit de transformer l'essai du pontificat de Jean Paul II en imposant le christianisme dans sa version catholique comme la référence spirituelle planétaire.



L' Abbé Guillaume de Taoüarn...

... est l'un des fondateurs de l"Institut du Bon pasrteur".
Sa création a suscité un intérêt médiatique qui n'a été éclipsé que par le discours de Ratisbonne.
Il faut donc croire que ce qui vient de se passer est important. Pour les traditionalistes mais aussi pour toute l'Eglise.
Celle-ci, sous l'impulsion du Pape serait en train de rompre avec une pratique qui, depuis 40 ans, a entraîné son déclin.

"...Nous voulons simplement servir l'Eglise et son pape Benoît XVI, parce qu'il nous semble qu'il existe, entre le combat traditionaliste et la stratégie à la fois prudente et musclée du pape actuel, non pas un accord circonstanciel et intéressé, mais un accord fondamental."
...
"Au milieu de cette belle unanimité conciliaire, il s'est trouvé un Benoît XVI pour poser la question qui fâche : pourquoi l'accueil du concile dans de grandes parties de l'Eglise s'est-il jusqu'à présent déroulé de manière si difficile ? C'était tout le sens de son discours du 22 décembre à la Curie romaine. Les réponses à cette question font peur à ceux qui ne veulent rien changer. Benoît XVI vient de donner quelques éléments de réponses et la liberté de les exposer dans l'Eglise. Le pape a compris que l'Eglise ne peut plus faire l'économie de ce débat. C'est une avancée fondamentale".

[Q: Quels sont, selon vous, les objectifs poursuivis par Benoît XVI?]

"Ce qui est clair dans toute la prédication de Benoît XVI depuis le 19 avril 2005, date de son élection, c'est qu'il a pris acte des grandes difficultés auxquelles se trouvent confrontés ceux qui veulent transmettre la foi. Cette transmission correcte tient souvent de la gageure ! Benoît XVI en Bavière a parlé d'un monde "sourd à Dieu"...."

...Benoît XVI nous a définitivement sortis du faux optimisme des croyants de Vatican II, qui imaginaient qu'il suffirait de faire repentance pour que les églises se remplissent de nouveau ! La volonté du pape, c'est que tous les ouvriers de la vigne du Seigneur retroussent leurs manches et de préférence sans perdre leur force à se disputer entre eux !

[Q: A-t-on définitivement tourné la page?]

On ne pourra vraiment y répondre qu'avec le recul du temps. Ce qui apparaît clairement, c'est la volonté de Benoît XVI de rompre avec les illusions du XXe siècle. Réussira-t-il à entraîner le troupeau ou bien les habitudes mentales et les pesanteurs administratives auront-elles raison de sa claire volonté de réforme?
Il apparaît évident que Benoît XVI, pape de transition vers le XXIe siècle, lutte avec toute l'intelligence qu'on lui connaît contre ce qu'il a nommé à Ratisbonne , la désbellénisation du christianisme, c'està-dire contre le schisme entre le christianisme et sa Tradition. Il en va en effet de la survie de l'Eglise !
Au cours de son histoire, elle a démontré que ni la nouveauté des temps ni la superficialité des hommes ne l'avaient vraiment prise au dépourvu. Je pense donc que cette réforme salutaire voulue par le pape suivra son cours envers et contre tout.


 

> Haut de page