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INTERVIEW DE MGR TARCISIO BERTONE
 

Interview du nouveau secrétaire d'Etat, le cardinal Tarcisio Bertone (15 septembre 2006)

Après avoir évoqué son appréhension devant la lourde tâche que lui a confiée le Saint-Père, et rappelé brièvement son parcours, les années passées à la CDF aux côtés du préfet Joseph Ratzinger, avant de connaître une expérience pastorale comme évêque de Gênes, le Cardinal Bertone en vient à des remarques plus personnelles sur sa relation avec le Pape. C'est le témoignage de quelqu'un qui le connaît très bien, pour l'avoir côtoyé journellement et avoir travaillé avec lui pendant des années.


 
 

C'est encore une réponse, il me semble, aux "vaticanistes" qui prétendent que ce pontife "secret" et intraverti, n'a "pas d'amis". Si Tarcisio Bertone n'est pas un ami, au sens le plus profond de ce terme, qui peut se vanter d'avoir effectivement des amis???
Ou alors, il faudrait peut-être dire que Joseph Ratzinger n'a pas d'amis, mais des disciples qui l'aiment.

Voir notice (en italien) sur Wikipedia

Texte complet en italien sur le site de L'Avvenire


 

Fidélité au pape

"La fidélité est le plus beau don que nous puissions offrir au Pape"
Francesco Ognibene (L'Avvenire)

Dans la période avec Ratzinger à la Congrégation dont il était le préfet, et vous le secrétaire, il s'est créé un rapport solide. Le fréquentant quotidiennement, qu'avez-vous découvert et apprécié chez lui?



 
 

"J'ai appris à connaître Ratzinger comme une personne extraordinaire, très affable, délicate de coeur et de sentiments, attentive aussi aux problèmes personnels de ses collaborateurs, un homme capable d'écoute, comme peu de personnes le sont. Il était naturel que la collaboration avec un supérieur de cette stature (hauteur) se transforme en familiarité, suscitant une entente spontanée, et une fidélité à toute épreuve. On ne peut qu'être fidèle, à un tel homme. De ces années est née une syntonie absolue entre le préfet et son secrétaire, que Jean-Paul II appréciait beaucoup.
Notre fréquentation remonte à l'époque où j'étais un collaborateur extérieur à la Congrégation, puis quand je fus nommé consultant précisément sur proposition de Ratzinger, et elle s'est renforcée grâce au fait que nous habitions dans le même immeuble proche du Vatican, un choix adopté sur son conseil".
...
Qui vous a connu durant ces années où vous étiez secrétaire de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi ne pouvait qu'être frappé par l'enthousiasme avec lequel vous parliez de votre supérieur. Sur quoi se basait votre rapport quotidien?

"Chaque intervention de Ratzinger, écrite ou improvisée (a braccio), a toujours été d'une exceptionnelle richesse théologique, avec une imparable capacité d'analyse des thèmes, puis de synthèse entre les différents points de vue, et enfin de proposition d'une solution adaptée à la situation.
C'est sans aucun doute un homme extraordinaire, qui donne sa confiance à ses collaborateurs sans regarder ni l'âge, ni le rang. Dans les réunions du Vendredi, auxquelles participaient égalment les fonctionnaires de la Congrégation, il écoutait toutes les interventions, demandait des propositions pour résoudre les questions qui se posaient, et il n'était pas rare qu'il reccueillît la suggestion expresse des plus jeunes collaborateurs".

Et pourtant, sur le plan du caractère, il y a une différence de tempérament entre vous et le Saint-Père. Travaillant côte à côte avec lui, comment avez-vous concilié et intégré votre style personnel?

"Papa Benedetto a un caractère doux, posé, joyeux, tandis que je suis anxieux, impulsif, extraverti..."

Un homme de communication, comme certains l'ont fait observer...

"Je voudrais souligner que le Pape a une capacité de communication très profonde, il est capable par exemple de toucher les jeunes, qui ne viennent pas par hasard rechercher ses discours, qu'ils lisent, et qui sont enthousiasmés par ce pape. Certes, il est arrivé aussi que le Saint-Père ait apprécié certaines de mes interventions publiques véhémentes, par exemple sur le Da Vinci Code: parfois, quans on se tait, on passe pour être d'accord, ou bien on finit par faire croire que tout est indifférent".

Benoît XVI semble vraiment vouloir modeler une Eglise toujours plus collégiale, en soulignant le rôle du synode et avec l'intention de convoquer chaque année un consistoire des cardinaux. Comment pensez-vous l'y aidrer?

"Avant tout, je voudrais rappeler comment la volonté expresse de Benoît XVI d'écouter et de recevoir tous les évêques du monde s'est déjà traduite de manière précise dans une pratique de la CDF. Soit le préfet, soit le secrétaire, recevait en personne les évêques venus à Rome en visite ad limina pour exposer leurs questions, défis et perspectives. Pour cette aide, il y avait une grande gratitude de la part des évêques qui se rendaient à Rome. C'est une manière d'agir qui m'a beaucoup appris. ...
C'est un véritable échange de dons entre les églises du monde".

Pour rester dans ce thème de la collégialité, pensez-vous que, dans sa façon de gouverner l'Eglise, le Pape ait en tête les estimations des cardinaux, échangées dans les Congrégations qui ont précédé le Conclave?

"Le Pape a une mémoire extraordinaire, même pour les plus petits détails, les interventions, les idées, les personnes. Les Congrégations pléniaires des Cardinaux sont des occasions formidables pour analyser la situation mondiale, à l'intérieur comme à l'extérieur de l'Eglise. Je retiens qu'aucune autre instance internationale ne sait exrimer une capacité de connaissance aussi profonde, cojuguée à une telle franchise entre les participants. Le désir du Pape de réunir périodiquement des consistoires traduit son estime pour cette institution, et la valeur qu'elle a à ses yeux".

Eminence, quelle est votre prière la plus fréquente, en ce moment?

"...Depuis que j'ai reçu l'annonce de la part du Saint-Père de ma nomination comme secrétaire d'état, j'ai commencé à prier tous les matins non seulement pour le Pape, mais aussi pour tous ses collaborateurs présents et futurs afin que nous lui soyions fidèles. Il me semble que la fidélité au Pape soit le don le plus grand que tous ceux qui collaborent avec lui, de près ou de loin, puissent offrir à l'Eglise".


 

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